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Mbappé, devenu un autre en restant le même

Maxime Dupuis

Mis à jour 15/07/2018 à 08:33 GMT+2

COUPE DU MONDE – Kylian Mbappé va disputer, à 19 ans, une finale de Coupe du monde, dimanche face à la Croatie (17h). Le Français aura symbolisé la réussite de l'équipe de France tout au long du tournoi. Après avoir manqué ses débuts, il a su mettre son talent au service du collectif, jusqu'à se fondre sans jamais renier ses qualités. Une marque supplémentaire de son intelligence.

Kylian Mbappé

Crédit: AFP

On n'est pas sérieux quand on a 19 ans. On n’a pas le temps pour ça. Parce que la jeunesse n'attend pas. Kylian Mbappé est jeune. Mais comme il va plus vite que les autres, il se donne le temps. L'étire pour réfléchir. Puis agir. Quand il entrera dimanche sur la pelouse du stade Loujniki, accompagné pour la dernière fois de tout le décorum de la FIFA au son du riff entêtant de Seven Nation Army de Jack White - chanson sortie quand le petit Mbappé avait 5 ans -, il n’aura pas conscience du chemin parcouru mais de ce qu’il lui reste à accomplir pour devenir un immortel alors même que le sablier de sa carrière est rempli jusqu'à ras bord. Quatre-vingt-dix minutes (ou plus) pour l'éternité.
A 19 ans, Kylian Mbappé n'a pas dû endurer les épreuves qu'a connues Olivier Giroud, parti de pas grand-chose pour avoir une chance de décrocher un Graal qui s'est refusé à des bien plus grands que lui, ni faire preuve de la même patience qu'un Hugo Lloris passé par les tréfonds et la honte d'une campagne sud-africaine avilissante. Mbappé, lui, est venu, il a vu et, demain soir, aura peut-être vaincu.

Le sens de la mesure

Comète apparue dans le ciel étoilé du football français il y a quelque dix-huit mois, il a cassé les barrières avec son talent. Et son intelligence. On ne le répétera jamais assez mais, derrière le football au talent d'exception et au-dessus des jambes de feu, trône une tête bien remplie et qui ne grossit pas à vue d'œil, malgré ce qu'on peut entendre ici et là.
Mbappé a le sens de la mesure, même si les Argentins vous jureront du contraire parce que face à l'Albiceleste, par une chaude après-midi tatare, il n'a pas fait dans le compromis, explosant aux yeux de la planète en même temps qu'il privait sans doute définitivement Lionel Messi de l'immense cerise qui manquera à sa majestueuse carrière.
Ce jour-là, Mbappé est devenu un autre, tout en restant le même. A savoir : un joueur qui a rapidement compris que son intérêt allait dans le sens de celui du collectif. Après l'Australie et un premier match de Coupe du monde qui n'a pas ressemblé à ce dont il avait rêvé, le Parisien s'est résolu à devenir le joueur qu'on ne lui avait jamais demandé d'être parce que son talent a toujours suffi à sa seule présence sur le pré. Mbappé a toujours été là pour gagner les matches. Pas pour éviter de les perdre. Dès le match du Pérou, il s'est pourtant mis au diapason, partageant le sacrifice tout en ramassant les lauriers.
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Choyé mais jamais épargné

Il fallait être en zone mixte à Iekaterinbourg pour comprendre combien cette mutation aura compté dans le parcours des Bleus. De Lloris à Matuidi, tous avaient fait passer le message suivant, appuyé jusqu'à l'extrême. Ça disait en substance : "C'est bien petit, tu as fait le job, continue comme ça". Les félicitations ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd et il faudrait être aveugle pour dire le contraire.
Kylian Mbappé n'aime pas qu'on lui rappelle son âge. Ce que les copains Bleus font allègrement, jusqu'à lui retrancher quatre années pour l'agacer un peu plus. Il ne goûte guère non plus au sobriquet "Kiki" qui le ramène à son état civil. Ce que les copains Bleus font… allègrement aussi.
Durant un mois, le jeune aura été choyé mais jamais épargné. Un équilibre qui ressemble à celui des Bleus et cristallise à merveille son Mondial : la France est une équipe constituée de talents individuels d'exception, dont Mbappé est peut-être appelé à devenir le plus grand. Mais, tout au long de cette Coupe du monde, elle aura surtout été une équipe. Le sacrifice. Le don de soi. On a demandé ça à tous, et même à un gamin de 19 ans qui a compris qu'il pouvait faire beaucoup de choses tout seul. Mais pas tout. Et certainement pas l'essentiel. C'est sans doute ça le plus impressionnant et le plus prometteur à l'orée d'une carrière qui n'en est qu'à ses premiers balbutiements. On peut être sérieux quand on a 19 ans.
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