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Vue du Brésil, cette Seleçao reste loin de celle de 1982, mais elle a quand même la cote

Laurent Vergne

Mis à jour 17/06/2014 à 12:18 GMT+2

Incapable de séduire cette Seleçao 2014 ? Pas si vite. Au Brésil, on juge globalement qu'elle a non seulement les moyens de gagner, mais aussi ceux de surpasser en style l'équipe titrée en 1994 aux Etats-Unis. Son référent, il faut peut-être aller le chercher du côté de 2002. Avec Scolari, déjà.

Une belle supportrice du Brésil avant le match contre la Croatie, Coupe du monde 2014

Crédit: Panoramic

Au Brésil, il n'y a pas 60 millions de sélectionneurs. Il y en a 200 millions. Quand, en prime, c'est l'heure de la Coupe du monde et que, surprime, elle a lieu à la maison, non seulement chacun a un avis, mais il l'exprime plus fort que jamais. Supporters, journalistes, anciennes gloires, tout le monde porte un regard passionné sur la sélection nationale. Alors que le Mondial s'envole à peine, le pays affiche une confiance raisonnable envers sa Seleçao. Il croit en elle, parce qu'il croit toujours en la Seleçao, de toute façon. La confiance est là. Pas aveugle, mais réelle. Le groupe de Scolari jouit d'un a priori plutôt favorable, même si personne ne le voit forcément comme une immense équipe susceptible de marquer l'histoire du foot. Ce n'est pas ce qui lui est demandé.
Sa chance, c'est d'abord d'arriver après une cuvée 2010 qui n'avait pas bonne réputation. Pas du tout, même. Mauricio Savarese collabore au magazine Four Four Two et au New York Times. Il n'est pas tendre avec l'équipe qui a échoué en quarts de finale en Afrique du Sud. "Je n'aimais pas du tout cette équipe. Elle était terriblement prévisible, estime-t-il. Robinho était trop robotique, Luis Fabiano n'avait pas les moyens de surprendre, Kaka jouait blessé et puis, il y avait Bastos..." Il place d'ores et déjà celle de 2014 nettement au-dessus. "Marcelo est probablement le meilleur arrière gauche du monde aujourd'hui, c'est mieux que Bastos", souligne-t-il, avant d'énumérer: "Oscar peut être un joueur très intéressant, Neymar peut faire partie des plus grands. Même nos milieux défensifs sont plus talentueux aujourd'hui. Le Brésil a quatre options avec Paulinho, Hernanes, Ramires et Fernandinho. Comparé à 'l'élégant Felipe Melo' ..."  Bref, selon lui, si "le Brésil n'a pas toujours eu des équipes très divertissantes, il a toujours eu des joueurs divertissants. Sauf en 2010."
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Dunga sur le banc du Brésil lors de la Coupe du monde 2010

Crédit: AFP

Si Neymar et les autres veulent de l'amour, il faudra d'abord qu'ils amènent la joie
Un avis également largement partagé par une large frange des supporters brésiliens. Le Brésil 2010 a perdu en quarts de finale. Mais personne ne l'a vraiment pleuré. Pas longtemps en tout cas. "J'étais allé en Afrique du Sud, raconte Roberto, un fana des Corinthians avec 40 ans de souvenirs de Coupe du monde à son actif. Je m'étais ennuyé comme jamais, on avait le sentiment que l'équipe ne prenait aucun plaisir et, du coup, elle n'en communiquait aucun. Elle ressemblait trop à Dunga (NDLR: son sélectionneur). Autant quand la Seleçao a perdu en 1986 et surtout en 1982, ça a été vécu comme un drame, avec une profonde tristesse, autant en 2010, je peux vous dire qu'on a vite tourné la page."
1982, la référence à laquelle les Brésiliens reviennent toujours. "Ça reste la dernière très grande équipe du Brésil, même si celle de 2002 n'était pas mal non plus", juge Mauricio Savarese. Et même si elle n'a pas gagné. Le palmarès et l'empreinte, ce sont deux choses distinctes. "Je pense que l'équipe de 1982 est celle qui a le plus marqué les gens depuis la retraite de Pelé", confirme son confrère du journal Estado, Sandro Gamalho. Les gens avaient de l'amour pour cette équipe. Vraiment. Il n'y a pas eu le même amour depuis pour aucune Seleçao. Mais à la place, il y a eu la joie, en 1994 et 2002. La différence, c'est qu'avec Zico et Socrates, l'amour était là, quoi qu'il arrive. Là, si Neymar et les autres veulent de l'amour, il faudra d'abord qu'ils amènent la joie."
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Neymar, Hulk et Marcelo fêtent un but brésilien

Crédit: AFP

1994 aurait dû être une exception, c'est devenu une règle

Membre de l'équipe mythique de 1970, Tostao tient une chronique dans le quotidien pauliste, Fohla. "Il faut se rendre compte de ce que ça représente pour les membres de cette Seleçao de jouer la Coupe du monde à domicile, explique-t-il. C'est à la fois le plus beau des cadeaux, mais aussi la plus lourde des charges. Il serait injuste de lui demander de gagner le titre et en prime de pratiquer le football le plus enchanteur qui soit." Mauricio Savarese, lui, espère néanmoins que cette équipe penchera plus du côté de 1982 que de 1994 : "Aux Etats-Unis, il fallait gagner à tout prix pour évacuer la pression après 24 années sans titre. Le problème, c'est que ce qui aurait dû devenir une exception est devenu une règle."
Il se veut quand même optimiste. Pour une raison: Neymar. "Bien sûr qu'ils veulent juste gagner sans se soucier du beau jeu, mais la victoire de l'équipe, tôt ou tard, reposera sur les qualités de Neymar, et pas sur uneorganisation, comme en1994 ou même en 2010." Puisque 1982 semble un rêve inaccessible, le bon compromis en matière de référence stylistique, finalement, ne se trouve-t-il pas en 2002? Une Seleçao championne du monde mais pas trop restrictive? "L'intelligence de Scolari en 2002, note Sandro Gamalho, c'est d'avoir su établir une organisation solide mais en laissant s'exprimer Ronaldinho, Rivaldo et Ronaldo. S'il arrive à faire pareil cette fois, notamment avec Neymar et Oscar, on peut peut-être avoir à la fois le résultat et la manière." Les 200 millions de sélectionneurs pourront peut-être au moins s'entendre là-dessus.
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Neymar sous les couleurs du Brésil lors de la Coupe du monde 2014

Crédit: Panoramic

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