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Axel Disasi revient sur la finale : "Quand je vois Kolo Muani armer, j'ai le réflexe de courir pour célébrer"
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Mis à jour 18/12/2024 à 12:50 GMT+1
Il y a deux ans, le 18 décembre 2022, l'Argentine et la France livraient l'un des matchs les plus iconiques de tous les temps en finale de Coupe du Monde. Axel Disasi, sur le banc des Bleus, avant d'entrer en toute fin de prolongation, livre ses souvenirs à Eurosport. Toujours aussi amer de n'être qu'un vice-champion du monde… Entretien.
L'arrêt de Martinez face à Kolo Muani en finale de la Coupe du monde
Crédit: Getty Images
Par Timothé CREPIN
Axel, si vous deviez résumer votre soirée du 18 décembre 2022, de cette finale légendaire, en un mot ?
Axel Disasi : Dingue ! C'est le mot.
Quel est le souvenir le plus fort de votre finale ?
A.D : Je crois que c'est l'égalisation, le 2-2 (Kylian Mbappé, 81e). C'était dingue. Il arrive peu de temps après le 2-1 (Kylian Mbappé, 80e, sur penalty). On est à peine en train de se remettre de ce premier but que le second intervient tout de suite après. Je revois l'explosion du banc de touche... On traverse le terrain, tous. Je repense aussi au stade. En arrivant, de l'extérieur, il était tout doré. Ça m'avait impressionné. Mais si je dois retenir vraiment un moment, c'est cette égalisation.
A.D : Je crois que c'est l'égalisation, le 2-2 (Kylian Mbappé, 81e). C'était dingue. Il arrive peu de temps après le 2-1 (Kylian Mbappé, 80e, sur penalty). On est à peine en train de se remettre de ce premier but que le second intervient tout de suite après. Je revois l'explosion du banc de touche... On traverse le terrain, tous. Je repense aussi au stade. En arrivant, de l'extérieur, il était tout doré. Ça m'avait impressionné. Mais si je dois retenir vraiment un moment, c'est cette égalisation.
Cette explosion du banc, vous la revoyez encore ?
A.D : À côté de moi, je crois qu'il y a William (Saliba), Mattéo (Guendouzi), Adri' (Adrien Rabiot). Ça s'est fait naturellement. On fonce. Au poteau de corner, je sais juste qu'on saute tous, qu'on se rentre tous dedans. C'était quelque chose de fort.
A.D : À côté de moi, je crois qu'il y a William (Saliba), Mattéo (Guendouzi), Adri' (Adrien Rabiot). Ça s'est fait naturellement. On fonce. Au poteau de corner, je sais juste qu'on saute tous, qu'on se rentre tous dedans. C'était quelque chose de fort.
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La joie des Français après le deuxième but de Mbappé face à l'Argentine en finale de la Coupe du monde 2022
Crédit: Getty Images
Est-ce le shot d'adrénaline le plus fort de votre carrière ?
A.D : Je ne sais pas. Il y en a eu d'autres, mais j'étais plus acteur, comme sur un but que je marque. Mais là, en tant que remplaçant, oui. Tu vis les émotions différemment. Quand tu es sur le terrain, tu es un peu plus concentré. Sur le banc, tu es un peu plus spectateur. Et tu vis le truc.
A.D : Je ne sais pas. Il y en a eu d'autres, mais j'étais plus acteur, comme sur un but que je marque. Mais là, en tant que remplaçant, oui. Tu vis les émotions différemment. Quand tu es sur le terrain, tu es un peu plus concentré. Sur le banc, tu es un peu plus spectateur. Et tu vis le truc.
Avant ce 2-2 fou, par quoi avez-vous été marqué dans cette finale ?
A.D : Je me rappelle avoir vu mon maillot dans le vestiaire avant le match. Avec écrit "Finale Coupe du Monde, Argentine-France", avec la date. Ça m'a fait un plaisir de fou. Ensuite, je dirais la mi-temps (L'Argentine mène alors 2-0). C'était fort. Kylian (Mbappé) parle, Steve (Mandanda) aussi. Ils nous rappellent que ce que représente ce moment, une finale, qu'on doit se rendre compte de la chance qu'on a d'y être, que ça n'arrive pas tous les jours... Moi, je suis là en train de me dire : "Je suis dans une finale de Coupe du Monde et ça ne peut pas se passer comme ça, c'est impossible !" Que les gars parlent, ça m'a marqué parce que même moi qui suis un peu de nature réservée, sur un moment comme celui-là, je me suis mis à encourager. Je me suis revu avec mon rôle de capitaine lorsque j'étais à Monaco (2020-2023). Car lors de mes premiers pas en équipe de France (NDLR : Il a été appelé pour la première fois en Bleus mi-novembre 2022, pour partir au Qatar), ce rôle, je l'ai complètement mis de côté car il faut faire sa place. Mais sur ce moment, ce côté "encouragement" est revenu.
Vous décidez alors de devenir acteur de votre finale...
A.D : Oui, oui. Mais je pense que ça coïncide avec l'entrée de Randal (NDLR : Kolo Muani, 41e minute. L'attaquant entre en même temps que Marcus Thuram pour remplacer Ousmane Dembélé et Olivier Giroud). Car quand il est entré, il a amené un truc. Nous, sur le banc, on l'a ressenti. Il a amené une énergie, en se battant sur tous les ballons. À l'image du penalty qu'il obtient (80e, faute de Nicolas Otamendi). C'était un client. Donc, à la mi-temps, on a tous peut-être dû ressentir cette énergie qu'il a apportée.
