Coupe d'Afrique des Nations | Maroc-Comores | Investissements, binationaux, Regragui… : Maroc, la recette d'un succès incroyable

Pays-hôte et grand favori de la Coupe d'Afrique des Nations qui débute ce dimanche, le Maroc n'en finit plus de progresser. Performants dans toutes les catégories chez les hommes et les femmes, les Marocains récoltent les fruits d'une remise en question profonde de la fédération. L'équipe qui peinait à se qualifier à la Coupe du monde est devenue une place forte du foot africain, voire plus.

"Jamais un pays africain n'avait été aussi puissant" : La révolution du foot marocain

Video credit: Eurosport

10 décembre 2022. Il y a un peu plus de trois ans, le Maroc élimine le Portugal et atteint pour la première fois le dernier carré d'une Coupe du monde. Les scènes de liesse sont alors à l'image de l'exploit et du tournant dans l'histoire des Lions de l'Atlas. Walid Regragui et ses hommes viennent de valider une stratégie de plus d'une décennie pour faire passer le football marocain au premier plan continental, voire mondial. Ce qui est d'autant plus fort, c'est que ce succès va lancer le mouvement pour tout le reste des entités qui sont chapeautées par la Fédération royale marocaine de football (FRMF).
Depuis ce fameux Mondial à Qatar – qui a pris fin sur une 4e place, le meilleur résultat pour une sélection africaine – on entend bien sûr parler de la bande à Hakimi, mais pas seulement. Ces dernières années, il est rare, voire impossible de suivre une compétition internationale de foot sans voir une trace du Maroc. La victoire en coupe Arabe il y a quelques jours symbolise parfaitement cela. Bien sûr, le sacre des U20 au Chili en octobre a aussi fait grand bruit. Et le reste des entités suivent. 

Le foot marocain se porte bien

Chez leurs successeurs, en U17, c'est une demi-finale au Mondial 2025. L'équipe olympique a ramené le bronze de Paris, la sélection féminine a participé à la première Coupe du monde de son histoire en 2023 et s'est même qualifiée en phase finale. Même en futsal, les Marocains ont voix au chapitre. Triple champions d'Afrique en titre, ils comptent aussi trois participations consécutives au Mondial, dont deux quarts de finale en 2021 et 2024, alors même que l'équipe n'y avait jamais pris part avant 2012. On ne va pas faire l'inventaire complet, mais vous l'aurez compris : le football marocain se porte bien.
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Maroc U20

Crédit: Getty Images

Tout n'a pourtant pas été tout rose. Chez les A, la sélection est passée par une longue traversée du désert avec aucune qualification au Mondial de 1998 à 2018. C'est au tournant des années 2010 que le Maroc prend un tournant radical et ce changement est incarné par un homme en particulier : le roi Mohammed VI. Conscient des problèmes auxquels fait face le Maroc, il fonde une académie qui porte son nom en 2009. Petit à petit, le projet prend forme, mais va être considérablement accéléré par la vision d'un homme : Fouzi Lekjaa.

Mettre l'accent sur la formation

Élu à la tête de la FRMF en 2014, ce brillant fonctionnaire public et dirigeant du club de Berkane incarne ce changement. Son constat ? Le problème du Maroc n'est pas le manque de talent chez ses joueurs, mais l'organisation, l'accompagnement et la détection des pépites. A partir de là, la fédération va se restructurer en mettant l'accent sur la formation de ses joueurs, de ses entraîneurs et la performance de ses clubs, tout en investissant massivement dans les infrastructures.
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Fouzi Lekjaa et Gianni Infantino lors de l'inauguration du bureau de la FIFA à Rabat, en juillet 2025

