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Mondial 2022 : Que vaut vraiment l'Espagne ?

Vincent Bregevin

Mis à jour 23/11/2022 à 16:36 GMT+1

COUPE DU MONDE – L'Espagne avance masquée au moment de débuter son tournoi, mercredi face au Costa Rica (17h). La sélection de Luis Enrique a montré un net regain de forme en atteignant les demi-finales du dernier Euro et peut s'appuyer sur un style de jeu qui lui garantit toujours une qualité collective. Mais elle affiche encore certaines lacunes qui semblent limiter son potentiel.

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Elle n'est pas vraiment favorite. Elle n'est pas non plus négligée. L'Espagne n'est pas facile à situer avant son entrée en lice dans le Mondial 2022 face au Costa Rica. Mais elle a clairement des raisons de croire en ses chances. La sélection de Luis Enrique a su confirmer son renouveau entamé à l'Euro 2020 par une demi-finale perdue aux tirs au but face au futur vainqueur de l'épreuve, l'Italie. Encore dans le dernier carré de la Ligue des nations en 2021, de nouveau qualifiée pour le Final Four de l'épreuve en 2023, la Roja réapprend à gagner. A faire partie des équipes qui comptent. Un phénomène qui n'a rien d'anodin avant une Coupe du monde.
Elle constitue une véritable échéance pour Luis Enrique. Arrivé sur le banc de la Roja en 2018, l'ancien entraîneur du Barça a pu bâtir son groupe sur la durée. Une continuité qui se lit dans les choix de sa liste pour le Mondial au Qatar. "Il a pris 26 joueurs qu'il a régulièrement appelés depuis qu'il est sélectionneur de l'Espagne, note Felix Martin, journaliste pour eurosport.es. Ces 26 joueurs, Luis Enrique sait qu'ils croient tous en lui et en son idée du football." En misant d'abord sur des éléments qui adhèrent à son discours, Luis Enrique a clairement privilégié une logique de groupe.

"Eric Garcia n'inspire confiance à personne"

Au détriment du talent individuel ? C'est toujours l'équilibre délicat qu'un sélectionneur doit trouver. Si son groupe ne manque pas de qualités, l'absence de certains joueurs à des postes spécifiques a pu surprendre. Comme souvent avec l'Espagne, c'est l'attaque qui est concernée. Mais pas seulement. "Pour moi, il manque le meilleur buteur espagnol du championnat, Borja Iglesias, ou Iago Aspas, estime Felix Martin. Il manque aussi un leader en dehors de Sergio Busquets. Un joueur capable de porter l'équipe sur ses épaules dans les moments difficiles. Comme Sergio Ramos."
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Sergio Ramos (PSG)

Crédit: Getty Images

Le choix de Luis Enrique de se passer de Ramos est assez symbolique. Intégrer le défenseur de 36 ans à la liste pour le Mondial avait d'autant plus de sens que la défense n'est pas vraiment considérée comme un atout de l'Espagne. "C'est le secteur faible, et c'est justement celui qui prend de l'importance dans les matches à élimination directe, souligne Felix Martin. Unai Simon, qui devrait être titulaire dans le but, est réputé pour ses sautes de concentration. De plus, Eric Garcia n'inspire confiance à personne, sauf Luis Enrique. On pourrait en dire autant de Dani Carvajal, Jordi Alba ou Pau Torres."

Un style qui traverse les époques

Au-delà de son leadership, le défenseur de 36 ans a montré qu'il avait retrouvé de belles sensations cette saison au PSG, après deux années de galère avec des blessures à répétition. Il pouvait potentiellement apporter une plus-value technique très intéressante pour la défense espagnole. Mais intégrer un joueur aussi influent pouvait éventuellement modifier l'équilibre du vestiaire de la Roja. C'est ce que Luis Enrique a voulu préserver en priorité, quitte à tirer un trait sur la perspective de renforcer un secteur faible. L'Espagne misera sur d'autres qualités au Qatar.
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Gavi (Barça) sous le maillot de l'Espagne

Crédit: Imago

Elle en a. Elles correspondent à cette identité qui avait fait sa gloire par le passé. "Le style de l'Espagne traverse les époques, résume Felix Martin. C'est celui qui lui avait permis de remporter deux titres de champion d'Europe (2008 et 2012) et un sacre mondial (2010), un style à la barcelonaise, reconnaissable à la possession de balle et, parfois, à un jeu sans véritable numéro 9." Un style dont les jeunes pépites du Barça, Pedri et Gavi, sont les principaux garants avec l'expérimenté Sergio Busquets, seul rescapé du parcours victorieux de la Roja à la Coupe du monde 2010.

Du nouveau, quand même

C'est la plus-value sur laquelle l'Espagne doit capitaliser. Un style qui lui offre la perspective d'une domination collective de son adversaire et d'une maîtrise supérieure dans le jeu. Mais cela a autant fait la force de l'Espagne entre 2008 et 2012 que sa faiblesse entre 2014 et 2018. Sa tendance à imprimer un tempo lent pour assurer la conservation du ballon la met régulièrement en difficulté sur les changements de rythme, tant pour déséquilibrer l'adversaire en phase offensive que pour lui résister sur les transitions défensives. Ce n'est pas son seul défaut. Ses lacunes récurrentes dans la finition en l'absence d'un buteur de calibre mondial continuent de la plomber.
Ce n'est pas une nouveauté. Ce qu'il y a de nouveau, c'est la présence de joueurs capables de déséquilibrer l'adversaire sur la vitesse ou le dribble, comme Ansu Fati ou Nico Williams en sortie de banc. C'est aussi cette génération émergente, incarnée par Pedri et Gavi, qui a prouvé son potentiel à l'Euro ou en Ligue des nations. Et qui donne de l'espoir à tout un peuple. "L'Espagne peut jouer un rôle important au Mondial, avance Felix Martin. C'est une équipe compétitive qui peut atteindre les quarts ou les demi-finales, et rêver de réaliser quelque chose de grand." Transformer le rêve en réalité, c'est justement l'immense défi qui attend la Roja au Qatar.
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