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"Notre foot est malade"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/07/2010 à 14:13 GMT+2

Bernard Desumer, possible président par intérim et trésorier de la FFF, nous donne son éclairage sur la crise qui secoue actuellement les instances.

FFF Fédération française

Crédit: AFP

Bernard Desumer, quel regard avez-vous sur la crise actuelle à la FFF?
B.D: En tant que trésorier général, je me suis rendu compte à quel point les statuts de la fédération n'étaient pas adaptés à l'entreprise qu'elle est devenue. La FFF est une entreprise, avec 200 millions d'euros de chiffre d'affaires et 200 salariés. Avec Jacques Lambert, depuis longtemps, nous avons dit et redit qu'il fallait transformer la culture associative en culture d'entreprise. Nous travaillons sur ce chantier depuis cinq ans. Ça prend du temps
Les divergences d'intérêts entre pros et amateurs peuvent-elles se régler autrement que par la victoire d'un camp sur l'autre ?
B.D: Il ne faut surtout pas la victoire d'un camp sur l'autre mais celle des deux.
Vous n'avez pas l'air d'y croire...
B.D: Si, j'y crois. Mais c'est comme dans un couple. Il faut que les deux s'y retrouvent. Si l'un a l'impression de passer son temps à faire des sacrifices pour l'autre, cela ne marche plus.
Si la fédération doit s'orienter vers une culture d'entreprise, on voit mal comment les pros pourraient éviter de sortir gagnants de l'affaire...
B.D: La fédération a déjà beaucoup progressé. Mais on n'est jamais au bout. Notre fédération aujourd'hui est un bel outil. Si on fait le bilan de son action, tous les voyants sont au vert à l'exception de la gestion de l'arbitrage et de l'équipe de France. Les pros veulent aussi une gouvernance différente. Sur ce point, la plupart voire la quasi-totalité de mes collègues du conseil fédéral sont convaincus que le conseil dans sa forme actuelle n'est plus possible. Vingt personnes réunies tous les mois pas tous concernés par sujets abordés...
Pourriez-vous être l'homme du compromis ?
B.D: Nous nous sommes réunis, jeudi, représentants du football amateur, pour désigner un candidat à la présidence intérimaire. Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, j'ai pris la parole pour proposer Fernand Duchaussoy. Il y a eu un débat qui a confirmé cette proposition. Je ne vois pas aujourd'hui de raison de remettre en cause ce choix.
Même si vous êtes une meilleure synthèse aux yeux des pros ?
B.D: On le verra. Nous nous apprécions, nous avons convenu de nous revoir, pas pour défendre des ambitions personnelles mais choisir le candidat qui a le profil qui se rapproche le plus.
Les pros vous préfèrent...
B.D: Je suis content de l'apprendre, mais j'ai l'impression qu'aiment bien Fernand Duchaussoy.
Pourquoi ne pas l'avoir choisi vendredi alors ?
B.D: Les dirigeants du foot pro avaient un mandat du bureau de la LFP pour démissionner. Il y a eu une suspension de séance au terme de laquelle ils se sont dits prêts à reconsidérer leur position. Ils veulent sentir que les projets mis en route correspondent à leur souhait. Si dans trois semaines, rien ne se passe, ils vont confirmer qu'ils se retirent. Il faut mettre à profit cette période pour trouver les solutions nécessaires et je suis convaincu qu'on y arrivera. Entre deux maux, il faut choisir le moindre. C'est la bonne solution qui a été adoptée. Sur le plan de l'image et sur le plan économique, un départ des pros, même temporaire, aurait eu des répercussions sur nos sponsors. Ils nous regardent de près.
Vous ne vivez pas ça comme un ultimatum ?
B.D: L'ultimatum, c'était jeudi, quand ils ont dit : on exige une démission collective immédiate. Le mot "immédiat" remettait l'unité du football en cause. La FFF ne peut pas rester sans conseil fédéral. Un exemple : les arbitres de L1 et de L2 doivent être désignés pour la saison 2010-2011 par le conseil fédéral. S'il n'y a pas de conseil fédéral, il n'y a pas d'arbitre en L1 et L2. On a dit : "Si les pros se retirent, on le regrettera mais on continuera sans eux, on ne peut pas arrêter le fonctionnement de la FFF". Cela ne remet pas en cause notre volonté de présenter une démission et d'organiser une assemblée élective.
Concernant la réunion de vendredi, vous dîtes que Thuram a été brillant...
B.D: (Il interrompt) Il l'est toujours. Mais il faudrait qu'il vienne à toutes les réunions car à chaque fois qu'il est là, il fait des interventions de grande qualité.
On sent chez le public une vraie volonté de rupture et on nous demande parfois : Thuram président, c'est possible ?
B.D: Ah oui, il pourrait très bien être président, mais je crois que ça ne l'intéresse pas.
Que vous a-t-il dit exactement ?
B.D: Il a porté un certain nombre de principes de base qui, s'ils n'avaient pas été oubliés, n'auraient pas mené l'équipe de France à ce qu'elle a connu.
Lesquels ?
B.D: Il a rappelé qu'il y avait un patron et que c'était le président. Le salarié, c'est le sélectionneur. C'est un binôme, une complicité doit exister mais le patron reste le président.
Domenech était là?
B.D: Oui.
Vous avez eu le Domenech Mea culpa ou le Domenech arrogant ?
B.D: La presse lui reproche de ne pas faire preuve d'humilité et de ne pas reconnaître ses erreurs. Parmi nous, il a reconnu qu'il portait une part de responsabilité. Son intervention était satisfaisante sur la forme.
Quelle responsabilité s'attribue Domenech ?
B.D: La gestion du groupe. On n'a pas parlé du système de jeu ou du positionnement des joueurs, mais plus de management. Il a reconnu que des choses n'allaient pas.
Ils se sont parlé, avec Thuram ?
B.D: Non mais Thuram a dit un certain nombre de choses pas agréables à entendre pour le sélectionneur, avec franchise.
M. Desumer, rappeler que le sélectionneur a un patron, n'est-ce pas une évidence absolue, que beaucoup de gens avaient déjà pointé à l'époque ? Faut-il avoir gagné la Coupe du Monde pour être entendu sur ce sujet ?
B.D: Non mais quand on a le nez dans le guidon tous les jours, on dérive. On vient de prendre une bonne claque qui permet de nous remettre en cause. J'ai aussi évoqué une chose qui me semble importante : l'équipe de France, si on regarde les résultats depuis 2000, a fait quatre grands matches dans les grandes compétitions. Même en 2006, nous n'étions pas dans le groupe de la mort, et il a fallu arracher la qualification contre le Togo. Notre football est plus malade qu'on ne le croit. C'est un chantier énorme pour la DTN et Laurent Blanc. Je me souviens que Gérard Houllier avait dit en prenant ses fonctions qu'il faut qu'on travaille sur le mental des joueurs...
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