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Le Qatar peut-il surprendre sur le terrain ? "Ce n'est plus une équipe nationale, c'est une équipe de club"

Glenn Ceillier

Mis à jour 20/11/2022 à 14:41 GMT+1

COUPE DU MONDE - Le Qatar va lancer sa Coupe du monde contre l'Equateur ce dimanche (17h00). Le pays de la péninsule arabique s'est employé depuis des années pour faire bonne figure sur la pelouse pour son Mondial, le premier de l'histoire organisé dans le monde arabe. Et a rassemblé ses joueurs en stage depuis cet été pour cela. De quoi surprendre ?

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Ce n'est pas une équipe comme les autres. On parle du pays hôte déjà, ce qui est toujours singulier. Mais en plus, il plane une zone d'ombre sur cette formation du Qatar avant son match d'ouverture face à l'Equateur ce dimanche pour sa Coupe du monde. Les amateurs de ballon rond ne savent pas vraiment à quoi s'attendre avec Al Annabi (les Bordeaux). Car cette équipe, qui a joué ses derniers matches de préparation à huis clos, sans public ni retransmission télévisée, ne rentre pas dans les cadres habituels des sélections.
Que peut faire cette formation classée à la modeste 50e place du classement FIFA durant son Mondial ? Peut-elle surprendre son monde face à l'Equateur puis le Sénégal et les Pays-Bas ? Sur le papier, cela semble improbable pour une équipe qui ne possède pas un joueur référencé sur la scène internationale. Mais si le doute demeure, c'est lié au fait que le Qatar s'est offert des conditions exceptionnelles pour ne pas uniquement faire de la figuration pour sa Coupe du monde.

Six mois de stage ? "C'est un gros avantage"

Qualifié d'office dans le groupe A, le Qatar s'est activé pour se mettre dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, alors que les Bleus ont par exemple eu huit petits jours de préparation avant ce Mondial sans le moindre match amical à se mettre sous la dent, les joueurs de Felix Sanchez sont eux passés en "mode Coupe du monde"… l'été dernier. "Les joueurs du Qatar sont en stage depuis six mois. Il y a le risque d'avoir une petite forme de lassitude. Mais c'est un gros avantage si c'est bien géré. C'est même énorme", nous explique Christian Gourcuff, passé à deux reprises sur des bancs de clubs au Qatar - la dernière fois avec Al-Gharafa SC en 2018-2019 -.
Durant les six derniers mois, les champions d'Asie 2019 se sont préparés pour cette Coupe du monde à la maison, d'abord en Autriche, puis en Espagne. Imitant ainsi la Corée du Sud quand Guus Hiddink avait pu bénéficier de quatre mois pour préparer son équipe avant de surprendre son monde en échouant en demi-finale du Mondial 2002, puis à la 4e place. Bis repetita avec le Qatar ? "C'est l'inconnue. Eux, ce n'est plus une équipe nationale, c'est une équipe de club, nous répond Alain Giresse, champion d'Europe 1984 avec les Bleus et demi-finaliste du Mondial 1982 et 1986. Cela fait des mois qu'ils sont ensemble. En termes d'engagement, ça n'a rien à voir. Après, il y a la qualité qui vient derrière. Et là, on ne sait pas trop ce que ça va donner."
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Felix Sanchez, le sélectionneur du Qatar

Crédit: Getty Images

Le plan des dernières années a été conçu avec l'objectif de monter une équipe compétitive
C'est bien là que le bât blesse. Si le Qatar s'appuie sur une grande délégation de joueurs naturalisés - même si ce n'est pas dans les mêmes proportions qu'en handball (ndlr : ils seront normalement cinq dans le onze de départ dimanche) -, le pays de la péninsule arabique a investi en masse depuis des années maintenant pour améliorer le niveau moyen de sa sélection et montrer le meilleur visage possible durant ce Mondial 2022. Avec un exemple clef : la création d'Aspire, une académie installée dans un immense complexe sportif ultra-moderne destiné à former des champions dans diverses disciplines. "70% de l'équipe qui a remporté la Coupe d'Asie est passée par l'Aspire Academy", soulignait fin 2021 dans Sport Star l'ancien international australien, Tim Cahill, devenu responsable au sein de l'académie.
Le Qatar a aussi usé de son influence pour permettre à son équipe d'emmagasiner de l'expérience. La sélection qatarienne a ainsi été invitée à disputer la Copa America 2019 (ndlr : un nul, trois revers) avant de jouer la Gold Cup 2021 pour un bilan intéressant (ndlr : trois victoires, un nul et un revers en demie contre les Etats-Unis). "Pour nous, le plan des dernières années a été conçu avec l'objectif de monter une équipe compétitive pour la Coupe du monde", a résumé le sélectionneur espagnol Felix Sanchez, arrivé à Doha en 2006 pour s'occuper des équipes de jeunes de l'académie Aspire.
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Ce sera ou tout bon ou tout mauvais
En plus de cette préparation atypique pour monter en puissance et comme en témoigne le parcours de son sélectionneur, le Qatar peut surtout s'appuyer sur une stabilité d'exception depuis des années. "Le coach est en place depuis 2017. Il a eu la plupart des joueurs en sélections de jeunes, apprécie Christian Gourcuff. C'est une équipe qui se connait très bien. Ils ont misé sur la cohésion, d'équipe et tactique. De ce côté-là, on ne peut pas faire mieux. Après, c'est la valeur individuelle des joueurs qui fait qu'il ne faut pas non plus en attendre des miracles."
Conscient de ses limites, le Qatar essaye depuis cet été de compenser ça sur le plan collectif en accumulant les matches de préparation. Et si ceux de septembre n'étaient pas encourageants (ndlr : 1-1 contre la Jamaïque, défaite 2-0 contre le Canada, 2-2 contre le Chili), les joueurs de Felix Sanchez ont décroché des succès, certes pas vraiment prestigieux mais quand même bons pour la confiance depuis (ndlr : Guatemala 2-0, Honduras 1-0, Panama 2-1 et l'Albanie 1-0).
Pour son Mondial - le premier de l'histoire organisé dans le monde arabe -, le Qatar n'est donc plus vraiment la sélection anecdotique d'il y a quelques années et n'est peut-être pas à prendre à la légère. "Cela fait plus de douze ans que le Qatar prépare ce match, se méfie Gustavo Alfaro, sélectionneur argentin de l'Equateur. Ils ont été champions d'Asie, ils ont déjà un palmarès. Ce n'est pas un participant qui vient jouer seulement parce qu'il organise le tournoi". "Il y aura aussi une grosse pression avec l'attente nationale. Donc ce sera ou tout bon ou tout mauvais", prédit de son côté Christian Gourcuff.
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