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Finale Nice - Nantes - Antoine Kombouaré, un an après : "C'est exceptionnel ce qu'on est en train de faire"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 06/05/2022 à 11:38 GMT+2

COUPE DE FRANCE - Antoine Kombouaré a reçu Eurosport à Nantes avant la finale qui opposera les Canaris à l'OGC Nice, samedi soir (21h). L'entraîneur du FCN est revenu sur la renaissance de l'octuple champion de France, de l'opération sauvetage à un potentiel titre, mais aussi sur son rapport au métier et à ses joueurs. Entretien à retrouver en intrégalité dans Soir de Coupe avant la finale

Instant très fort : quand Kombouaré évoque ses joueurs avec les larmes aux yeux

Interview réalisée par Ludovic Duchesne et Norman Staron
Que dirait le jeune Antoine, qui est arrivé en 1983 de ​Nouméa (capitale de la Nouvelle-Calédonie, ndlr), au Antoine d'aujourd'hui ?
Antoine Kombouaré : Il dirait simplement 'bravo, je suis content de ce que tu fais, mais ne t'arrête pas en si bon chemin'.
Vous êtes arrivé ici comme joueur, aujourd'hui vous êtes là comme entraîneur… Le FC Nantes est un club qui vous correspond bien ?
Il y a toujours le même esprit. Quand je suis arrivé ici, j'avais 19 ans, je découvrais. Et je pense que j'ai gardé cet esprit, le jeu, le jeu pour gagner. C'est vrai que les médias ont traduit mon parcours comme quelqu'un qui aime beaucoup l'engagement. Oui, mais j'ai toujours aimé marquer des buts. J'étais un défenseur contrarié. Même dans ma carrière de joueur, j'aimais marquer des buts.
Ce qui a changé, c'est la notoriété du FC Nantes, qui est devenu un club "moyen"…
Un club qui est rentré dans le rang. C'est clair qu'entre le Nantes que j'ai connu et le Nantes d'aujourd'hui… C'est un club qui, la saison dernière, jouait le maintien, dans la difficulté. Qui est descendu deux fois en Ligue 2. Il faut accepter ça, cette évidence économique. Mais il faut combattre. C'est ce qu'on est en train de faire. L'année dernière on est arrivés, le club était en train de mourir. Et, tous, on a fait ce qu'il fallait pour maintenir l'équipe en Ligue 1, sauver le club. Et là aujourd'hui, c'est la place du FC Nantes, jouer dans les dix premiers, en tout cas essayer. Et puis faire une finale de Coupe de France, c'est la cerise sur le gâteau.
Est-ce votre plus belle victoire, d'avoir redonné des couleurs à ce club ? C'était un peu une mission suicide, beaucoup d'entraîneurs n'auraient pas accepté…
J'ai refusé au départ, il ne faut pas avoir peur de le dire. Et c'est vrai qu'avec l'appui de mes adjoints, quelques personnes de ma famille… Finalement, face à cette mission suicide, je me suis dit 'avec mon staff, comment aider mon club de cœur?'. J'ai dit à mes adjoints qu'il fallait qu'on essaye de donner tout ce qu'on avait, et que si ça ne marchait pas, on aurait essayé d'aider. Et puis ça a marché, c'est notre plus grande victoire. Avec le staff, parce que je ne suis pas seul, et avec les joueurs. Aujourd'hui on en est là, c'est exceptionnel ce qu'on est en train de faire.
Blas m'a dit 'coach, nous vous inquiétez pas, je vais emmener le groupe au Stade de France'
Le joueur symbole, c'est Ludovic Blas, que vous avez relancé totalement…
Je n'aime pas trop résumer ça à la performance d'un joueur. C'est d'abord le club, l'identité du club, qui ressort plus fort de ce passage compliqué. Mais c'est vrai que s'il y a un joueur qu'il faut ressortir, c'est Ludo. Je le connaissais, je fais partie de ses premiers entraîneurs, à Guingamp. Je connaissais la problématique avec lui et comment essayer de l'amener à être performant. Il s'est responsabilisé. Je lui ai donné le brassard en Coupe de France, je n'y aurais jamais pensé à l'époque. Il m'a dit 'coach, ne vous inquiétez pas, je vais emmener le groupe au Stade de France'. Mais il ne m'a pas dit si on allait gagner (rires)".
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Antoine Kombouaré félicite Ludovic Blas, auteur d'un doublé lors de Nantes-Brest.

