Mondial 2014 - Colombie : Les cinq lieutenants de James Rodriguez

En quatre matches, Juan Cuadrado a démontré à la planète football, qu’il était l’un des meilleurs joueurs de couloir du monde. C’est un titulaire indiscutable de la sélection colombienne. Capable de jouer latéral droit ou ailier droit, il est inépuisable dans son couloir. Grâce à sa vitesse et à son sens du dribble, il est capable de faire exploser une défense à lui tout seul. Et s’il est à ce niveau aujourd’hui, il ne le doit qu’à lui-même et à Nelson Gallego. Ce dernier est un formateur reconnu en Colombie. Et c’est lui qui a accepté de lui donner sa chance au Deportivo Cali. Avant cela, les recruteurs colombiens l’ont boudé car ils le trouvaient trop petit, trop frêle, trop léger physiquement. Mais avec l’aide de ce père spirituel (son père biologique lui, est décédé lorsqu’il avait 4 ans), il s’est construit un physique exceptionnel qui lui permet d’arpenter son couloir pendant 90 minutes.

D’ailleurs, il a débuté sa carrière au poste d’arrière droit. Et cette saison, Montella, l’entraîneur de la Fiorentina lui a demandé d’être plus concentré, plus appliqué dans les phases défensives. L’élève a obtempéré sans broncher. Auteur de 15 buts et de 9 passes décisives cette saison (en 42 matches), Cuadrado a franchi un palier. "C’est un joueur qui a toutes les conditions requises pour faire une superbe carrière, affirme Pekerman. Il est à l’écoute et ne cesse de progresser. Il est prêt pour jouer dans un très grand club." Marcelo, le latéral gauche brésilien, devrait avoir du pain sur la planche car Cuadrado n’a qu’une envie : lui faire tourner la tête et danser la salsa pendant 90 minutes.

Teófilo Gutiérrez est un attaquant talentueux qui ne laisse personne indifférent. En Amérique du Sud, c’est une sorte de rock-star tant il aime faire parler de lui sur et en dehors des terrains. Teo a explosé dans le club de Junior de Barranquilla avant d’aller s’enterrer sur le vieux continent à Trabzonspor en Turquie. Pour lui, c’est le début des ennuis. Puisqu’après quelques mois passées en Turquie, Gutiérrez s’enfuit chez lui en Colombie. Il se dit angoissé et incapable de vivre si loin de sa famille. Il n’est jamais revenu et préfère repartir à zéro en Argentine. Son séjour à Buenos Aires a fait couler beaucoup d’encre : buts, bagarre à l’entraînement, égo surdimensionné (il a eu l’insolence de se comparer à Lionel Messi dans les médias argentins) et surtout "l’affaire du pistolet"...

Alors qu’il joue avec le Racing un match crucial pour le titre, il inscrit un but en première mi-temps avant d’être expulsé (son équipe est finalement défaite 4-1). Dans les vestiaires, le ton monte, et il finit par sortir un pistolet de son sac. L’affaire avait fait grand bruit, surtout que ce pistolet s’est avéré être un jouet et que ce jour-là, Teo s’en est allé en taxi du stade. Il n’est jamais revenu. Après un passage au Mexique (Cruz Azul), il a évolué cette saison à River Plate. Cet attaquant très technique et imprévisible a un talent exceptionnel. Irrégulier en club, il est devenu incontournable en sélection. La fine psychologie de Pekerman n’y est pas pour rien. "Il doit comprendre qu’il doit se concentrer sur son jeu, sur son football, car il a tout pour être un très grand attaquant", n’a cessé de répéter le sélectionneur colombien. Depuis le début de ce Mondial, il est un titulaire indiscutable, mais Jackson Martinez gagne petit à petit du terrain.

L’attaquant du FC Porto est un joueur spectaculaire, un vrai numéro 9 qui est doté d’un véritable instinct de buteur. Toujours bien placé dans la surface, il est capable des acrobaties les plus folles pour mettre le ballon au fond des filets. Rapide, excellent dans le jeu aérien, ce droitier qui est loin d’être maladroit du pied gauche, a su remplacer Falcao au pied levé, en sélection comme au FC Porto. La panthère Martinez, qui se servait des têtes des poupées de ses sœurs pour jouer au football, a mis du temps avant d’exploser au plus haut niveau. A l’Independiente de Medellin, ses débuts son timides pour ne pas dire médiocres. Mais en 2009, il montre enfin de quel bois il se chauffe et enquille 17 buts en 20 matches de championnat.

