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Interview - Jeffrén : "Le Messi actuel est encore meilleur que celui que j’ai connu"

Antoine Donnarieix

Mis à jour 27/02/2019 à 16:49 GMT+1

Libéré cet hiver par le Grasshopper Zürich, Jeffrén Suárez affronte un nouveau défi dans le championnat chypriote, à l’AEK Larnaca, loin des grandes affiches européennes. Il y a neuf ans, ce même joueur était un acteur majeur de la "manita" infligée par le Barça au Real Madrid (5-0). À l’heure où deux Clásicos vont se jouer en quatre jours, il était temps d’aller prendre de ses nouvelles.

Messi

Crédit: Getty Images

Jeffrén, que devenez-vous aujourd’hui ?
Je suis arrivé au mercato d’hiver dans le championnat chypriote, ici à Larnaca. Cette saison, le club est passé par les poules de la Ligue Europa (avec le Bayer Leverkusen, le FC Zürich et Ludogorets, ndlr). Cette année, nous sommes pour l’instant quatrièmes (du championnat) mais l’idée est de terminer à la plus haute place possible. Je m’éclate bien ici, l’un de mes meilleurs amis dans ce club est français : Florian Taulemesse !
Peut-être avez-vous pu regarder le match du Barça contre Séville ce week-end… Qu’avez-vous pensé du match ?
Oui, je l’ai vu. Au départ, tu as l’impression que le Barça souffre car le FC Séville fait un très gros match sur le plan collectif et cela semblait impossible de remporter le match. Mais ensuite, l’homme providentiel est arrivé pour décider de l’issue de la rencontre… Avec Leo (Messi), c’est toujours la même chose (rires) ! Quand le meilleur joueur du monde apparaît, le match devient facile… Honnêtement, cela ne me surprend pas, je suis habitué par ses performances. Il fait ce qu’il a à faire, et c’est toujours comme ça. Messi est parvenu à banaliser l’exceptionnel.
Avez-vous également regardé le match du Real Madrid à Levante ? Il y a eu quelques polémiques liées au VAR…
Non, celui-là je n’ai pas pu le voir car il était déjà tard ici. J’ai pris l’habitude de me coucher assez tôt... Mais oui, j’ai entendu le résultat le lendemain, des coéquipiers m’ont expliqué les faits de jeu... C’est difficile de me faire une idée là-dessus, car je n’ai pas encore vu les actions en question.
Le premier triplé de Messi datait du 10 mars 2007, c’était déjà contre le Real (3-3). Comment expliquez-vous que douze ans plus tard, Messi soit encore capable de réaliser des performances aussi élevées ?
Je crois qu’avant tout, Leo aime ce qu’il fait. Il adore jouer au football depuis tout petit, et son expérience est plus grande désormais. Il connaît mieux le terrain, ses coéquipiers et sa propre vision du jeu s’est améliorée. En termes de caractéristiques, le Messi de 2007 n’a rien à voir avec celui de 2019 : il n’est plus aussi individualiste qu’à ses débuts. Le Messi actuel est encore meilleur que celui que j’ai connu. Et je le répète : Leo aime le football, c’est très important. Autre chose importante : Messi fait attention à son alimentation quotidienne, cela lui permet d’être performant sur le long terme. Moi aussi, je suis obligé de faire attention depuis plusieurs années maintenant (rires) !
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Xavi Jeffrén Barça Barcelona Real Sociedad (Foto: AFP)

