Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Coupe du monde | Belgique : Eden Hazard, ce paradis perdu

Cyril Morin

Mis à jour 23/11/2022 à 19:16 GMT+1

COUPE DU MONDE - Capitaine d'une Belgique au statut incertain avant son entrée en lice ce mercredi face au Canada (20h), Eden Hazard n'a plus grand-chose à voir avec le joueur qu'il était lors du Mondial 2018. En quatre ans, le Belge a perdu beaucoup, de sa condition physique à ses certitudes mentales. Son statut de titulaire interroge presque chez les Diables Rouges…

Eden Hazard avec la Belgique

Crédit: Imago

De l'argent à l'éclat doré. A Moscou en ce 15 juillet 2018, la FIFA choisit Luka Modric au moment de désigner le Ballon d'Or de cette Coupe du monde russe. Officieusement, pourtant, le meilleur joueur de ce Mondial est bien son dauphin officiel : Eden Hazard. Le Belge a récité son football durant toute cette Coupe du monde, a battu un record de dribbles réussis face au Brésil de Neymar et a mis Benjamin Pavard au supplice lors d'une demi-finale en forme de tournant pour lui comme pour les Diables Rouges.
Cet Hazard-là, c'est un concentré de délices fidèles à son prénom : des changements de rythme violents, des feintes terribles, une vision de jeu hors-norme et cette capacité à dynamiter n'importe quelle défense. A 27 ans, le Belge atteint une plénitude qui ne se dément plus quelques mois plus tard, après un début de saison enchanteur avec Chelsea. "Messi et Ronaldo ? Je me mets à leur table depuis longtemps ! Même si ça ne fait que six mois, j'ai pris une belle dimension depuis la Coupe du monde. Je le sens, même dans le regard des gens", explique-t-il d'ailleurs à France Football à l'époque.
Il n'a pas tort. C'est presque comme un nouveau Galactique qu'il débarque au Real Madrid en cet été 2019, censé lui faire encore passer un palier. Le visage du Real 2.0 imaginé par Zinédine Zidane, c'est lui. Tout bascule pourtant au cœur de l'automne 2019, au Parc des Princes. Dépassé par un coup de rein de son pote, Thomas Meunier touche la cheville d'Hazard. Simple torsion ? Fissure finalement et début du cauchemar pour le capitaine des Belges.
picture

Eden Hazard au sol après son duel face à Thomas Meunier

Crédit: Getty Images

"Ce niveau de 2018, je ne l'ai plus"

Lui qui n'avait raté que 20 matches chez les Blues de 2012 à 2019, devient habitué de l'infirmerie. Avant d'arriver au Qatar, c'est à 72 matches avec le Real qu'il a dû renoncer à disputer. Cheville, covid, tendon, abdominaux : tout y passe, ou presque. Ses blessures récurrentes altèrent sa confiance en ses capacités, comme il l'expliquait récemment, en toute transparence auprès de L'Équipe. "J'ai moins d'explosivité mais ça va de pair avec l'âge, détaillait-il. Le fait d'être blessé déclenche une forme de peur. Je suis un joueur qui aime rentrer dedans. Peu de joueurs me prenaient le ballon. J'ai réfléchi à mon style. Si je continuais comme ça, est-ce que mon corps n'allait pas dire stop ? C'était plus psychologique".
Alors, Eden a changé. Lui le symbole d'un football tout en percussions et en provocations s'est rangé. Son jeu en pâtit, son niveau de performances aussi. Au Real, il a dégringolé dans la hiérarchie offensive, même lorsqu'il est en pleine possession de ses moyens. Comparé aux Benzema, Vinicius, Valverde ou Rodrygo, Hazard apparaît presque comme has-been.
Et c'est avec une sincérité désarmante qu'il évoque ceci. "Pour être honnête, ce niveau de 2018, je ne l'ai plus, avoue-t-il. Je ne le montre pas, mais j'ai trop souffert, mentalement et physiquement. Je n'ai pas honte de le dire. En 2018, j'étais peut-être dans les dix meilleurs du monde. Est-ce que je vais y revenir ? Je ne pense pas".
Des propos qui ont mis en alerte toute la Belgique. "Il donne lui-même des arguments pour aller sur le banc", titrait ainsi la Dernière Heure au moment d'analyser cet entretien accordé à L'Equipe. Ce n'est pas sa prestation en préparation lors de la défaite face à l'Egypte (2-1) qui a rassuré le plat-pays. "Les Diables inquiètent et Eden Hazard encore plus", résumait sèchement Le Soir dans la foulée du match.
picture

Eden Hazard (Belgique)

Crédit: Getty Images

Peut-il rester titulaire avec ce niveau ?

Les débats se sont multipliés depuis. Le feu-follet Doku, l'habitué Mertens, l'intelligent Trossard : la Belgique s'est creusée les méninges avant de finalement se résoudre. Hazard sera bien là, brassard au bras, pour défier le Canada mercredi. "S’il n’est pas en conférence de presse, c’est parce qu’il a déjà eu pas mal de demandes au niveau médiatique. C’est le lot d’un joueur du Real Madrid (sourire). Mais Eden sera bien titulaire mercredi et ce sera lui notre capitaine", a ainsi confirmé Roberto Martinez mardi en conférence de presse.
Ces dernières heures, c'est tout le groupe belge qui est monté au créneau pour défendre Hazard mais aussi leur honneur, face à un pessimisme ambiant qui les agace. "En Belgique, tout le monde aimerait retrouver l’Eden d’il y a quelques années et nous, à l’entraînement, on voit qu’il est toujours bien là, commentait Timothy Castagne cette semaine. Revenir dans le coup sans avoir du rythme de match, c’est impossible pour un joueur. Les 60 minutes qu’il a disputées vendredi vont lui faire du bien et il va essayer de grandir dans le tournoi. Il ne sera pas incroyable au premier match mais, petit à petit, il va reconstruire sa forme et avancer".
Ces Diables Rouges sont donc condamnés à croire en leur capitaine. Jusqu'à quand ? Mine de rien, le sélectionneur belge a esquissé auprès de la RTBF une potentielle porte de sortie que personne n'osait évoquer voilà quelques semaines. "Eden Hazard va débuter, il n'y a pas de débat pour moi. Le football va décider de la suite…"
Eden Hazard avant de partir pour le Qatar avec les Diables rouges.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité