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Coupe de France - Finale : Pourquoi Toulouse vibre à nouveau derrière son club de foot

Raphaël Brosse

Mis à jour 29/04/2023 à 17:21 GMT+2

Adversaire de Nantes en finale de la Coupe de France, samedi soir (21h), Toulouse bénéficie d’un engouement populaire indéniable depuis plus d’un an. De quoi déconcerter ceux qui pensent - à tort - que la Ville rose n’a d’yeux que pour le rugby. En réalité, il y a, parmi ses habitants, de nombreux passionnés de foot. Qu’il a juste fallu séduire ou reconquérir.

Toulouse potentiellement privé d'Europe : "Demain, ça pourrait être l'OL"

Samedi, plus que jamais, la place du Capitole sera l’épicentre de Toulouse. Dans l’après-midi, les passants pourront s’y arrêter pour suivre la demi-finale de Champions Cup entre le Leinster et le Stade toulousain, diffusée sur écran géant. Un dispositif qui n’a rien d’extraordinaire, tant les Rouge et Noir sont habitués à rassembler leurs fidèles devant l’hôtel de ville. Ce qui est toutefois plus surprenant, c’est que l’écran géant servira encore quelques heures plus tard. Pour diffuser un match du Toulouse FC.

Une "transhumance venue d'Occitanie"

Les Violets seront en effet adversaires de Nantes en finale de la Coupe de France. Et si l’on ignore encore quelle sera l’ambiance sur la place marquée de la croix occitane, on sait en revanche que les Haut-Garonnais seront très nombreux à avaler les quelque 700 kilomètres séparant le Capitole de la capitale, afin de rallier le stade de France. "On sera au minimum 22 000, puisque c'est le nombre de places que le club a vendues. Mais certains me disent que l'on aurait pu être 40 000", a révélé Damien Comolli à l’AFP.
Cette "transhumance venue d’Occitanie", pour reprendre les mots du président du TFC, a de quoi laisser pantois, surtout au regard du faible intérêt que suscitait le club de la Ville rose avant sa chute en Ligue 2, en 2020. Autrefois déserté et terriblement morose, le Stadium a néanmoins retrouvé des couleurs. Ses travées se sont à nouveau remplies (23 268 spectateurs de moyenne cette saison, contre 16 224 en 2018-19) et font bien plus de bruit qu’auparavant, dans le sillage d’un virage Brice-Taton exalté par le groupe ultra des Indians Tolosa. Comme si, d’une certaine façon, l’équipe de Philippe Montanier avait réveillé les Toulousains fans de ballon rond.

Toulouse, ville de rugby... et de foot

Car contrairement à une idée largement répandue, Toulouse n’est pas qu’une ville de rugby. Le football y a aussi totalement sa place, en particulier chez les jeunes et les personnes issues des classes populaires. Seulement, ce public-là a eu tendance à se tourner vers d’autres écuries françaises ou européennes, plus huppées et moins déprimantes à regarder jouer que celle du coin, longtemps engluée dans l’anonymat d’une deuxième partie de tableau en Ligue 1 et au palmarès quasiment vierge.
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Le virage Brice-Taton était clairsemé lors de la venue de Lille, en avril 2019. / Ligue 1

Crédit: Imago

"Il y a eu une longue descente aux enfers entre 2010 et 2020, note Jean-Baptiste Jammes, fondateur du site spécialisé LesViolets.com. Malgré tout, pendant cette période, on a senti à certains moment qu’il y avait un public, qui ne demandait qu’une étincelle pour s’enflammer." Le fervent supporter du Téf’ fait notamment référence à la remontada de 2016, menée par Pascal Dupraz et à l’issue de laquelle les partenaires de Wissam Ben Yedder avaient arraché leur maintien in extremis. Mais cela n’avait été qu’une parenthèse, et l’intérêt suscité était finalement assez vite retombé. Cette fois, il semblerait que l’engouement soit plus profondément ancré.
On ne s'ennuie jamais
La première raison est évidente : les résultats. Lors de l’exercice 2021-22, qui a marqué la fin des huis clos sanitaires et la montée progressive de la ferveur entourant les Violets, ceux-ci ont survolé la Ligue 2, terminant premiers avec 23 victoires et la bagatelle de 82 buts marqués. Les succès ayant acté la montée puis le titre ont donné lieu à de grandes scènes de liesse entre joueurs et supporters, massés sur la pelouse du Stadium.
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Branco van den Boomen et Johann Lepenant (Toulouse-OL)

Crédit: Getty Images

Toujours sur leur lancée, Branco van den Boomen et consorts réalisent un exercice tout à fait honorable pour un promu. Un promu presque maintenu et resté fidèle à ses principes de jeu, résolument offensifs (8e meilleure attaque de Ligue 1), quitte à pousser un peu trop loin le curseur du déséquilibre (4e pire défense). "On a une équipe qui produit du jeu, qui va vers l’avant, on ne s’ennuie jamais", s’enthousiasme JB. "Ce qui est proposé est franchement intéressant", abonde Côme, 19 ans, abonné depuis la saison passée et président-fondateur de la Curva Oèst, groupe de supporters récemment créé pour animer la tribune Christophe-Revault.

Joueurs attachants, communication rétablie

Le subtil alliage entre les jeunes issus du centre de formation, les fameux "Pitchouns" (Anthony Rouault, Farès Chaïbi, Moussa Diarra…) et les joueurs étrangers repérés grâce à la data (Stijn Spierings, Rasmus Nicolaisen, Rafael Ratao…) est donc très cohérent sur le terrain. Tout en générant un réel élan de sympathie. "Les recrues ne sont pas des mercenaires, assure Côme. Les joueurs se plaisent et s’impliquent à fond. Je vais souvent assister aux entraînements et ils sont très accessibles."
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Damien Comolli, le président du TFC

Crédit: Getty Images

Afin de recréer du lien avec sa "communauté", comme l’appelle Comolli, le Toulouse FC a également revu sa copie en termes de communication. "Avant, on avait juste droit à une ou deux conférences de presse d’Olivier Sadran (l’ancien président, ndlr) dans l’année, et basta, souligne Jean-Baptiste Jammes. Désormais, le président est très présent et un dialogue avec les groupes de supporters a été instauré." Un ton décalé (sur les réseaux sociaux), de la clarté et de la réactivité, voici la recette gagnante appliquée par la com’ du TFC, et elle s’est avérée très précieuse au moment de l’ouverture de la billetterie pour le stade de France.

Et après ?

La finale à venir, la première disputée par Toulouse depuis 1957, marquera inévitablement un moment majeur de l’histoire du club. Et ensuite ? L’engouement ne risque-t-il pas de progressivement se dissiper, comment souvent par le passé ? "Il restera forcément un socle solide, parce qu’on a les abonnés les plus jeunes de Ligue 1, estime Côme. On sait très bien qu’il y aura moins de monde dans les périodes plus compliquées, mais notre groupe sera toujours là."
"C’est un éternel recommencement, concède Jean-Baptiste. Mais cette épopée aura au moins eu le mérite de rappeler qu’il y a un public de foot à Toulouse. Il demandait juste du beau jeu, du spectacle et de la communication. Donc aujourd’hui, c’est logique de voir une telle ferveur." Rendez-vous samedi, à Saint-Denis, pour voir cette ferveur violette s’exprimer.
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