Crédit: Eurosport

Vous êtes né en 1988, soit un an après Messi. Étiez-vous proche de lui dans le vestiaire étant donné vos âges et vos positions similaires ?
La dernière année que je passe au Barça, nous étions souvent ensemble. J’étais un proche, parfois même un confident. C’était génial pour moi de connaître Leo en tant que personne, car c’est quelqu’un de très simple et jovial au quotidien. Il y avait un rapport entre lui et moi qui était très amical, et je ne l’ai jamais senti monter sur ses grands chevaux. À cette époque, Messi était un joueur important du Barça mais il n’était pas encore la star de l’équipe : il y avait les Iniesta, Xavi qui prenaient une place majeure dans le vestiaire, c’était eux les exemples à suivre. Cette équipe était spectaculaire. Mais bon, Messi était déjà Messi : quand il décidait de passer à la vitesse supérieure, hop ! (Jeffrén claque des doigts.) C’est un magicien, tout le monde le sait. Mais un magicien avec les pieds sur terre : il sait d’où il vient et il ne change pas de personnalité.
Au Barça, les gens se souviennent de vous comme de l’auteur du cinquième but de la manita infligée au Real Madrid de José Mourinho, le 29 novembre 2010 (5-0). Comment s’était passée la préparation avant ce tout premier affrontement entre les deux coaches Pep Guardiola et José Mourinho ?
Je me souviens d’une énorme rivalité avant ce match. La presse jouait un rôle là-dedans, ce n’était pas un Clásico comme les autres : la tension n’était pas uniquement présente sur le terrain, mais aussi dans tous les journaux, radios, émissions télé… Aujourd’hui, je ne pense pas que l’on atteigne une ferveur aussi forte car il n’existe plus cette opposition entre Messi et Cristiano Ronaldo. Et même, cette année-là, je crois que le Clásico était particulier car il y avait beaucoup de paramètres à prendre en compte.
Le Real était leader de Liga toujours invaincu en douze journées, dirigé par Mourinho qui avait éliminé le Barça lors des demi-finales de la C1 l’année d’avant avec l’Inter… De son côté, le Barça de Guardiola était champion d’Espagne en titre, deux points derrière son adversaire du soir. Quel était le discours de Guardiola avant d’affronter ce Real ?
C’est difficile de me souvenir de tout, mais Guardiola était un entraîneur tourné vers le positif. Son discours était régulièrement basé sur le plaisir à prendre au moment d’entrer sur le terrain, le fait de profiter pleinement du match pour exprimer à fond notre capacité collective.
La manita de 2010 ? Probablement l’un des plus beaux matchs de l’histoire du FC Barcelone
Guardiola vous avait prévenus sur les capacités de votre adversaire ou vous étiez centré uniquement sur vous-mêmes ?
Guardiola analyse toujours de quelle manière il est possible de gagner face à notre adversaire. Face au Real, il n’avait pas changé de méthode : nous avions les schémas de jeu en tête, les possibilités offensives… Ce qu’il fallait faire, c’était l’écouter et répondre à ses exigences une fois sur la pelouse. Si les choses étaient bien faites, nous étions sûrs de gagner.
Comment est-ce définiriez-vous Pep Guardiola dans sa manière d’être, sa manière d’entraîner ?
Pour l’instant, c’est sans doute l’un des meilleurs entraîneurs que j’ai pu connaître au cours de ma carrière. Ses conseils étaient toujours bons. En fait, son approche globale de l’effectif est excellente, car il va même parler avec les joueurs moins utilisés dans la saison. C’est un entraîneur psychologue qui sait parfaitement comment préparer son équipe pour la mener à la victoire. Pour l’avoir connu en équipe réserve et en équipe première, il m’a énormément apporté. Guardiola est malade de football, sa réussite actuelle est logique.
Au coup de sifflet final, aviez-vous conscience que vous veniez de participer à un match historique ?
Oui, clairement. Pour avoir vu le match depuis le banc de touche et être entré en fin de match, je peux vous dire que de la première à la dernière minute de jeu, nous avons réalisé un grand match. Ce n’était peut-être pas la perfection, mais nous en étions très proches. C’est probablement l’un des plus beaux matchs de l’histoire du FC Barcelone en termes de football.
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Barça - Real Madrid en 2010

Crédit: Getty Images

Comment avez-vous réagi à la main de Piqué tendue vers la tribune après le cinquième but ?
Sur le coup, je ne vois pas son geste, j’étais très euphorique. Entrer pour quatre minutes de jeu et parvenir à marquer dans un match pareil, cela te procure une décharge d’adrénaline énorme… Sur le plan personnel, ça me faisait du bien car je manquais de temps de jeu. On célébrait le but et la victoire, et puis après le match j’ai vu cette vidéo de la manita de Piqué. Ça m’a fait marrer !
Il va y avoir deux Clásicos au Santiago-Bernabéu en l’espace de quatre jours cette semaine. Vous avez aussi connu ces situations-là entre le Real et le Barça... Comment vit l’Espagne dans ces moments-là ?
Tout le monde a très envie de voir le match commencer, c’est excitant ! Même si l’aller s’est terminé sur un match nul, les deux équipes vont vouloir gagner à tout prix, c’est l’exigence du Clásico.
Quelle équipe voyez-vous se qualifier pour la finale de la Coupe du Roi ?
Alors là, je suis obligé de choisir ma maison (rires) ! Mais ce ne sera pas facile pour le Barça, attention. Le Real est parvenu à marquer et faire match nul à Barcelone, tout reste ouvert. Maintenant, si Leo Messi démarre la rencontre, cela pourrait changer pas mal de choses…
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