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Dix ans après l'Euro 2004, le Portugal n'a pas oublié la Grèce

Nicolas Vilas

Mis à jour 31/05/2014 à 09:57 GMT+2

Pour son dernier match sur ses terres avant de voguer pour les Amériques, le Seleção affronte la Grèce, à Lisbonne. Une façon de célébrer les dix ans de son Euro. Un souvenir fort pour la Seleção qui a laissé de nombreuses traces.

Cristiano Ronaldo et le Portugal perdent la finale de l'Euro 2004 face à la Grèce.

Crédit: AFP

Peut-être y êtiez-vous, vous aussi, au Stade du Dragon, ce 12 juin 2004. Le Portugal inaugurait son Euro face à la Grèce. Dans l’euphorie. La défaite (1-2) n’y changea rien. Ce petit pays de 12 millions d’habitants voulait montrer qu’il était une grande nation du football. Alors, il vit les choses en grand. Le métro s’était infiltré sur les bords du Douro, les aéroports, les routes, les autoroutes, les stades s’étaient payés un remarquable lifting. Les drapeaux fleurissaient sur les balcons de chaque maison. Un souvenir marquant, qui a laissé de fortes images, vestiges et… ardoises. Dix ans plus tard, le Portugal affronte son bourreau avant de s’envoler pour sa tournée de préparation au Mondial, en Amérique. L’occasion de faire le bilan.

Des stades qui coûtent cher

Ce samedi, le Portugal reçoit la Grèce au stade du Jamor. L’enceinte, scène traditionnelle de la finale de la Coupe du Portugal, n’avait pourtant accueilli aucune rencontre du Championnat d’Europe des nations de 2004. Trop vétuste. La Seleção n’y mettait plus les pieds depuis un amical face à la Bolivie, en 2003 (4-0). Mais la Fédé a décidé de célébrer son centenaire dans le Stade National. Tout un symbole. Celui de l’histoire du foot portugais. Et donc de son Euro. Et donc de ses stades. Qui pour certains n’ont plus grande utilité.
Il y a dix ans, dix enceintes flambant neuves (rénovées ou construites) s’édifiaient pour l’occasion. Dix, c’était déjà trop. L’UEFA n’en demandait pas tant. Les devis portaient sur un coût initial de quelques 650 millions d’euros financés en grande partie par l’argent public. Mais les budgets ont explosé. Les pouvoirs publics se sont endettés au point – avec les intérêts, 13 millions de remboursement par an - de faire doubler la facture. L’entretien de ces œuvres est devenu insupportable. Or, l’heure n’est plus à l’or, ni à l’Euro. Le stade de Leiria – dont le locataire, l’União, évolue en D3 - a été mis aux enchères par la ville, en 2001. Aucun acheteur ne s’est pointé.
Le stade de l’Algarve recevait, épisodiquement, les équipes de la région (Olhanense, Louletano, Farense) voire quelques matches amicaux. Histoire de rendre (plus) utile, la toute récente sélection de Gibraltar y jouera ses rencontres de qualif pour l’Euro 2016. A Aveiro, le Beira-Mar a chuté en D2. Les responsables politiques s’interrogent sur la démolition de certains de ces écrins. Le taux d’affluence moyen de ces stades dépasse à peine les 30% en Liga, depuis huit ans. Aujourd’hui, beaucoup condamnent le manque de discernement sur les sommes engagées dans ces travaux. A tel point qu’aucune ville portugaise ne s’est portée candidate pour recevoir un match de l’Euro 2020.

Cristiano a confirmé, la Seleção toujours pas

Cristiano Ronaldo - qui sera forfait samedi - a ouvert son compteur en "A" au cours du match inaugural de l’Euro 2004, face à la Grèce (1-2). En dix piges, le gamin merveilleux du Portugal en est devenu son leader. Son meilleur buteur (49 buts). Il est, avec Hélder Postiga, le seul survivant (Quim, Ricardo Carvalho, Simão et Tiago ne figurent pas dans les liste de Paulo Bento) de cette compétition qui reste la plus belle perf de la Seleção. Car, depuis, les Portugais attendent toujours. La "Génération dorée" n’ayant jamais confirmé, les "Conquistadores" et "Navigadores" cherchant encore le chemin d’un premier trophée d’envergure.
La Seleção a pris l’habitude de ne plus manquer aucun rendez-vous important depuis 2000, ce qui est déjà une performance. Mais il lui manque encore cette ligne sur son palmarès. Voilà, peut-être, pourquoi elle voue un tel culte à ses joueurs et entraîneurs vainqueurs. Voilà pourquoi CR7 et ses deux Ballons d’or est si aimé. Le Portugal est le seul pays possédant trois BO ou plus (Pays-Bas, Allemagne, France, Italie, Brésil, Angleterre, Argentine, URSS et Espagne) n’ayant jamais remporté un tournoi majeur…

La Liga explose sportivement et implose économiquement

C’est certainement le grand paradoxe du football au Portugal. Cinquièmes à l’indice UEFA, ses clubs n’ont certainement jamais été aussi forts à l’échelle continentale. En 2004, le FC Porto de Mourinho remportait la C1, un an après avoir soulevé sa petite sœur. Depuis, il a gagné une autre C3 (2011), le Benfica a atteint deux finales de cette compétition (2013 et 2014) et le Sporting, une (2005).
Depuis 2002, au moins un club portugais s’est immiscé en quart de finale de Coupe d’Europe ! Mais tout ne va pas bien pour autant. Porto et Benfica ne sont que la flatteuse vitrine d’une industrie du foot en crise dans leur pays. Même le grand Sporting est en pleine reconstruction financière. Ces dernières années, Campomaiorense, Salgueiros, Alverca, Felgueiras, Estrela da Amadora ou Leiria ont fait banqueroute. Et d’autres clubs restent sous la menace.

La fausse stabilité politique

Les visages des patrons du foot portugais changent finalement peu. Certainement la conséquence de la politisation du football. Les changements se font en façade mais, dans le fond, peu d’évolution. Les droits télé, les sources de recettes, la formation sont des chantiers que les dirigeants promettent d’engager depuis des années mais qui – à quelques exceptions près - peinent à avancer. Les prochaines élections de la Ligue professionnelle devraient le confirmer. L’élu devrait être celui de la continuité. Mais sûrement pas celui de la stabilité.
En 2004, éclatait au grand jour l’affaire des matches truqués du "Sifflet doré" qui allait condamner le Boavista - qui avait fait peau neuve lui aussi pour l’Euro 2004 - à une rétrogradation. La saison prochaine, il sera repêché de la D3 à la D1, cette sanction ayant été invalidée… L’autre club de Porto devrait ainsi effectuer son retour dans l’élite avec, à sa tête, encore la très politisée et troublante famille Loureiro. Comme une sensation de déjà-vu. Au Portugal, si les présidents sont élus par leurs socios pour des périodes limitées (trois ans, souvent), près de la moitié des patrons de clubs de la Liga sont en place plus depuis dix ans. Et, il faut bien l’avouer, ce sont eux (FC Porto, Benfica, Braga, Nacional, Maritimo, Académica, Gil Vicente) qui ont les meilleurs résultats. Ce sont aussi souvent eux qui font affaire ensemble...
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