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Argentine 2014 : Maradona - Messi : pourquoi, cette fois, la comparaison fait vraiment sens

Alexandre Juillard

Publié 30/06/2014 à 23:31 GMT+2

Lionel Messi n’est encore que l’héritier de Diego Maradona. Pour que l’élève dépasse le maître en Argentine, il doit gagner cette Coupe du Monde. Le Messi de 2014 est-il dans les temps pour imiter le Maradona de 1986 ? Pour l'instant, oui.

Maradona ve Messi

Crédit: Eurosport

Les Argentins sont des gens très superstitieux et encore plus lorsqu’il est question de ballon rond. Depuis de longues années, ils n’ont cessé de voir des ressemblances, pour le moins troublantes, entre D10S (Maradona) et Messi. Commençons par le plus évident : ils sont tous les deux gauchers. Ensuite, ils ont, tous les deux, débuté leur carrière internationale contre la Hongrie. Et d’ailleurs, la toute première sélection de Leo a eu lieu le 29 juin 2004, soit, le même jour que la victoire de l’Argentine au Mexique (le 29 juin 1986). Enfin, depuis le coup de sifflet final du quart catastrophique de l’Argentine contre l’Allemagne en 2010 (défaite 4-0), ils ne cessent de se projeter sur ce Mondial 2014, car pour celui-là, Leo aura presque le même âge que Diego en 1986 (27 ans contre 25 ans et 7 mois). L’âge de la maturité des numéros 10 et capitaines argentins ? Mais, ces comparaisons finalement, sont-elles justifiées? Nous allons le voir, elles sonnent plutôt juste cette fois-ci.

En 1986 comme en 2014, tous les deux sont attendus au tournant

En 1986, lorsque Diego Maradona débarque au Mexique, il vient de terminer une première saison encourageante avec le Napoli. Il a inscrit 11 buts (en 29 matches) et son club a terminé sur le podium en championnat (3e). Mais au pays, la sélection de Carlos Bilardo n’a pas bonne presse. Les Argentins leur prédisent l’enfer. Et pourtant, Maradona est l’une des stars annoncées du Mondial. "Mais même si Diego a toujours été un leader, assure Fernando Signorini, l’ex préparateur physique de Maradona, au Mexique, il voulait être le meilleur et il s’était donné les moyens pour le devenir. Une anecdote : avant le début du Mondial, je l’avais titillé, en lui disant que Platini, Rummenigge ou Lineker racontaient dans la presse qu’ils seraient les leaders d’une équipe qui visait le titre. Alors que lui ne disait rien. Le lendemain, en conférence de presse, il avait alors déclaré qu’il gagnerait la Coupe du monde. La machine était lancée."
Nous sommes l’Argentine, nous ne devons pas regarder nos adversaires mais plutôt tout faire pour être, toujours, les protagonistes sur le terrain.
En 2014, Leo Messi débarque au Brésil après avoir réalisé une saison mitigée sur et en dehors des terrains même s’il a encore une fois martyrisé les défenses (48 buts et 15 passes décisives en 53 matches). Blessé pendant de longues semaines, il a, cette saison, pris le temps de revenir. Preuve que la Coupe du monde est le grand objectif de sa carrière. D’ailleurs, c’est le tout dernier titre qu’il manque à son incroyable palmarès (avec, entre autres, six titres de champion, trois Ligues des champions, deux Coupes intercontinentales, une médaille d’or aux J.O…). Lui, qui est d’habitude toujours sur la réserve, a montré qu’il avait les crocs le lendemain de son premier match contre la Bosnie (victoire 2-1) : "Nous sommes l’Argentine, nous ne devons pas regarder nos adversaires mais plutôt tout faire pour être, toujours, les protagonistes sur le terrain." En Argentine, ces déclarations ont été très bien reçues car elles sont la preuve qu’il assume enfin son rôle de capitaine de l’Albicelste comme Maradona en 1986.
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Karl-Heinz Rummenigge et Diego Maradona avant la finale du Mondial 1986

