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Coupe du monde 2014 - Belgique-Russie (groupe H) : Les Diables Rouges ont un sélectionneur en or

Geoffrey Steines

Publié 22/06/2014 à 01:43 GMT+2

Dans une équipe belge talentueuse, mais sans star confirmée de dimension mondiale, Marc Wilmots est celui qui incarne le renouveau des Diables Rouges sur la scène internationale. L’homme fort de la Belgique, qui a largement participé à relancer l’engouement populaire pour la sélection, réalise un sans-faute. Le Mondial doit valider ce travail sur le fond et la forme entrepris depuis deux ans.

Marc Wilmots félicite Marouane Fellaini après son égalisation contre l'Algérie

Crédit: Panoramic

Sur les coups de 20 heures mardi dernier en Belgique, un immense cri a déchiré le silence partout dans le pays. Les Diables Rouges n’ont pas raté leurs retrouvailles avec une phase de finale de grande compétition, après douze ans d’attente. Ils ont arraché un succès hyper important contre l’Algérie (2-1) pour leur entrée dans la Coupe du monde et pour se mettre en position idéale dans le groupe H. En cas de victoire contre la Russie dimanche (18h00), ils valideront déjà leur place en huitièmes de finale de la compétition. Le stade même qu’ils avaient atteint lors de leur dernière participation en 2002. Ce moment de communion que tout un peuple attendait, il n’aurait sans doute pas été possible sans le concours de Marc Wilmots. Ce dernier a réussi en deux ans à peine à remettre la Belgique sur la carte du football mondial.
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Marc Wilmots concentré avant Belgique-Algérie

Crédit: Panoramic

En 2012, Wilmots a récupéré, suite au départ surprise de Georges Leekens, dont il était l’adjoint, une sélection en jachère. Tout était à faire dans un groupe incapable de hisser ses performances à la hauteur de l’immense potentiel de sa "génération dorée", butant toujours sur l’étape des qualifications pour les grands tournois internationaux. Les échecs à répétition et le comportement pas toujours exemplaire des joueurs avaient même fini par lasser l’opinion publique. Toute ressemblance avec une situation vécue en France est purement fortuite. Sauf qu’en Belgique, à ce constat sportif s’ajoutait un contexte politique compliqué, dans un pays coupé en deux entre la Wallonie francophone et la Flandre néerlandophone. Cela ne faisait qu’accentuer les tensions dans un vestiaire divisé en clans, suivant les affinités et les langues maternelles de chacun.

Une campagne de qualif’ quasi parfaite

Mais ça, c’était avant. Avant la nomination de Wilmots. Dans un effectif composé d’excellents joueurs, d’Eden Hazard à Vincent Kompany en passant par Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku ou encore Axel Witsel, aucune star ne se dégage. La star, c’est le sélectionneur. Capitaine lors de la campagne belge de 2002, Wilmots (70 sélections, 28 buts) est adoré aux quatre coins du plat pays. Lucide, il est conscient que les Diables Rouges ont ensuite vécu une longue traversée du désert. Ils reviennent de "très loin", selon son propre aveu. "C'est un processus compliqué, reconnait le natif de Jodoigne (45 ans). Jusqu'en 2002, nous sommes parvenus à nous qualifier pour six Coupes du monde consécutives. Puis, le football belge a commencé à dégringoler. Trois ou quatre sélectionneurs se sont succédé et n'ont peut-être pas suffisamment osé. (…) On trouvera toujours toutes sortes d'excuses. Aujourd'hui, l'équipe de Belgique a repris sa route." Un retour dans le droit chemin que Wilmots a impulsé, tant sur le terrain qu’en dehors.
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Marc Wilmots en conférence de presse à Rio avant Belgique-Russie

Crédit: Panoramic

Dans le domaine sportif, il a mis en application ses idées de jeu pour façonner son équipe. L’ex-entraîneur de Schalke 04 détaille ainsi son projet de jeu. "En flamand, on dit ‘voor verdedigen’, ce qui signifie ‘défendre en avançant’. L'idée est de ne pas laisser d'espace et d'occasion à l'adversaire. Cela demande beaucoup de coaching et de force mentale. (…) J'aime les gens qui osent. La Belgique a les joueurs pour oser et se faire plaisir. Le plaisir est d'ailleurs un facteur très important pour moi." Il est surtout important d’en donner au public belge pour susciter l’adhésion de tous. La campagne de qualification pour le Mondial a parfaitement fait son office. La Belgique a régalé ses supporters par son jeu alerte et son efficacité, réservant son billet pour le Brésil avec huit victoires et deux nuls en dix rencontres, dix-huit buts marqués pour seulement quatre encaissés. Ces résultats ont ramené les Diables Rouges au onzième rang du classement, relançant l’engouement populaire derrière elle.
Tout le pays est derrière sa sélection, et il revit avec ces jeunes garçons
Dans le même temps, les Belges ont mené une immense opération de communication pour reconquérir leurs fans. A l’initiative de leur sélectionneur, ils se sont "invités" dans les foyers pour participer aux tâches du quotidien. Wilmots ne s’est pas arrêté là. L’ancien joueur de Bordeaux a aussi instauré des règles de vie commune très strictes. "Je suis à cheval sur la ponctualité. Ces règles sont les mêmes des U 17 jusqu'aux A. Celui qui ne les respecte pas ne vient pas en équipe nationale." Auteur d’un dérapage incontrôlé après la qualification acquise en Croatie en octobre dernier, Guillaume Gillet n’est plus revenu en sélection depuis. Maxime Lestienne, aperçu avec une fille pendant un rassemblement des Espoirs, a écopé de six mois de suspension. Michy Batshuayi et Ibrahima Cissé en avait pris cinq pour des faits similaires.
Pleinement soutenu dans sa démarche par sa Fédération, qui a d’ailleurs prolongé son contrat jusqu’en 2018, Wilmots est intransigeant. Cette communication à grands renforts d’images marquantes est certainement un poil forcée. Mais les Diables Rouges en ont reçu les dividendes ces derniers mois. "Il fallait voir ces milliers de supporters réunis sur les grandes places de Belgique, devant des écrans géants, le soir de la qualification, se réjouit Wilmots. Aujourd'hui, les dizaines de milliers de tickets mis en vente pour assister à nos matches partent dans la minute où ils sont disponibles à la vente. Tout le pays est derrière sa sélection, et il revit avec ces jeunes garçons". Il redécouvre surtout une raison de vibrer à l’unisson, après des années de déchirement entre la Wallonie et la Flandre.
Nous avons quatre ans pour réussir quelque chose
Même chez les néerlandophones, où des partis séparatistes ont réalisé des scores record aux dernières élections (l’Alliance néoflamande en tête avec 16,35% des suffrages lors du scrutin européen du 25 mai dernier), le soutien est inconditionnel pour la sélection belge. Tout est bon pour le montrer, jusqu’au papier toilette aux couleurs de l’équipe. Aucune voix, ou presque, ne s’élève pour remettre en cause le groupe bâti par Wilmots, symbole ultime de cette unité retrouvée. "Bien que j'aie été sénateur pendant deux ans, je ne fais plus de politique, affirme-t-il pour dépassionner le débat. Là, on parle de sport. Et effectivement, toute la Belgique se réunit derrière un drapeau, un maillot. Quand on voit le soutien inconditionnel du peuple pour son équipe nationale, cela en dit long sur l'amour porté par les Belges à leur pays."
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Marc Wilmots avant un entraînement de la Belgique pendant le Mondial 2014

Crédit: Panoramic

La passion est encore montée de plusieurs crans ces derniers jours, dans la foulée de la victoire contre l’Algérie. Depuis, Wilmots s’applique à calmer l’optimisme ambiant pour maintenir ses joueurs sous pression, à l’approche du duel avec la Russie. Pour lui, le Mondial n’est pas une finalité, mais une étape pour rêver plus grand dans le futur. "Le potentiel est là. Mais quand on voit ce qui est arrivé à l'Angleterre, à l'Espagne, à l'Italie, on se rend compte qu'un Mondial peut se jouer à rien. On passe vite de l'espoir au drame national. Pour le moment, le groupe est soudé et soutenu à 2000% par le peuple belge. La passé, c'est fini. Maintenant, mes joueurs ont le futur dans leurs pieds et dans la tête. Nous avons quatre ans pour réussir quelque chose." Une certitude, au moment des hymnes dimanche dans le Maracaña de Rio, tout un peuple entonnera en chœur la Branbançonne. Premier couplet en français, second en néerlandais. Comme pour apporter une preuve supplémentaire de ce sentiment de ne faire qu’un, qui n’a pas toujours été évident en Belgique.
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