Juventus | Strip-tease, altercation et possible licenciement : Allegri, le pétage de plombs

C'est l'histoire d'une soirée qui a tourné au règlement de comptes. Exclu en fin de rencontre pour un coup de sang envers le quatrième arbitre, Massimiliano Allegri, vainqueur sa cinquième Coupe d'Italie mercredi soir avec la Juventus face à l'Atalanta (1-0), s'en est pris ensuite à Cristiano Giuntoli, son directeur sportif, et certains journalistes. Ce qui pourrait lui coûter un licenciement.

La colère de Massimiliano Allegri lors de Juve-Atalanta

Crédit: Getty Images

"Une nuit sans filtre". Voilà comment La Gazzetta dello Sport a résumé la folle soirée du technicien de la Juventus Massimiliano Allegri, mercredi soir, lors de la finale de Coupe d'Italie remportée face à l'Atalanta Bergame (1-0). Folle, elle l'a vraiment été. Mais reprenons les faits dans l'ordre. Tout commence dans le temps additionnel de la rencontre, lorsque l'entraîneur toscan perd une première fois ses nerfs.
Hors de lui, Allegri a jeté sa veste de costume (pas une première cette saison) avant de crier sa colère au quatrième arbitre de la finale. Après son exclusion, il a ironiquement applaudi la décision de l'arbitre de champ, puis approché la quatrième arbitre de façon menaçante. Presque tête contre tête. Retenu par son adjoint, encouragé par ses tifosi, applaudi par un Andrea Cambiaso hilare sur le banc, le technicien italien a fini par regagner les vestiaires, après avoir balancé de nouveau sa veste de costume, retiré sa cravate et crié en direction des tribunes : "Où est Rocchi (le responsable des arbitres, ndlr) ? Où est Rocchi ?”. Les deux ont fini par en rire après le match, comme témoigné par des caméras du diffuseur Mediaset.
Tout aurait pu s'arrêter là. Après tout, la Juve venait de remporter sa quinzième Coupe d'Italie, s'évitant une quatrième saison blanche de suite. Et Allegri sa cinquième, un record dans la compétition. Visiblement pas assez pour le faire retomber. Alors que ses joueurs continuaient de fêter leur victoire sur le terrain, l'ancien entraîneur de l'AC Milan, lui aussi présent au milieu de la pelouse, décidait d'envoyer bouler Cristiano Giuntoli, son directeur sportif, qui applaudissait tranquillement ses troupes. D'abord d'un signe de la main, en lui signifiant de partir. Puis avec les mots, en hurlant : "va-t’en ! va-t’en !". Là encore, il était retenu et calmé par certains joueurs, dont Adrien Rabiot. "Il ne s'est absolument rien passé", assurait-il au micro de Mediaset quelques minutes plus tard malgré l'évidence des images.

Une altercation avec le directeur de Tuttosport

Fin du show ? Toujours pas. Sur le chemin de la conférence de presse d'après-match, dans les travées du Stade Olympique de Rome, Allegri s'en est pris cette fois au directeur du quotidien Tuttosport, historiquement proche de la Juve, qu'il a menacé de violences physiques. Guido Vaciago raconte sur le site du quotidien : "Directeur de merde ! Écris la vérité sur ton journal, pas ce que te dit le club ! (…) Il m’a attrapé, poussé et m’a hurlé avec son doigt sous mon nez : ‘Tu sais que je sais où venir te choper. Je sais où t’attendre. Je viens et je t’arrache tes deux oreilles. Je viens et je te tape dans le nez. Écris la vérité sur ton journal.'" Quelques heures plus tard, Paolo Rodella, l'avocat de l'entraîneur, a toutefois "nié intégralement les faits" à l'ANSA, évoquant plutôt "une altercation verbale" et des "insultes réciproques". Le directeur de Tuttosport a maintenu sa version, évoquant divers témoins présents au moment des faits.
Dans la journée de jeudi, l'agence LaPresse a également annoncé que "Max" Allegri a aussi abîmé du matériel, et notamment des lumières présentes dans les vestiaires de l'Olimpico. "Avant le coup de sifflet final, et après son expulsion, il s'en est pris à une officielle, raconte l'agence de presse. Dans la confusion, il a donné un coup de pied dans les lumières présentes à l'entrée du vestiaire pour un shooting prévu pour l'agence et la Serie A, provoquant des dégâts irrémédiables." Presque gênée, la Juve a immédiatement proposé un remboursement à LaPresse.