Crédit: Eurosport

Vous avez une image de Père Fouettard ou de militaire, mais quand on entend parler les joueurs, il y a énormément d'affection. Randal Kolo Muani disait qu'il vous considérait presque comme son papa…
(Il prend une longue pause, très ému). C'est de l'humain. Bien sûr qu'on parle d'engagement, on parle de duels, on parle de gagner mais ce ne sont que des relations humaines. Avec mes joueurs, ce sont des relations de père à fils, oui.
N'est-ce pas ça, la réussite ? Ce qui fait que vous emmenez ce groupe, en difficulté l'an passé, au stade de France ?
Certainement. Il y a un peu de tactique aussi, du physique. Mais c'est transformer les joueurs, leur dire qu'on les aime, qu'on a confiance en eux. Leur dire aussi quand ça ne va pas. Et avancer ensemble, quels que soient les résultats. Ça peut se fritter un peu, moi j'aime ça, ce n'est pas un souci. Une fois qu'on a ouvert son cœur, on repart toujours ensemble.
Comme entraîneur, vous avez connu mille vies. Mais Nantes, c'est peut-être plus fort que ce que vous aviez connu avant ?
L'année dernière, c'est simple, quand on est arrivés, il restait 14 matches de championnat à jouer. On a gagné un match sur deux. On a pris 21 points et malgré ça, on s'est retrouvé à faire les barrages. Parfois, il y a des paris fous comme ça, il ne faut pas trop réfléchir, il faut se lancer. On a travaillé, mais il y a quelque chose, le bon Dieu qui est avec nous, la famille, les anciens. Comme on dit à Tahiti, il y a le Malin, l'esprit qui est là. Et ensuite, il y a cette année qui est la continuité de ce qu'on a mis en place. Et la finale, qui doit récompenser notre travail.
On reparle du jeu, des supporters en bien, et de Nantes qui peut gagner un trophée…
C'est la réussite de tous, du staff, on est beaucoup à travailler. Et puis c'est la réussite des joueurs, toujours. J'ai des joueurs fantastiques. On travaille pour les mettre en confiance, mais ce sont les joueurs qui font les efforts et marquent des buts. Et attention, c'est aussi la réussite des supporters. Ils ont réussi à compartimenter. Les problèmes qu'ils ont avec Monsieur Kita, ils les mettent à part. Quand ils viennent, c'est pour supporter l'équipe, et voir le FC Nantes gagner des matches.
Je n'ai pas encore trouvé la formule pour battre Nice et Galtier
La marée après la victoire contre Monaco (en demi-finale de Coupe de France, ndlr), elle vous a touché aussi ?
Je suis très sensible aux émotions des gens, à ce que les gens nous donnent. Quand je vois les liesses populaires, la communion… On fait ce métier pour ça. Je leur dis, aux joueurs. Gagner de l'argent c'est une chose, gagner des trophées c'est une chose, mais quand tu vois un stade qui explose, des gens qui disent 'merci'… On leur a enlevé, pendant une heure et demi, les problèmes qu'ils ont à la maison. On l'a réussi plusieurs fois. Contre le PSG, contre Monaco, contre Lens.
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La Coupe de France, c'est votre truc. Vous l'avez gagné en tant que joueur, qu'entraîneur…
Ça va être ma cinquième finale. Sur les quatre premières, on en a gagné trois et perdu une. J'aime cette compétition parce qu'elle est très populaire, un club amateur peut battre un club professionnel. Je crois que c'est l'une des finales les plus regardées. Ça fait rêver tous les footballeurs. Quand tu as goûté à ça, tu as envie d'y retourner et de la gagner, de soulever la coupe.
Là, vous ne serez pas favoris, face à un gros club qui veut devenir l'un des meilleurs en France…
Il s'en donne les moyens. Aujourd'hui, c'est une équipe avec des joueurs talentueux, des joueurs en devenir, un actionnaire puissant. Mais c'est ça qui est beau dans le sport. Je vous ai dit, en Coupe de France, ce sont souvent les petits qui gagnent contre les gros. Nous, on est le petit. Pour être honnête avec vous, depuis que je suis entraîneur de Nantes, je n'ai pas encore trouvé la formule pour battre cette équipe de Nice et surtout mon pote Christophe Galtier. Si on a attendu tout ce temps pour finalement gagner la finale, je signe de suite.
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Pensez-vous déjà au message que vous allez faire passer au joueur ?
C'est une semaine où on va travailler sereinement, sans rien changer, et surtout on va profiter du moment. C'est un moment fort, spécial, qu'il faut savourer. Il faut que ce ne soit que du plaisir, arriver samedi et faire un grand match de football. Ne pas faire le match avant, arriver crispé, tendu. Je n'aime pas ça. Je veux que ce soit un match festif, qu'on joue. Qu'on prenne des buts, oui, mais qu'on en marque. Je signe pour un 5-4.
Si vous gagnez la Coupe de France, vous savez que vous ne pourrez pas partir de Nantes ?
On verra (sourire). Je suis très bien. Je suis non seulement un entraîneur heureux, mais aussi un homme heureux. Je suis à la maison ici.
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Antoine Kombouaré, l'entraîneur de Nantes, lors de Monaco - Nantes, le 6 août 2021

Crédit: Imago

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