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"Je suis quasiment sûr que la saison des Argentins est finie" : gare au relâchement après la Coupe du monde

Julien Pereira

Mis à jour 25/12/2022 à 21:19 GMT+1

COUPE DU MONDE 2022 - Il y a tout juste une semaine, la France et l'Argentine s'affrontaient en finale. Dès lundi et dans les prochains jours, une grande partie des mondialistes va devoir renouer avec son quotidien. Pour les joueurs concernés, le relâchement est une menace. Que leur aventure qatarienne ait été un échec ou une réussite. Attention aux possibles conséquences.

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Et maintenant, place à l'inconnu. C'est là, entre la poire et le fromage, que les clubs accueillent, au compte-gouttes, leurs mondialistes. Sans vraiment savoir dans quel état ils vont les retrouver, alors que rôde un syndrome inhérent de la Coupe du monde, à savoir le traditionnel "relâchement". Le terme n'a rien de scientifique, le phénomène n'est pas réellement étudié. Mais il existe. Et n'est absolument pas négligeable.
"On observe des manifestations similaires en fin de championnat - même s'ils ne sont pas aussi intenses qu'après la Coupe du monde - avec des équipes qui ont joué des phases finales, qui sont arrivées en fin de tableau ou qui ont été proches d'un titre, nous confie Anthony Mette, spécialiste en préparation mentale intervenant auprès de plusieurs institutions sportives. Là, il y a une déception et un cumul de fatigue physique et émotionnel qui provoque un gros besoin de repos. Généralement, les coaches qui sont un peu malins le ressentent, prolongent un peu les vacances et repoussent un peu la reprise."
Cette fois, ils n'ont pas vraiment le choix. La Premier League reprend dès le 26 décembre, la Ligue 1 deux jours plus tard et la Liga, le 29. Seuls les calendriers de Serie A et la Bundesliga ont offert un peu plus de répit. La situation est donc inédite. Et subie pour les clubs dont les moyens pour anticiper et endiguer un relâchement sont restreints voire inexistants.
Mbappé va rebondir en quelques jours mais pour d'autres...
"Pour vulgariser, on peut dire que le phénomène est un peu similaire à la confrontation à la mort, renchérit le docteur en psychologie. Certains vont être capables de vite faire face au décès, et d'autres vont avoir besoin de plus de temps car ils seront beaucoup plus chamboulés émotionnellement."
La capacité à éviter ce phénomène sera donc propre à chaque joueur. "Plus les gars sont équilibrés et entraînés mentalement, plus ils sont forts, avec toutes les compétences que ça implique, plus ils vont rebondir vite, estime l'auteur de plusieurs livres sur le domaine. Mbappé, par exemple, va rebondir en quelques jours. Pour d'autres, ce sera plus long. Voire jamais." L'attaquant du Paris Saint-Germain a repris l'entraînement moins de 72 heures après la finale de Coupe du monde perdue avec les Bleus.
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D'autres ont effectivement eu besoin de plus de temps. C'est le cas de Neymar et Marquinhos, de retour au Camp des loges jeudi, soit 13 jours après l'élimination surprise du Brésil en quart de finale. La superstar auriverde avait pourtant tout fait pour disputer le Mondial sur un pic de forme physique et technique. Le défenseur, lui, a qualifié de "cicatrice à vie" son échec lors de la séance de tirs au but perdue.

Un impact sur le physique, aussi

Pour Christophe Galtier et son staff, remobiliser ces deux joueurs en particulier ne sera pas une mince affaire. "C'est quelque chose que l'on peut travailler si les joueurs en question sont suffisamment stables et équilibrés psychologiquement, avec un profil ultra-résilient qui va leur permettre de vite dépasser ça", rappelle le spécialiste.
L'enjeu est de taille, puisque ce qui se passe dans la tête a un impact direct avec le corps et, donc, avec la performance. Les clubs engagés en Coupes d'Europe, par exemple, auront un mois et demi pour jongler avec les formes des uns et des autres.
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"Après une Coupe du monde, une Coupe d'Afrique ou un Euro, les joueurs sont souvent cramoisis physiquement, précise Anthony Mette. Parce que c'est un mois de compétition intense auquel il faut ajouter les déplacements, les trajets, la pression interne et externe, le décalage horaire, le décalage de température… Et il y a un phénomène très émotionnel avec le fait de vivre en communauté, enfermé, avec l'attente de tout un pays. C'est une pression de dingue. S'ils savent la gérer, ça va aller pendant et après. Sinon, ça fera des matches moyens, des conflits en interne et des reprises difficiles. Parce qu'entre les émotions et le physique, le lien est énorme."

Tous concernés... surtout les champions ?

La remarque est aussi valable pour les joueurs ayant réussi leur Coupe du monde. Il y a les Marocains, auteurs d'un parcours aussi formidable qu'éreintant. Et, bien sûr, les héros de l'Albiceleste, célébrés durant trois jours en Argentine. "Je suis quasiment certain que leur saison est terminée, assure le préparateur mental. Ils sont tellement dans l'euphorie que je n'arrive pas à imaginer qu'ils puissent redescendre et retrouver un niveau d'énergie et de stabilité suffisant."
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Et Lionel Messi, qui a lui aussi franchi le plus haut sommet de sa carrière, ne fera pas forcément exception. "En plus, il a un certain âge, souligne Anthony Mette. En Argentine, leur culture et leur rapport au football sont tellement différents, avec une fibre patriotique si importante, qu'ils ont véritablement atteint le Graal. Surtout qu'ils n'imaginaient pas l'atteindre, puisque c'était mal parti. Pour eux, c'est tellement fou qu'ils risquent d'avoir beaucoup de mal à retrouver un niveau de jeu correct."
Les Bleus sont bien placés pour le savoir, puisque le titre avait eu un impact considérable sur leurs performances en clubs, après coup, en 2018. Cette fois, le groupe de Didier Deschamps n'a qu'effleuré l'étoile mais la problématique existe encore. "Même si je pense que l'accueil qu'ils ont reçu place de la Concorde aura un impact positif, nuance le docteur en psychologie. Parce que cela a permis d'atténuer un peu la défaite."
Kylian Mbappé était pourtant encore très marqué, lundi soir. Ce qui ne l'a donc pas empêché d'être au Camp des Loges en début de matinée mercredi. "Lui, il est tout simplement à part, avertit Anthony Mette. C'est vraiment une exception, aussi, sur ce plan-là."
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