France - Pérou - Avec Hernandez, la France "peut être tranquille"

C'est un bloc de granit. Une masse impressionnante qui vous mord les mollets. On peut d'ores et déjà souhaiter bon courage à Andre Carrillo, l'ailier droit du Pérou, qui devra se coltiner l'infatigable Lucas Hernandez jeudi à Iekaterinbourg. Le Madrilène peut rater son match, se trouer, rater un centre, oublier un défenseur dans son dos mais il jouera toujours le jeu. A 22 ans et pour sa sixième sélection seulement, il a donné une leçon d'engagement à ses dix autres coéquipiers à Kazan samedi dernier. Lucas Hernandez a montré ce qu'il manquait aux Bleus : la bave aux lèvres.

L'équipe orpheline de Laurent Koscielny manque de joueurs qui aiment salir leur short. Alors forcément, Hernandez a un profil précieux : "La hargne ? J'ai toujours eu ça en moi", a-t-il témoigné cette semaine à Istra. "Depuis que je suis à l'Atlético, depuis onze ans, j'ai appris ça. Et Diego Simeone a amélioré cette grinta. C'est mon point fort, je ne vais jamais rien lâché dans un match. Avec moi, vous pouvez être tranquille, je vais toujours donner le meilleur", a-t-il prévenu vingt-quatre heures après avoir joint la parole aux actes à Kazan.

La France est tellement tranquille avec Hernandez que le latéral va être reconduit face au Pérou. Il a débarqué dans les 23 avec un job de doublure mais il n'a pas fallu longtemps à Deschamps pour faire évoluer les statuts. Une promotion express difficilement contestable : Hernandez s'est montré au moins aussi fiable que Mendy inquiétant. Et le poste faible des Bleus qui a vu passer tant de candidats si peu crédibles (Digne, Kurzawa, Amavi) semble enfin avoir pris de la consistance avec lui.

"Mon statut change parce que le regard qu'on porte sur moi a changé", témoigne-t-il. "Beaucoup de Français ne me connaissaient pas. Je joue dans un autre pays, c'est normal. Petit à petit, vous allez mieux me connaitre." A l'instar de Benjamin Pavard, son pendant côté droit, Hernandez a complètement rabattu les cartes et profité de la ligne de conduite d'un Didier Deschamps qui ne regarde pas les CV.

Le sélectionneur aime particulièrement l'état d'esprit du jeune, qui n'est pas sans rappeler celui de l'ancien capitaine des champions du monde. Le roc de l'Atlético détaille : "Que ce soit un match international ou un match amical contre une équipe de National, mon point fort c'est d'être toujours prêt dès la première minute."

"Je l'appelle mon soldat", dévoile son coéquipier à Madrid et en Bleu, Antoine Griezmann. "Parce qu'il est toujours présent, jamais blessé et que c'est un joueur important." "C'est un vrai guerrier, et un grand joueur", poursuit Benjamin Pavard, qui l'a longtemps côtoyé chez les Espoirs avant de connaître la même ascension fulgurante et inattendue avec les A.

Hernandez ne joue pas de rôle. Sur le terrain, cela se traduit par une agressivité sans borne, on l'aura compris. Devant les micros, par une fraîcheur bienvenue et une absence totale de calcul. Ses simulations face à l'Australie ? "Oui, il y a des moments où j'exagère un peu. Ça fait partie du spectacle et du jeu. Quand on gagne, ça permet de gagner du temps." Le système de jeu des Bleus ? "Personnellement, je préfère le 4-4-2 avec quatre milieux hargneux qui défendent à mort. C'est plus facile." Son niveau de jeu par rapport à Mendy ? "Benjamin va apporter beaucoup plus offensivement. Moi, je vais être plus solide." Franc, direct, sans artifice : décidément, Hernandez a tout pour plaire.