Coupe du monde Qatar 2022 | Maroc - Croatie : un remake de la phase de poules pour un podium

En conférence de presse ce vendredi matin, Walid Regragui a synthétisé à lui tout seul l'état d'esprit contrarié qui accompagne l'avant-match d'une petite finale. "Pour moi, on est à la place du con quand on est troisième ou quatrième. Ce que je retiens, c'est qu'on n'est pas en finale et, même si j'étais en finale et que je finissais deuxième, je dirais la même chose", a d'abord lâché le sélectionneur marocain. Ce qui ne l'empêcha pas, quelques minutes plus tard, de confier que "les joueurs ont encore faim, ont envie de bien terminer, ils se rendent compte qu'il y a encore un match à jouer et je pense qu'ils ont bien compris que terminer troisième, ça n'était pas terminer quatrième, et que ça serait bien de ramener une médaille à la maison."

Si Walid Regragui a tant de mal à se mettre d'accord avec lui-même, c'est d'abord parce que, rappelons-le, c'est la première fois que le Maroc se hisse à un tel niveau lors d'un Mondial. Invraisemblablement insubmersibles jusqu'au dernier carré, les Lions de l'Atlas ont l'opportunité de planter pour de bon leurs griffes dans l'histoire de la Coupe du monde, en accrochant à leur tableau de chasse déjà bien garni une ultime proie de choix. "C'est un bon match à jouer car on peut terminer troisième, et c'est quelque chose qui n'est jamais arrivé à une équipe africaine et au Maroc", soulignait ainsi le Toulousain Zakaria Aboukhlal en conférence de presse, au côté de son entraîneur.

Côté croate, les compteurs sont d'ores et déjà remis à zéro avant cet ultime duel. Andrej Kramarić avait à peine sept ans en 1998, lorsqu'il a vu la troupe de Davor Suker placer son pays sur le podium d'une Coupe du Monde pour la première fois. "La victoire face aux Pays-Bas, c'était un match vraiment énorme, très important pour l'histoire du football croate. Maintenant nous sommes dans cette situation, c'est donc un match historique", a rappelé l'attaquant des Vatreni, qui, n'a donc aucun doute sur le fait qu'en face, les Lions auront retrouvé tout leur appétit : "pour eux, c'est la même situation que pour nous en 1998, ils donneront leur vie pour gagner la médaille."

Un match pour la troisième place aux doux effluves de 1998 donc, mais aussi aux relents de 2018, puisque pour la deuxième fois consécutive après la rencontre entre la Belgique et l'Angleterre, deux adversaires de la phase de poules se retrouvent à l'heure d'empocher la médaille de bronze. Et si la rencontre qui avait lancé ce surprenant groupe F avait surtout montré deux équipes à la peine offensivement (6 tirs dans le match au total), ce remake un mois plus tard offre une tout autre perspective.

Du fait du parcours des deux équipes d'une part, mais aussi parce que dans l'histoire du Mondial, la petite finale est bien souvent un match plaisant. L'enterrement du Brésil par les Pays-Bas en 2014 (3-0), l'Allemagne-Uruguay à rebondissements de 2010 (3-2), ou le Turquie-Corée du Sud de 2002 (3-2) marqué par le but supersonique d'Hakan Şükür : en Coupe du Monde, éviter à tout prix la médaille en chocolat n'a jamais empêché de se régaler. De ce match des perdants, le Maroc et la Croatie peuvent sortir grandis ; suffit d'un ultime coup de collier, pour à jamais le sertir.