Lens ne regrette rien

Le déplacement en Allemagne ne devait être qu'un travail à terminer. Presque une formalité. Après la victoire à l'aller (2-1), Lens ne devait que résister à l'ambiance surchauffée de la Bay Arena pour atteindre les quarts de finale de l'UEFA. Sans trop puiser dans ses ressources. Histoire d'en garder sous le pied pour le reste de la saison. Mais voilà, à force de lever le pied, le Racing est tombé. Et de belle manière... Les Allemands, sixièmes de la Bundesliga à 14 points du leader Schalke 04, se sont offert le scalp du RCL avec un cinglant 3-0. "Nous avons joué sur un faux rythme, mes joueurs étaient fatigués et ont fait des erreurs inhabituelles" , avoue Francis Gillot.

La fatigue ! L'excuse à la mode en ce moment dans le Nord. Depuis quelques semaines, l'entraîneur artésien ne cesse de rappeler que son équipe souffre de la répétition des matches. Les Sang et Or commencent à avoir les jambes lourdes et les 44 rencontres officielles disputées depuis le début de la saison sont régulièrement montrées du doigt. "Pour nos joueurs, le calendrier était vraiment infernal ces derniers temps , argumente l'entraîneur nordiste. Ils ont joué dix matches en un mois, ils ont passé leur temps dans les avions et dans les hôtels, mentalement, c'est usant."

Dimanche déjà, le match nul concédé à domicile face à Sedan (1-1), la lanterne rouge de L1, avait soulevé des motifs d'inquiétudes quant à l'état d'esprit lensois avant d'aller au Bayer. Les blessures à l'entraînement de Sidi Keita et de Patrick Barul n'avaient rien arrangé. Et la Coupe de l'UEFA ne semblait plus en odeur de sainteté dans le Nord. Le président Gervais Martel avaient d'ailleurs résumé à la perfection la situation en qualifiant de "joker" la Coupe d'Europe. De là à penser que les Lensois n'ont pas tout donné.... "Sur la physionomie du match, il n'y a pas de quoi être déçu, notre élimination est logique , explique Yohan Demont. On a eu ce qu'on méritait, il aurait fallu être beaucoup plus fort pour passer". "Il y avait de l'envie mais pas assez pour espérer se qualifier", renchérit Issam Jemaa.

Jeudi matin à l'heure des comptes, Francis Gillot, qui avait décidé d'économiser son attaquant clef (Aruna Dindane) au début de la rencontre, n'est donc pas totalement mécontent. Loin de là. Le rêve de son président (ndlr : Martel ne cachait pas son souhait de décrocher la C3) ne se réalisera pas. Mais ses joueurs vont pouvoir être frais pour conserver leur deuxième place en championnat. Une place évidemment qualificative pour la Ligue des Champions. A son grand bonheur... "Je n'ai pas de regret parce qu'il reste une dizaine de matches à jouer, et je pense que cela nous aurait pénalisés pour le championnat" , avoue-t-il. "Peut-être que cette élimination est un mal pour un bien, seul l'avenir nous le dira", annonce Dumont.

Un avis que ne partageront pas tous les supporters nordistes. Avec six points d'avance sur ses premiers poursuivants, le Racing semble solidement accroché à sa place de dauphin de Lyon. Et après l'élimination lamentable contre Montceau-les-Mines (CFA) en Coupe de France, le club avait une belle opportunité de donner un peu plus de piment à sa fin de saison. Il n'en sera rien. "Il faut désormais oublier ce match et se concentrer à fond sur le championnat ", explique Demont. Histoire de bien terminer le travail cette fois-ci...