Comment expliquer cette colère ?

Présent en conférence de presse après la finale, le technicien préférait sourire de son exclusion et son strip-tease improvisé sur le terrain. "Tu as aimé ? L'important c'est de se divertir. Si j'ai perdu le contrôle ? Non. C'est normal. Tout est normal et dans la logique d'une fin d'un match important", rétorquait-il à un journaliste qui l'interrogeait sur le sujet. Droit dans ses bottes, "Mad Max". Sauf que la Juve, elle, n'a pas aimé. Mais alors pas du tout. Selon les médias italiens, le club piémontais, qui a passé sa journée de jeudi à s'excuser auprès des personnes et instances concernées, songerait même à un licenciement immédiat. Ou plutôt anticipé, puisque son départ en fin de saison est officieusement acté. Le quotidien La Repubblica évoque la possibilité d'une faute grave, ce qui permettrait à ses dirigeants d'économiser une possible indemnité de départ, Allegri étant sous contrat jusqu'en 2025. Et quand on sait que son salaire est estimé à 8 millions d'euros par an...
Mais alors, comment expliquer ces différents coups de sang en une seule et même soirée ? Si Allegri n'est pas novice dans le jeté de veste, preuve qu'il aime aussi jouer avec les caméras et entretenir son côté acteur pour divertir les foules, la sensation est qu'il s'est laissé porter par un trop-plein d'émotions mercredi soir. Depuis plusieurs semaines, la presse italienne annonce que la Juve va le licencier en fin de saison pour le remplacer par l'actuel entraîneur de Bologne, le très convoité Thiago Motta, avec qui un accord existerait déjà. Et si elle a remporté la Coupe d'Italie pour la 15e fois et participera à la prochaine Ligue des champions, son équipe s'est effondrée depuis fin janvier en championnat, ne remportant que deux de ses quinze derniers matches et étant rétrogradée à la 4e place.
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Massimiliano Allegri avec la Coupe d'Italie

Crédit: Getty Images

De son côté, le technicien de Livourne estime avoir rempli tous les objectifs fixés par ses dirigeants en début de saison (qualification en C1, victoire d'un trophée). Sa colère avec Giuntoli après la rencontre ? Elle laisse imaginer l'ambiance en interne des derniers mois, et dérive notamment du sentiment de ne pas s'être senti protégé et soutenu par le club, bien que les critiques continuaient d'affluer à son encontre. Publiquement, l'ancien directeur sportif du Napoli, débarqué l'été dernier, l'a toujours maintenu et conforté dans ses fonctions. Officieusement, cela n'a jamais été le cas, renvoyant toute décision à la fin de saison. Pas dupe, Allegri a fini par comprendre son destin. Ce dernier s'attendait tout simplement à un traitement différent, surtout après avoir été érigé comme référence du secteur sportif après les turbulences dans les hautes sphères du club entre fin 2022 et début 2023.
Il n'oublie pas, non plus, sa gestion en solitaire de la deuxième partie de saison dernière, alors que les pénalités subies par le club changeaient régulièrement le classement. Malgré ça, la Juve a terminé quatrième avec 72 points (soit en Ligue des champions), avant d'écoper d'un retrait de dix points. “Vous n’avez pas dit la vérité pendant un an et demi alors que vous la connaissiez tous !”, aurait-il également balancé à un groupe de journalistes mercredi soir. "C'est comme si la charge émotionnelle retenue dans son 1m83 avait explosé d'un seul coup (...) Comme si ses nerfs ne retenaient plus la tension de cette fin de saison incandescente, après avoir toléré tout ce qu'un homme peut légitimement supporter", résumait La Repubblica dans son édition du jour.
Au lendemain de son one man show, Allegri a écopé d'une suspension de deux matches. La commission de discipline de la Fédération italienne de football a justifié sa décision en invoquant notamment "son attitude agressive à l'égard du quatrième arbitre", ainsi que "son retour sur le terrain après son exclusion avec un comportement irrespectueux envers les officiels". Une amende de 5.000 euros lui a également été infligée. "Les avocats vont plancher sur le dossier cette nuit (...) Une décision est attendue vendredi", indique la chaîne à l'aube d'une nuite agitée. Une de plus...
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