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Luis Campos, l’homme invisible qui tire les ficelles à Monaco

Nicolas Vilas

Mis à jour 16/04/2014 à 08:09 GMT+2

Sur le Rocher, Luis Campos occupe une fonction obscure de conseiller sportif. Mais qui est donc cet ex-entraîneur, méconnu en France, annoncé au PSG et proche de José Mourinho ?

Monaco, Stade Louis-II

Crédit: AFP

Il s’est posé l’été dernier sur Le Rocher. Sans bruit, ni effet d’annonce. Luis Campos occupe pourtant de hautes fonctions à l’AS Monaco FC. Sur le site officiel du club, il figure en haut de l’organigramme, en tant que "conseiller sportif." A 49 ans, le Portugais a la cote et pas que sur la côte. Il y a quelques jours, Le Parisien révélait l’envie du Paris Saint-Germain de le débaucher. Mais qui est donc cet homme à l'influence telle qu'elle pourrait valoir le départ de Claudio Ranieri ? Il serait le représentant du "clan des Portugais" ; on le dit proche de Jorge Mendes… Cet intime de José Mourinho attise les fantasmes. Voici Luis Campos mis à nu. A poil.

Un "Professor", entraîneur à 27 ans

L'histoire de Luis Filipe Hipolito Reis Pedrosa Campos débute à Fão, où il est né un jour d'automne 1964. Ce petit bled d'à peine 3000 âmes est rattaché à la commune d'Esposende, plage bien connue des populations du Minho (nord du Portugal), plus chaleureuses que chaudes. Un peu comme Luis. Il y tape ses premiers ballons, sans jamais taper dans l'oeil d'un recruteur. Son objectif est ailleurs. Il intègre la fac de Porto et se dédie aux études d'éducation physique et sportive. Le jeune homme continue de jouer à l'AS Esposende locale et y entraîne déjà les gamins. Diplôme en poche, il devient "Professor", comme les Jesualdo, Queiroz ou Mourinho. Campos révèlera qu'il a connu le Mou au cours d'un colloque : "L'admiration de l'un envers l'autre a grandi, petit à petit." A 21 ans, il range ses crampons. Carlos Garcia qu'il présente comme "un ami d'enfance" lui propose d'intégrer son staff à Espinho (alors en D1). Campos signe son premier contrat, comme préparateur physique. Il deviendra bientôt adjoint, jusqu'à se voir confier l'União de Leiria en 1992-1993. Luis Campos n'a que 27 ans mais va mener le club - qui révélera un certain José Mourinho quelques années plus tard - à la huitième place de la D2. Les événements s'enchaînent. Les postes aussi : Esposende (1995-1996), Aves (1996-1998), Leça (1998-1999), Penafiel (2000-2001), Gil Vicente (2000-2001, 2001-2002 puis 2003-2005), Vitoria de Setubal (2001-2002), Varzim (2002-2003), Beira-Mar (2004-2005).

"Compétent" mais poisseux

Le palmarès de Luis Campos en tant que technicien n'a rien de mourinhesque. Il a toutefois semé de bons souvenirs. "Ses équipes étaient réputées pour pratiquer un beau football", se souvient Nélson Veiga qui l'a connu à Setubal (2000-2001). "Un bon coach qui connaissait son job et qui était très fort tactiquement", poursuit Ali El Omari, sous ses ordres au Gil Vicente (2001-2002) et au Beira-Mar (2004-2005). Mais les résultats n'ont pas suivi. Pire. Campos a traîné une image de chat noir. En 2002-2003, il contribue à faire couler deux clubs en D2 : Varzim et le Vitoria de Setubal. Pas de quoi altérer la réputation de cet amoureux du beau jeu et des beaux joueurs.
La même année, il est annoncé à Bordeaux. "Je ne confirme pas et je ne déments pas non plus", commente alors l'intéressé. Michel Pavon restera finalement en poste. Luis renquille à Barcelos. Deux ans plus tard, c'est le Beira-Mar qu'il fait chuter. Et ses envies avec. Luis ne veut plus coacher avec n’importe qui. Son parcours d'entraîneur s'achève ainsi à Aveiro. Aussi prématurément qu'il avait débuté. Sur 17 expériences en tant coach principal au haut niveau, il n'a achevé que 9 saisons. "En l'espace de vingt ans, les gens ont changé, à mon avis, dans le mauvais sens, confiait-il à maisfutebol en 2009. Pas en qualité mais en personnalité et cela a fait que je ne me sente pas bien, ni avec l'envie de continuer de cohabiter avec des gens qui ne me disent rien." Mais Luis Campos ne lâche pas le ballon. Il multiplie même les activités.