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randal Kolo Muani a réussi une belle finale face à l'Argentine
Crédit: Getty Images
On arrive à la prolongation : 2-3, puis 3-3 et ce nouveau penalty de Mbappé. On est dans les arrêts de jeu, les tirs au but arrivent et Didier Deschamps décide de vous faire entrer à la place de Jules Kounde. Que se passe-t-il ?
A.D : Ça s'est fait tellement bizarrement. Je ne m'échauffais même pas. Sur le banc, il n'y avait plus personne d'assis. Comme au quartier, on était tous débout, les Argentins l'étaient aussi. Donc je suis en train de vivre le match et on me dit : "Axel, tu rentres." J'étais tellement dans l'action que je n'ai même pas cherché à me dire : "Putain, je vais jouer !" J'ai enlevé ma chasuble et mon pull, et j'y suis allé direct. Ça s'est fait très rapidement. Même ma famille dans la tribune était surprise. Ce n'était pas comme si c'était un changement préparé. Tu n'as pas le temps de penser à ton émotion. Il y a 3-3, tu es en finale de Coupe du Monde et tu ne peux pas te poser telle ou telle question, c'est mort ! Tu ne peux pas. Surtout vu à quel point la fin de la prolongation était intense ! Ça se rendait coup pour coup !
À quelques secondes des tirs au but, Randal Kolo Muani bute sur Emiliano Martinez pour une occasion qui restera à jamais dans l'histoire. Où êtes-vous à ce moment précis ?
A.D : Je suis arrière droit. C'est Ibou (Ibrahima Konaté) qui récupère le ballon après un duel et met une espèce de ballon en cloche... Je ne sais même pas s'il fait exprès. Et quand le ballon rebondit, moi, je suis au marquage avec l'ailier argentin (Lautaro Martinez). Quand je vois que Randal est en train d'armer, j'ai un réflexe : je me mets à courir pour célébrer. Je suis déjà en train de m'avancer pour avoir cette explosion de joie. Je me revoyais sur le 2-2, quand on a couru sur le terrain. Car là, s'il y a but, c'est fini. Il frappe et l'autre (Emiliano Martinez) met son pied. Je me remets au marquage. Un ascenseur émotionnel de fou. En plus, dans la foulée, il y a une contre-attaque pour l'Argentine et ils mettent une tête (Lautaro Martinez se loupe et ne trouve pas le cadre)...
A.D : Je suis arrière droit. C'est Ibou (Ibrahima Konaté) qui récupère le ballon après un duel et met une espèce de ballon en cloche... Je ne sais même pas s'il fait exprès. Et quand le ballon rebondit, moi, je suis au marquage avec l'ailier argentin (Lautaro Martinez). Quand je vois que Randal est en train d'armer, j'ai un réflexe : je me mets à courir pour célébrer. Je suis déjà en train de m'avancer pour avoir cette explosion de joie. Je me revoyais sur le 2-2, quand on a couru sur le terrain. Car là, s'il y a but, c'est fini. Il frappe et l'autre (Emiliano Martinez) met son pied. Je me remets au marquage. Un ascenseur émotionnel de fou. En plus, dans la foulée, il y a une contre-attaque pour l'Argentine et ils mettent une tête (Lautaro Martinez se loupe et ne trouve pas le cadre)...
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La parade absolument incroyable d'Emiliano Martinez sur Kolo Muani
Crédit: Getty Images
Vous n'êtes pas dans les cinq premiers tireurs désignés : comment vivez-vous ce moment toujours un peu flou qui précède une séance de tirs au but, et encore plus en finale de Coupe du Monde ?
A.D : Je ne sais plus si c'est avant la prolongation ou avant les tirs au but : mais Randal (Kolo Muani), avant de se voir à la Coupe du Monde, je le connaissais un peu car on avait des amis en commun. Même si ensuite, on s'est vachement rapproché en équipe de France. Et on a à peu près le même parcours. On a une discussion un peu forte dans le sens où on se dit : 'de là d'où on vient... Là, on peut tout retourner !' Je le vois dans sa finale, et j'essaie de lui faire se rendre compte de l'importance qu'il dégageait, avec son énergie insufflée. Et son tir au but réussi (Kolo Muani est le quatrième tireur français. La finale se termine s'il rate sa tentative) le résume parfaitement. Visage fermé, un pétard, et il la met.
Quand Gonzalo Montiel transforme son tir au but et envoie l'Argentine sur le toit du monde, quelle émotion monte en vous ?
A.D : Dans les films, quand il y a un bruit de tir, tu as le son qui résonne, puis plus rien, simplement du silence. Et bah dans ma tête, c'était comme ça. Je sais que je viens de perdre une finale, mais je pense que le moment où je m'en rends vraiment compte, il arrive quelques mois après. C'est là que tu comprends là où tu étais. Et je me disais que, si on avait gagné, ça aurait été n'importe quoi ! Ça aurait été à vie. C'est cette question dans ma tête : "Imagine ? Imagine si l'histoire avait été différente ?" Il y a aussi un truc qui m'énerve encore aujourd'hui : quand on me dit "Tu es vice-champion du monde". Le vice, il fait mal. Très mal. Mais c'est la vie, c'est comme ça. Parfois, il y en a qui vont me le dire comme si c'était un palmarès. Mais ce n'est pas vraiment un palmarès, car il y a ce "vice". Et ce vice, il dérange, quand même.
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Axel Disasi après la finale de la Coupe du monde 2022
Crédit: Getty Images
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