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Peu à peu, les sélections de jeunes commencent à pointer le bout de leur nez. Là où elles étaient absentes avant, même si ça ne se traduit pas au palmarès, il y a une nette amélioration. En parallèle, il faut associer ce succès marocain à la venue pendant trois ans de Hervé Renard (2016-2019) sur le banc des Lions de l'Atlas. Le sélectionneur français, habitué des challenges, a contribué à redonner une vraie base et une vraie identité à l'équipe. Sous sa houlette, le Maroc retrouve des couleurs à la Coupe d'Afrique des Nations (quart en 2017) et surtout le Mondial, en Russie.
Infantino : "L'académie Mohamed VI ? L'un des meilleurs centres de formation au monde"
Peu à peu, la formation porte ses fruits avec de plus en plus de joueurs formés au Maroc qui s'exportent en Europe. On peut citer Nayef Aguerd, Youssef En-Nesyri, Azzedine Ounahi, tous trois membres de la sélection marocaine en 2022, et biberonnés dans la prestigieuse académie Mohamed VI. Un trio auquel on peut ajouter Ahmed Reda Tagnaouti, gardien qui a également fait ses gammes dans la banlieue de Rabat. De l'aveu même du président de la Fifa, Gianni Infantino, l'académie Mohamed VI, est "l'un des meilleurs centres de formation et de préparation au monde". Un centre dont le travail a encore porté ses fruits lors du Mondial U20 avec deux joueurs majeurs formés au pays, Hossam Essadak et Yassir Zabiri qui font partie des Lionceaux qui ont porté le Maroc sur le toit du monde.
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"L'année 2025 de Mbappé est fantastique mais pas à la hauteur de celle de Dembélé"

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Une fois la formation gérée, les infrastuctures ont suivi avec des investissements monstrueux dans les stades pour accueillir la CAN 2025, puis le Mondial 2030. Reste à régler le dossier des binationaux, l'apanage de nombreuses sélections africaines. Chacun se bat pour arracher un joueur à son pays de résidence. Souvent considérée comme un Plan B, la sélection récupérait souvent les indésirables, venus là par défaut. C'est l'intronisation de Walid Regragui au poste de sélectionneur en 2022 qui a changé les choses à ce niveau. Lui-même franco-marocain, l'ancien international (45 sélections) change de doctrine.

Avec Regragui, fini les passe-droits

Pour venir en sélection, il faut désormais en montrer l'envie. "Ceux qui souhaitent représenter le Maroc naturellement aiment porter ce maillot. Mais si quelqu’un essaie de négocier, il n’a pas sa place ici", rappelait-il en novembre 2024, en conférence de presse. Avant l'arrivée de Regragui, ce projet avait été symbolisé par les choix de Hakim Ziyech ou encore Romain Saïss. Depuis, sous Regragui, les prises ont été nombreuses. Eliesse Ben Seguir, Amine Adli, Bilal El Khannouss ont tous fait le choix du Royaume, pendant que Brahim Diaz a laissé l'Espagne de côté pour rejoindre le groupe marocain en 2024.
Grâce à sa patte, Walid Regragui a créé un groupe hétérogène, composé de joueurs qui jouent au pays, dans des clubs de plus en plus performants, et donc de joueurs qui ont la double-culture. "Moi, quand je coache, je coache des Marocains d’abord. (...) On a une diaspora qui est partout dans le monde, contrairement à d'autres pays. Nous, on a des Marocains issus d'Espagne, de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Allemagne, d'Italie. (...) L'avantage qu'on a, c'est que ce qui les rassemble tous, c'est l'amour du pays, l’amour de leur famille et de leurs origines", expliquait-il dans une interview donnée à Onze Mondial en février dernier.
Lors de cette CAN, la pression populaire va peser sur leurs épaules, eux qui n'ont plus soulevé le trophée depuis 1976. Une disette de près de 50 ans qui pourrait s'arrêter pour un pays qui n'en finit plus de briller dernièrement. Ce qui vient valider le changement de doctrine entrepris au tournant des années 2010. Peu importe l'issue de "leur" CAN, le Maroc se présentera cet été au Mondial avec une casquette d'outsider et ça, il y a encore dix ans, c'était inimaginable.
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