Homme à tout faire

Luis Campos a longtemps maintenu son statut de prof. Il y a encore peu, il continuait d’enseigner dans un bahut de Barcelos. "Mais il allait à l’école en Porsche", sourit l’un de ses proches. Il s’est essayé à la restauration en injectant quelques billes au Pé no Rio, un bar-restaurant calé sur la plage d’Esposende. Il revendra vite ses parts pour réinvestir un pécule qui n’a rien de celui d’un modeste fonctionnaire. Après avoir lâché le taf d’entraîneur, il met ses compétences à disposition des joueurs et des clubs. Il s’associe à un autre ex-entraîneur, Américo Magalhães, et ils fondent T2P (Train to Play). "Nous avons constitué une équipe dans laquelle nous avons réuni diverses spécialités fondamentales de nos jours pour les équipes de top", expliquent-ils sur leur site officiel. Concrètement, ils proposent des méthodes d’entraînement, des équipements sportifs et multimédias visant à optimiser les performances de leurs clients. Parmi les softwares proposés, le fameux Mourinho Tactical Board. " Le Real Madrid utilise notre gamme de produits ", vend T2P.
Son ami très "especial " n’est jamais bien loin. En 2012, Luis Campos avait intégré le staff Merengue, en tant qu’observateur. Il scrutait les adversaires du Real mais aussi les potentielles recrues. Un boulot qu’il a aussi exercé pour le FC Porto. Et l’homme a du flair. "C’est lui est allé dénicher Pepe au Brésil, confie El Omari. Il avait un talent pour repérer les joueurs, les lancer. Il le faisait en déjà parallèle à son boulot d’entraîneur. " Un dénicheur de talents qui en a aussi révélé quelques-uns sous ses ordres : Petit, Delfim, Jorge Ribeiro, Grégory Arnolin ou Ali. " Il m’avait fait venir au Gil Vicente alors que j’étais à Espinho, remercie le franco-marocain. Il m’a envoyé en première division ! " Il ira le rechercher peu de temps après alors que le gaucher végétait au Boavista. "Lorsqu’il changeait de club, il lui arrivait de faire venir certains joueurs avec lui, justifie l’intéressé. C’est important de travailler avec des hommes de confiance. "

Trop gentil… mais ça, c’était avait 

El Omari n’hésite pas à parler de Luis Campos comme d’un "père". Un lien que partage le Camerounais Roudolphe Douala :" Ali et moi étions ses enfants. Il m’a profondément marqué. Il nous parlait beaucoup, donnait énormément de consignes, des conseils, parce qu’il nous voyait en tant que footballeurs mais aussi en tant qu’hommes et humains. Il savait trouver les mots." Et dans la bonne langue. "Entre autres, il parle super bien français", lance Ali. Un atout compte tenu de ses fonctions actuelles, au sein du luxueux ghetto qu’est Monaco où il a atterri sans même que ses "enfants" ne s’en aperçoivent. "C’est une surprise pour moi. Je pensais qu’il travaillait toujours avec Mourinho", admet Nélson Veiga. Même constat pour Douala : "Je ne le savais pas… C’est clair qu’avant il avait travaillé avec des clubs bien moins connus que le Real Madrid, Monaco ou le PSGmais il a acquis de l’expérience." Du coup, l’ancien Stéphanois "ne doute pas de ses compétences." Dans l’univers impitoyable de l’ASM, il a aussi pu faire état de l’une de ses autres qualités : "Il est super calme, affirme Ali. Il fallait vraiment y aller pour le mener à bout. C’était quelqu’un de gentil et peut-être même trop avec certains qui en abusaient… Mais ça c’était avant. "
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