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Coupe du monde 2014 - Avant Allemagne - Portugal : Cristiano Ronaldo n'a plus le droit de se rater

Nicolas Vilas

Publié 15/06/2014 à 23:25 GMT+2

Après deux Coupes du monde loin d'être accomplies, Cristiano Ronaldo, Ballon d'Or en titre, ne peut pas passer à côté au Brésil. Pour des tas de raisons.

Cristiano Ronaldo s'apprête à disputer sa troisième Coupe du monde

Crédit: Panoramic

Il a joué plus d’une heure mardi dernier face à l’Irlande. Et s’il n’a marqué aucun des cinq pions enfilés par la Seleção (5-1) au cours de ce dernier test-match avant le Mondial, Cristiano Ronaldo a pesé. Une barre et les gants de Forde l’ont empêché de conforter son statut de meilleur buteur du Portugal. CR7 est présent et c’est déjà une victoire pour Paulo Bento. Mais le sélectionneur est loin de partager l’optimisme de sa star. "Le Portugal va créer une surprise", déclarait le Madrilène, dans l’euphorie de la Decima remportée dans l’antre de sa si chère Lisbonne. Tombé dans une jolie poule (Allemagne, Ghana, Etats-Unis), l’attaquant de 29 ans croit à un bel exploit de sa Seleção. Et c’est réciproque. Cristiano a l’habitude mais, au cours des jours à venir et plus que jamais, tous les regards seront posés sur lui.

Parce qu’il est Ballon d’or (entre autres)

Ce jour-là, ses larmes ont fait couler beaucoup d’encre. Et peut-être même d’autres larmes. En janvier dernier, Cristiano recevait le Ballon d’or 2013. La frustration faisait place à l’émotion. Il attendait ça depuis cinq ans. L’ancien joueur de Manchester United est ainsi devenu le premier Portugais à réussir le doublé. Et, à 29 ans, il ne compte pas s’arrêter là. Lauréat en 2000, Figo annonce, sans trop se risquer : "Je pense qu’il veut un autre Ballon d’Or". Son succès en C1 pourra l’y aider. Son troisième Soulier d’or (record partagé avec Messi) - qu’il partage avec Luis Suarez - aussi. Aucun joueur n’avait remporté ces trois trophées au cours d’une même saison. Mais un Mondial raté et tout serait peut-être gâché…
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Cristiano Ronaldo lors de la remise du Ballon d'Or

Crédit: AFP

Parce qu’il a fait péter tous les records

En réussissant son penalty face à l’Atlético en finale de la Ligue des champions, Cristiano Ronaldo a atteint les 17 buts dans l'édition 2014 (en 11 matches). Historique. Dont 9 buts en phase de groupe. Inédit. Au total, il a planté 67 pions dans sa carrière en C1. C’est autant que Messi et seulement 4 de moins que le recordman Raúl. Presque légendaire. Cette saison, "Cris" a multiplié les performances. Depuis mars dernier et l’amical face au Cameroun (5-1), il est, devant Pauleta, le meilleur buteur de la Seleção (49 buts). Face à Osasuna (en avril), il est devenu le premier madrilène à inscrire au moins 30 buts sur quatre saisons consécutives. Du coup, il collectionne aussi les compliments et autres superlatifs. Ronaldinho applaudit : "Ronaldo est phénoménal. Il est dans un moment que peu parviennent à atteindre. Il est train de marquer l’histoire".

Parce que le Brésil n’attend que lui 

Torse nu, la poitrine simplement teintée aux couleurs du Portugal. Et le numéro 7 de Cristiano Ronaldo. Les courbes généreuses d’Andressa Urach ont réservé un accueil très chaleureux à Cristiano, lors de son arrivée à l’hôtel de Campinas. Comme la mannequin qui revendique une amourette avec le playboy portugais, le resort The Palms n’attendait que lui. L’hôtel où logent les Portugais depuis ce mercredi n’a épargné aucun détail pour satisfaire ses convives. Et il est aux petits soins pour CR7. Un mini-terrain de foot - tapissé de la même pelouse que celle des stades du Mondial - a été planté au sein de l’aile exclusivement réservée à la délégation portugaise qui a réservé 116 chambres de luxe. Rassurez-vous, la Fédé a assuré que le séjour serait entièrement payé par l’enveloppe allouée par la FIFA pour les frais d’organisation (près de 1,5 millions de dollars). Un jardinier a carrément été embauché par le Resort. Et il se met la pression : "J’ai peur de commettre une erreur, lâche-t-il sur globoesporte. Encore plus parce qu’il y a Cristiano Ronaldo !" Dans un Brésil terriblement agité, le service de sécurité de la ville aussi se prépare. La notoriété de CR7 inquiète. Des simulations d’escorte ont été organisées. Cristiano se sait attendu. Et aimé. "Le Brésil est un pays frère", lance-t-il en espérant "le soutien des Brésiliens". Les 6000 places allouées au premier entraînement public du Portugal, à Campinas, ont été écoulées en six minutes. Cristiano en sera la principale attraction.
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Ronaldo fête l'un de ses buts en sélection portugaise

