Prestige, surprises et ambiances de feu : ne ratez pas les barrages !

"Personne n’imagine ne pas aller au Mondial." A l’image de Gianpiero Ventura, le sélectionneur italien, personne en Italie n’ose songer au cataclysme que représenterait l’absence de la Nazionale en Russie. Pourtant, l’équipe de Marco Verratti a sans doute hérité du tirage le plus difficile avec la Suède.

Les quadruples champions du monde vont affronter jeudi une équipe elle aussi prestigieuse, aux résultats notables en Coupe du monde. La Suède s’est inclinée en finale contre le Brésil en 1958, et a terminé deux fois sur la troisième marche du podium (en 1950 et 1994).

Les Suédois ont manqué les deux dernières Coupes du monde, soit autant que l’Italie dans toute son histoire (en 1930 et en 1958). Mais la Suède se qualifie pour tous les championnats d’Europe depuis 2000, et s’est forgée une expérience dans les matches couperets, notamment lors des barrages de l’Euro 2016 face au Danemark (2-1 en Suède, 2-2 au retour).

Même privée de Zlatan Ibrahimovic, en retraite internationale depuis l’Euro 2016, la Suède a démontré qu’elle pouvait poser des problèmes aux grandes nations. La France, et Hugo Lloris, auteur d’une boulette ayant permis aux Suédois de s’imposer 2-1 à Solna en juin dernier, peuvent témoigner…

Jamais impressionnants pendant les qualifications, les Italiens auront fort à faire dans le barrage le plus attendu de la zone Europe. Il faudra se défaire, surtout, d’une équipe qui voudra prouver qu’il y a une vie après Zlatan.

Les amis de Will Grigg avaient mis le feu en France pendant l’Euro 2016. Une simple étincelle, se disait-on, alors que l’Irlande du Nord tombait contre le Pays de Galles en 8es de finale. Mais la surprise s’est prolongée lors des qualifications de la Coupe du monde 2018. Les Nord-Irlandais ont devancé la République Tchèque et la Norvège pour atteindre les barrages, derrière l’intouchable Allemagne.

En face, la Suisse a elle aussi réalisé un exploit : celui de terminer en barrages tout en restant invaincue jusqu’au dernier match de la phase de qualification. Forte de 9 victoires en 9 matches, la Suisse est tombée contre le Portugal lors de la dernière journée. Et la Seleçao n’a devancé les coéquipiers de Shaqiri qu’à la faveur d’une meilleure différence de buts.

La confrontation ressemble donc presque à une surprise. La Suisse, si elle part largement favorite, devra se méfier du fighting spirit nord-irlandais. Elle a sans doute déjà vu pire, certes à une autre époque : le barrage de 2005 face à la Turquie s’était achevé dans les débordements après la qualification de la Nati à Istanbul (2-0, 4-2).

Les coéquipiers de Jonny Evans chercheront à confirmer leurs progrès en se qualifiant pour une deuxième phase finale d’affilée. L’occasion de disputer une quatrième Coupe du monde, 60 ans après celle de 1958 où l’Irlande du Nord avait atteint les quarts de finale et connu son apogée.

L’interdiction des supporters visiteurs pour les deux matches a donné le ton de la double confrontation. Le barrage entre la Croatie et la Grèce aura tout du derby. L’aller à Zagreb et le retour au Pirée s’annoncent explosifs.

Les deux pays, bien que proches géographiquement, n’entretiennent pas une relation pacifique sur le terrain. Les supporters grecs sont notamment réputés pour entretenir des relations amicales avec leurs homologues serbes, qui ne tiennent pas les Croates en odeur de sainteté.

Mais le match ne se jouera pas qu’en tribune. Une série prendra forcément fin le 12 novembre au Pirée, puisque les deux équipes sont des spécialistes : elles ont remporté tous les barrages qu’elles ont joué. La Croatie a été reçue quatre sur quatre, alors que la Grèce a remporté la mise dans ses deux tentatives.

Les Croates partent favoris, malgré leur campagne très irrégulière qui les a vu finir derrière la surprenante équipe d’Islande. La Grèce, elle, a devancé la Bosnie pour atteindre les barrages. Elle s’est qualifiée lors des deux dernières Coupes du monde, atteignant les 8es de finale en 2014. Encore une série à achever pour la Croatie.

Martin O’Neill, le sélectionneur irlandais, et son homologue danois Age Hareide, anciens coéquipiers à Manchester City, ne se feront pas de cadeau. Les deux hommes voudront corriger l’absence de leur équipe respective lors de la dernière Coupe du monde au Brésil, dans le barrage le plus équilibré de la zone Europe.

L’expérience récente plaide en faveur des Irlandais : ils ont su en 2016 se sortir des barrages en se défaisant de la Bosnie-Herzégovine. Les Danois, eux, tombaient au même stade contre la Suède. Mais l’Irlande n’a pas participé à une Coupe du monde depuis 2002, au contraire du Danemark, présent en 2010. Et le traumatisme de 2009, où les Irlandais s’étaient inclinés en barrages suite à la fameuse main de Thierry Henry, reste vivace.

Les Danois, menés par un Christian Eriksen ayant pris une toute nouvelle dimension à Tottenham, chercheront à corriger l’irrégularité qui les caractérise dans ce véritable match d’outsiders. En face, les Irlandais miseront sur un collectif sans faille, bien que privé des cadres McCarthy, Keogh et Maguire.