Crédit: Imago

En 1986 comme en 2014, Diego et Leo deux capitaines indiscutables

Pour Maradona comme pour Messi, en 1986 comme en 2014, les deux hommes sont enfin les leaders incontestés de leur sélection. Ils portent tous les deux fièrement le numéro 10 et le brassard de capitaine. Bilardo en 1986 tout comme Sabella en 2014 ont tout fait pour mettre leurs stars dans les meilleures conditions. Quelques mois avant le Mondial mexicain, Bilardo avait confié le brassard à Maradona au détriment du kaiser argentin, Daniel Passarella. Ce dernier n’avait d’ailleurs même pas fait le voyage. Sabella lui, a "oublié" Carlos Tevez pour éviter toutes fritures sur la ligne avec son Leo.
Bref, Diego n’avait pas d’excuses tout comme Leo aujourd’hui. Avant le Mexique et le Brésil, Diego et Leo n’ont jamais vraiment brillé en Coupe du monde. En 1982, Maradona avait même été expulsé contre le Brésil lors de la deuxième phase de poules. Messi lui, a déjà participé à deux Coupes du Monde (2006 et 2010) pour un bilan famélique (un seul but). Alors, le Brésil (vu le contexte et les rapports très tendus entre les deux meilleurs ennemis du football mondial) est l’endroit idéal pour effacer le passé et pour devenir le meilleur joueur argentin de l’histoire. En tout cas, en 1986 comme en 2014, les équipes jouent et se battent pour leurs numéros 10. Même si, en 1986, la défense argentine était bien plus solide que celle d’aujourd’hui.
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Lionel Messi (Argentine)

Crédit: Panoramic

Un premier tout poussif en 1986 comme en 2014

Les fines bouches diront que l’Argentine de 2014 a bien des failles, qu’elle ne fait pas peur et qu’elle n’a pas encore sortie ce fameux match référence. Et alors ? Tant que Messi marche sur l’eau, tout peut arriver, non ? En 1986, Diego Maradona était monté crescendo dans la compétition. Mais son Argentine avait elle aussi commencé son Mondial sur la pointe des crampons. Au premier tour, face à la Corée du Sud (3-1), à l’Italie (1-1) et face à la Bulgarie (2-0), l’Argentine n’avait pas flambé. Maradona lui, avait déjà, pris les choses en main avec son but (contre l’Italie) et ses quatre passes décisives. Impliqué sur cinq buts sur six, Maradona avait joué les trois matches en entier (270 minutes). Leo Messi, lui, n’a pas toujours été transcendant dans le jeu, mais il a été d’une efficacité redoutable. Sur les 243 minutes qu’il a jouées, il a été impliqué sur quatre des six buts de son équipe. Il a d’ailleurs inscrit quatre buts de suite (contre la Bosnie, l’Iran et le Nigeria).
Maradona lui, avait inscrit quatre buts d’affilée en 1986, mais c’était en quart de finale (contre les Anglais, 2-1) et en demi finale (contre la Belgique, 2-0), à l’heure ou les grands joueurs se réveillent et les légendes se construisent. Maradona avait terminé la compétition avec cinq buts et cinq passes décisives au compteur ! En huitième de finale, Maradona n’avait ni marqué, ni réalisé de passe décisive contre l’Uruguay (victoire difficile 1-0). Ce match avait permis à l’Albiceleste de comprendre qu’elle pouvait également gagner sans un trait de génie de son numéro 10. Car, on l’oublie souvent, mais Maradona avait des soldats et des grands joueurs autour de lui (Valdano, Burruchaga pour ne citer qu’eux). Bref, une équipe, une vraie.
Pour l’instant, ce Messi-là est donc dans les temps du Maradona de 1986. Il doit continuer sur sa lancée car tout un pays attend encore plus de lui. Mais pour aller jusqu’au bout, il aura également besoin d’une équipe qui hausse son niveau de jeu.
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Messi, antes de comenzar el partido ante Bosnia.

Crédit: AFP

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