La finale en questions

"Les finales sont belles quand on les gagne", avait lancé Didier Deschamps cette semaine. Cette finale de Coupe de La Ligue aura donc été magnifique pour l'ancien capitaine des Bleus et pour les Marseillais, qui n'ont effectivement aucune raison de bouder leur plaisir. Pour le reste, ce choc très attendu entre deux poids lourds du football français n'a pas atteint des sommets, si ce n'est d'ennui. Pendant une heure, ce fut même une vaste purge. Pas de jeu, beaucoup de déchets, un minimum d'occasions. L'intensité des premières minutes s'est trop rapidement muée en agressivité et les mauvais gestes se sont multipliés, témoignant d'une indéniable nervosité. On aurait pu espérer que l'ouverture du score donnerait une autre dimension à la rencontre mais comme l'OM a rapidement doublé la mise, l'intérêt s'est éteint aussi sec. Ennuyeuse pendant une heure, à sens unique dans son dernier tiers, cette finale n'aura valu ni par sa qualité ni par son suspense. Historique à juste titre pour l'OM, elle peut passer par pertes et profits pour le reste.

Certains joueurs bordelais ont estimé après la rencontre que celle-ci avait peut-être basculé en début de seconde période, à la 49e minute exactement, quand M.Lannoy a sifflé trop vite une faute de MBia sur Chamakh alors que Wendel partait seul au but. "C'est peut-être le tournant", juge Matthieu Chalmé. Mais il faudrait franchement être de mauvaise foi pour considérer que l'homme au sifflet a influé sur l'issue des débats. D'autant que les Bordelais auraient pu se retrouver à 10 très rapidement. La très grosse faute de Sané sur Lucho Gonzalez après 10 minutes de jeu a valu un carton jaune au défenseur central aquitain. Si Stéphane Lannoy avait sorti le rouge, il n'y aurait pas eu de scandale. Les meilleurs ont gagné samedi soir, et l'arbitrage n'y est pour rien. Tant mieux.

Certains groupes de supporters, notamment les Winners marseillais et les Ultramarine bordelais, avaient menacé de faire la grève de l'ambiance pour protester contre l'amalgame qui est fait selon eux "entre supporters et hooligans". Mais l'ambiance a bien été au rendez-vous à Saint-Denis. Avec 120 bus et quelques TGV bien garnis, l'OM avait mis le paquet pour conquérir le Stade de France. Ils étaient 25000, soit un peu plus nombreux que les Bordelais. Entrés dans le stade très tôt, les Phocéens ont dominé les débats dans les tribunes avant la rencontre. D'autant que de nombreux supporters bordelais sont entrés tardivement dans l'enceinte dionysienne, laissant la partie basse de leur virage à moitié vide. Une fois le match entamé, les deux camps ont contribué de façon égale à l'ambiance, entre espoir et crispation. Jusqu'à l'heure de jeu. Quand Diawara a ouvert le score, il y eut comme un mouvement sonore latéral et les Marseillais ont pris le dessus dans les tribunes comme ils venaient de le faire sur le terrain.

En premier lieu, c'est évidemment l'incroyable disette de l'Olympique de Marseille qui a pris fin au Stade de France. Depuis la triomphale soirée munichoise du 26 mai 1993, le club phocéen n'avait plus rien gagné. Sa vitrine commençait à être recouverte d'une épaisse couche de poussière. L'OM a donné un bon coup de chiffon sur les étagères. Comme l'a dit Deschamps, c'est la fin "d'une anomalie". Les Marseillais ont aussi réglé un compte avec le Stade de France, où ils n'avaient encore jamais gagné en deux finales. Fin de série également pour Bordeaux. A l'inverse de leur bourreau du jour, les Girondins avaient en effet remporté leurs trois dernières finales à Saint-Denis, en 2002, 2007 et 2009, à chaque fois en Coupe de la Ligue.