Après un passage très remarqué au Mexique (aux Jaguares du Chiapas) ponctué par 36 buts en 68 matches, il atterrit sur le vieux continent, au FC Porto. Il a la lourde tâche de remplacer Falcao. Et il a réussi, ce qui n’est pas un mince exploit, puisqu’il a inscrit la bagatelle de 60 buts en 94 matches. Très croyant, Jackson Martinez a su répondre présent lorsque Pekerman a fait appel à lui. Pas toujours titulaire, il n’est pas du genre à pourrir l’ambiance du vestiaire. Lui, qui a commencé ce Mondial sur le banc, pourrait être à nouveau titulaire contre le Brésil.

Ibarbo, c’est l’une des surprises de la liste des 23 de José Pekerman. Il n’a pas été convoqué une seule fois lors des éliminatoires, et pourtant, Pekerman et son staff suivent et analysent ses performances depuis bien longtemps. Ibarbo est un attaquant dévoreur d’espaces, un profil unique dans la liste de Pekerman. Doté de capacités physiques exceptionnelles, il a été comparé au pays, à Faustino Asprilla et Freddy Rincon. Deux anciens attaquants rapides, puissants et techniques qui étaient capables, tout comme lui, de se lancer dans de longues chevauchées solitaires. Ibarbo bouge beaucoup sur tout le front de l’attaque. C’est lui aussi un très bon dribbleur et un bon dernier passeur (c’est un spécialiste des centres).

Depuis le début de la compétition, Pekerman l’aligne dans le couloir gauche. Et s’il lui fait confiance, c’est qu’il peut jouer à gauche, dans un 4-2-3-1, et devant, dans un 4-4-2. Bref, avec lui, sur le terrain, le sélectionneur colombien a plusieurs options tactiques. Après avoir début ce Mondial dans la peau d’un titulaire lors des deux premiers matches, Ibarbo est désormais remplaçant, mais Pekerman pourrait le ressortir de sa manche contre le Brésil. Ibarbo évolue depuis trois saisons à Cagliari, en Italie (107 matches, 13 buts) mais il devrait changer d’air après la Coupe du Monde (Juventus ?).

Quintero, c’est la dernière petite merveille, le grand espoir du football Colombien. Ce petit gaucher à l’exquise technique est, à 21 ans, le second joueur plus jeune de la liste des 23 (derrière le très prometteur défenseur central Eder Balanta). "Il fait la différence grâce à son intelligence, à ses passes et à ses idées", affirme l’un de ses formateurs. "Je suis né pour jouer au football, a déclaré la pépite colombienne. Je viens d’un quartier de Medellin réputé pour sa violence, mais je suis la preuve qu’il y a aussi beaucoup de gens qui ont envie de s’en sortir." Quintero est un patron, un chef d’orchestre qui a toujours brûlé les étapes. A 14 ans, il s’entraînait déjà avec le groupe pro d’Envigado, à 17 ans, il faisait ses grands débuts en première division et à 21 ans, il participe à se première Coupe du monde.

Ingérable dans les petits espaces, capable des gestes les plus fous avec le ballon, c’est également un spécialiste des coups de pied arrêtés. Pekerman l’a emmené au Brésil pour qu’il découvre le très haut niveau. Mais en deux bouts de match, et 83 minutes passées sur le terrain, il a quand même eu le temps d’inscrire un but. Il est un joker de luxe pour dynamiter les défenses. Cet admirateur avoué de Rivaldo et de Zidane évolue depuis cette saison au FC Porto, après une petite expérience à Pescara (l’ex-club de Marco Verratti). Après un début de saison compliqué, lui qui pensait aller voir ailleurs a été relancé à l’arrivée de Lopetegui au FC Porto (en 20 matches, il a inscrit 4 buts). Il représente le présent et le futur de la sélection colombienne. Un véritable "crack" (c’est ainsi que sont surnommés en Amérique du Sud les surdoués du ballon rond).