Crédit: AFP

Parce que le Portugal dépend de lui 

L’angoisse des Portugais est proportionnelle à l’influence qu’exerce Ronaldo au sein de la Seleção. Avec 51 buts empilés cette saison, il a été plus efficace que les sept autres attaquants convoqués (45 buts pour Eder, Postiga, Hugo Almeida, Nani, Rafa, Varela et Vieirinha). Cristiano n’est plus qu’un joueur de club. Il a transposé son influence en équipe nationale. Sur ses 49 buts avec le Portugal (record), 25 ont été inscrits sous l’ère Bento (depuis octobre 2010), soit plus qu’avec Scolari et Queiroz. "Personne ne peut remplacer Cristiano", dit de lui son coach Carlo. "Le Portugal est très dépendant de Cristiano Ronaldo", expose son adversaire Joachim Löw. Beckenbauer embraye : "Le Portugal peut aller loin si Cristiano Ronaldo est bien". Pauleta tente de tempérer : "Il ne faut pas miser toute la responsabilité sur un joueur", estime l’ancien Parisien. Deco rajoute : "Il est le meilleur joueur du monde, il est normal que l’équipe dépende beaucoup de lui". Paulo Bento résume : "Personne ne s’attend à ce que Cristiano fasse tout, tout seul". A lui de choisir avec qui…

…Sauf en Coupe du monde

S’il approche de la cinquantaine de "golos" en Seleção, le "Puto maravilha" (gosse merveille) ne jouit pas de stats excitantes en phase finale de compétitions majeures. Six buts inscrits au cours de ses Euros (2 en 2004, 1 en 2008, 3 en 2012) et seulement deux en Coupe du monde (1 en 2006 et 1 en 2010). Des chiffres qu’il compte bomber, comme son torse. Car Cristiano peut être fier. A 29 piges, il va devenir le Lusitanien ayant disputé le plus de rencontres pour son pays en Coupe du monde (il compte 10 matches comme Figo et Ricardo Carvalho, soit un de moins que Simão).

Parce que c’est le moment

"Je veux couronner ma carrière par un titre avec la Seleção". Depuis plusieurs mois, Cristiano assume ses envies. Voire plus : un rêve. Il ne lui manque plus que ça, un trophée avec le Portugal qui n’en peut plus d’attendre. La "génération dorée" dort et, à 29 ans, le gamin en or du foot portugais voit le chrono défiler. Quoi qu’il en soit, pour Ronaldo (le Brésilien), rien n’affecterait l’image de son quasi-homonyme : "Ne pas remporter le Mondial n’affecterait pas le statut de Cristiano Ronaldo".

Parce que son pays compte sur lui

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, Cristiano Ronaldo est bien plus qu’un footballeur en son pays. En janvier dernier, il a été fait Grand Officier de l'ordre do Infante Dom Henrique, de la main de Cavaco Silva, le président de la République. Son deuxième Ballon d’or avait suscité les félicitations du Premier ministre portugais et de son homologue espagnol. En mai, c’est le président chinois, Xi Jinping, qui, lors de la venue de Cavaco Silva, a souhaité "bonne chance à la Selecção pour le Mondial" et a souligné "le rôle important de Cristiano Ronaldo". CR7 est un remède contre la crise, un joli morceau de rêve pour lutter contre la morosité des Portugais ; mais, surtout, un motif de fierté pour ses compatriotes.
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Ronaldo a été fait Grand Officier de l'ordre do Infante Dom Henrique, de la main de Cavaco Silva, le président de la République

Crédit: Panoramic

Parce que les sponsors ont misé gros

CR7 est une marque. Porteuse. L’observatoire du Football, qui estime la valeur du joueur à 114 millions d’euros, en fait le deuxième le plus cher du Mondial (derrière Messi : 216M€). Selon une récente étude menée par la Repucom, "Ronaldo est le rêve de n’importe quel annonceur". Il est le footballeur le plus connu du monde (83,9% de taux de notoriété) et le plus "marketable". Les sponsors se l’arrachent. Cristiano apparait dans le classement du Time des 100 personnes les plus influentes du monde. Et chaque société qui a investi sur son image prie pour qu’il aille le plus loin possible. Le Jornal de Negócios estime qu’une place dans le dernier carré pourrait représenter un retour sur investissement de 150 millions d’euros aux sponsors du Portugal. CR7 fait vendre. Même chez ses ennemis. Les hackers ont fait de son nom leur principale arme pour hameçonner leurs victimes. Un sorcier ghanéen a profité de la médiatisation de ses récentes blessures pour s’en approprier la responsabilité et faire la promo de ses pouvoirs. Une marque de fringues brésilienne vient de lever une polémique en lançant une gamme de tee-shirts floqués : "C. Ronaldo is gay". Irina ne s’en plaindra pas…

Mais on ne sait pas dans quel état il sera

Pour l’ancien milieu de terrain de la Seleção, Pedro Mendes : "Si Cristiano est bien, le Portugal peut faire de grandes choses". La question est justement là : dans quel état sera le capitaine portugais ? En fin de saison, le Madrilène a accusé le coup physiquement. En avril, il s’était déplacé au cabinet du Dr Noronha, à Porto. A deux jours du match face à l’Allemagne, il s’entraîne (enfin) normalement. "Je voulais être à 110%. Je suis à 100% et je pense que ce sera suffisant pour aider la Seleção". Mais son genou et sa cuisse restent sous haute surveillance. Les Portugais balisent. Le Real Madrid aussi. Le président Pérez a mis son kiné à dispo de Bento. Même le mythique Nuno Gomes rumine : "Ca m’inquiète parce que nous parlons de Cristiano. Notre sélection comme n’importe quelle équipe est plus forte avec Cristiano Ronaldo. J’espère qu’il sera dans les meilleures conditions et qu’il jouera à son meilleur niveau".
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