Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Pour le Brésil, c’est l’heure de prouver que la FIFA n’a pas commis une première erreur

Laurent Vergne

Mis à jour 11/06/2014 à 23:35 GMT+2

La Coupe du monde au Brésil débute jeudi à Sao Paulo. Le pays joue gros pour prouver que la FIFA a eu raison de lui confier les clés du camion mondial voilà sept ans.

Fernanda Lima et Sepp Blatter, au Congrès de la FIFA à Sao Paulo

Crédit: AFP

Le Brésil a eu sept années pour préparer sa Coupe du monde. Une de plus que ses prédécesseurs. Pourtant, à quelques heures maintenant du coup d’envoi de la compétition, il est clair que, tout en ayant dépensé beaucoup plus que prévu, tout ne sera pas prêt. Loin s’en faut. Qu’il s’agisse de certains stades (l’Arena Corinthians ou Curitiba notamment) ou des infrastructures (métro, routes, aéroports...), le retard accumulé se paie au final au prix fort. C’est donc une Coupe du monde encore partiellement en chantier qui débutera jeudi.
La FIFA a-t-elle eu tort d’accorder sa confiance au pays roi du football ? Le mois dernier, Sepp Blatter a fini par lâcher que confier l’organisation du Mondial 2022 au Qatar avait constitué "une erreur." Pour des raisons radicalement différentes (qu'il s'agisse de la culture footballistique ou de l'état des travaux, le Qatar sera l'anti-Brésil par excellence), la question se pose aussi pour l'édition brésilienne. Bien sûr, lors du Comité exécutif de la FIFA, vendredi, Sepp Blatter s'est voulu pleinement confiant et rassurant: le Mondial 2014 sera un grand succès, a-t-il martelé. Pourtant, ces derniers mois, au fil d'une dernière ligne droite stressante, l'instance dirigeante du football mondial a oscillé entre inquiétude et agacement.
picture

La Corinthians Arena de Sao Paulo, 2014

Crédit: AFP

A la place de la FIFA, le responsable du stade du match d'ouverture regretterait son choix
Le contexte du "Qatargate", dans lequel elle est en train de s'engluer, empêche la FIFA de trop insister sur les carences de la préparation brésilienne. Un boulet au pied suffit. D'où les circonvolutions langagières de Jérôme Valcke qui, dans une magnifique acrobatie verbale, avait déclaré fin avril : "je ne dirais pas que ce n'est pas prêt, je dirais que ce n'est pas fini." Certes. Mais à force de s'entendre dire au fur et à mesure de ses visites que "tout serait prêt pour le début de la Coupe du monde", le secrétaire général de la FIFA a fini par comprendre que la méthode Coué (celle, notamment, du Ministre des Sports, Aldo Rebelo) avait ses limites et que les actes ne pourraient rejoindre totalement les paroles. En mars, il avait même parlé "d'enfer" au sujet de l'organisation.
Au Brésil, plusieurs figures importantes ont, depuis, élevé la voix pour regretter l'incapacité du pays à se mettre à jour à temps. Pelé a parlé de "honte inacceptable" devant les retards accumulés. L'influent Andres Sanchez, ancien président des Corinthians aujourd'hui responsable des travaux de l'Arena Corinthians de Sao Paulo, a reconnu que la FIFA devait se mordre les doigts et s'arracher les cheveux. Il y a un mois et demi, lors d'une interview accordée à une chaine sportive brésilienne, il a estimé que la FIFA avait sans doute "des regrets" d'avoir accordé sa confiance au Brésil. "En tout cas, moi, à leur place, j'en aurais", a-t-il assené.
Il y a des leçons à tirer et il est certain que dans quatre ans, en Russie, nous agirons différemment.
Aucun haut gradé de la FIFA n'est jamais allé jusqu'là, publiquement au moins. Mais Jérôme Valcke a lâché qu'à défaut de regretter le vote en faveur du Brésil en 2007, il en avait de ne pas être intervenu plus tôt. "Peut-être aurions-nous dû impliquer le gouvernement brésilien plus tôt. Il y a des leçons à tirer et il est certain que dans quatre ans, en Russie, nous agirons différemment", a-t-il préconisé.
Maintenant, les dés sont jetés. Ce n'est plus l'heure d'attendre et "de tout reporter au lendemain", spécialité brésilienne selon Andres Sanchez. Le gros des travaux est effectué et, bon an mal an, le Brésil se dit (à peu près) prêt. Désormais au pied du mur, il a un mois pour le prouver. Du côté de la FIFA, on s'attend à quelques couacs et accrocs. Mineurs, pour la plupart, espères-t-elle. La perfection n'étant ni de ce monde ni de ce Mondial, la FIFA se contenterait volontiers de ces "petites" anicroches. En attendant, Sepp Blatter, Jérôme Valcke et les autres vivront le début du tournoi, jeudi, à Sao Paulo, avec quelques gouttes de sueur. Et ce ne sera pas dû à l'humidité ou à la chaleur.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité