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Sidney Govou : "Il est impossible de se remettre d’une défaite en finale de Coupe du monde"

Bruno Ahoyo

Mis à jour 21/12/2022 à 15:23 GMT+1

COUPE DU MONDE - Ex-international français et consultant pour CANAL+, Sidney Govou a connu la désillusion d’une finale de Coupe du monde perdue aux tirs aux buts avec les Bleus. C’était à Berlin, en 2006 contre l’Italie (1-1 a.p, 5-3). Présent dimanche soir à Lusail lors de la finale, il explique le chemin de croix que peut constituer le lendemain d'une défaite en finale de Coupe du monde.

Kylian Mbappé a vu le doublé lui échapper

Crédit: Getty Images

Sidney Govou, comment se remet-on d’une défaite en finale de Coupe du Monde ? Le réveil doit être compliqué.
Sidney Govou : Alors… De mémoire, on était rentrés le lendemain à Paris, on était allés à l’hôtel du Crillon… Tu essayes de passer à autre chose mais tu ne t’en remets jamais. En fait, tu ne peux pas te remettre d’une défaite en finale de Coupe du Monde. Mais d’un autre côté, ça fait partie du boulot… Donc t’es obligé de t’en remettre, tu retournes en club etc. Avec cette équipe de France-là, nous avions eu la chance de faire un beau parcours donc, avec de gros guillemets, "c’est un peu plus simple". Mais tu t’arrêtes aux portes de ce qui est le plus gros au monde. Donc tu ne peux pas t’en remettre. Non. Tu ne peux pas.
Pourtant, à l’image des Bleus à la place de la Concorde lundi soir, à l’hôtel du Crillon vous affichiez de larges sourires. Était-ce des sourires de façade ?
S.G : (il coupe) Non mais tu souris parce que tu es heureux, tu vois des gens, tu es content de communier avec les gens qui sont là. Mais individuellement parlant, et même sur au plan collectif : vous ne pouvez pas vous en remettre. Non. On fait avec cette défaite en finale. En réalité, l’histoire c’est comment tu composes avec cet échec, ce n’est pas comment tu t’en remets.
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Sidney Govou au balcon de l'hôtel Crillon après la finale 2006 (JACQUES DEMARTHON/AFP via Getty Images)

Crédit: Getty Images

Donc un joueur comme Ousmane Dembélé, protagoniste malheureux de cette finale, risque de passer des jours et des nuits compliqués…
S.G : Je ne pense pas. Le monde a changé ! Tout va désormais très vite, et ça a un côté positif. Dans tous les sens ! A un instant précis, tu es le meilleur joueur du monde et deux secondes après, tu es l’homme le plus décrié et détesté du monde. C’est sa chance et celle de tous ces jeunes joueurs. Il s’en remettra. Tout le monde se remet de ses erreurs.
Arrive-t-on vraiment à profiter de ses vacances ?
S.G : (Sourires) Ah si, si. Les vacances, c’est les vacances ! Je suis parti au soleil avec entrain. C’était ma seule envie après cette défaite aux tirs aux buts.
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Avant l'Argentine, ces séances qui ont brisé le cœur des Bleus

Est-ce que cette reprise rapide des championnats européens va réellement les aider ?
S.G : Là, ils vont avoir 2 ou 3 semaines de vacances. Je ne pense pas, très clairement, que le Paris Saint-Germain va faire reprendre Kylian Mbappé et Lionel Messi la semaine prochaine. J’estime qu’il y a un hiatus minimum à respecter donc il n’est dans l’intérêt de personne de les faire reprendre avant les trente-deuxièmes de la Coupe de France par exemple. Il est incontestable qu’il faut les laisser bien récupérer.
Mais ne vous a-t-il pas trotté dans la tête, des idées comme "pourquoi l’entraineur ne m’a pas fait rentrer" etc. ?
S.G : C’est bien ce que je dis. Tu ne peux effacer ces idées et cet évènement. Tu fais avec cette déception, et tu fais avec au mieux. S’en remettre non. J’insiste bien là-dessus.
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Sidney Govou récupère sa médaille après la défaite en finale de Coupe du monde

Crédit: Getty Images

Perdre aux tirs aux buts sans participer à la séance, c’est encore plus frustrant non ?
S.G : Très honnêtement… Pour moi, perdre, c’est perdre. Aux tirs aux buts, 2-0, 3-0… T’as perdu, t’as perdu.
Est-ce que le fait de recroiser l’Italie victorieuse juste après en éliminatoires et de remporter le match fait encore plus mal?
S.G : Non… Ça a fait du bien aux gens, qui se sont dit que c’était une revanche. Mais il n’y a jamais de revanche de finale de Coupe du Monde. Ça n’existe pas. Même les recroiser ne m’a rien fait de spécial. Ça reste du sport : on a perdu contre une équipe, après tu les retrouves parce qu’il faut se qualifier pour un Championnat d’Europe des Nations qui arrive après. Psychologiquement, je n’ai pas abordé ce match en me disant on va prendre notre revanche etc. C’était un match de qualification qu’il fallait jouer. Point.
Est-ce que quand vous mettez votre doublé, vous vous dites : 'j’ai montré à mon sélectionneur, Raymond Domenech, que j’aurais pu jouer et être décisif lors de la finale de Berlin' ?
S.G : Pas du tout. Ça ne veut rien dire. La vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Je ne raisonne pas de la sorte au quotidien. Je n’avais rien à prouver à mon coach, ni à mes coéquipiers. Quand j’ai su que j’allais démarrer ce match en tant que titulaire, je me suis dit que j’allais montrer mes qualités. Mais je n’ai pas du tout pensé au fait d’être resté sur le banc à Berlin. Je n’avais pas besoin de montrer que j’étais un grand joueur. Je savais déjà que j’en étais un donc bon (rires). Beaucoup de gens se demandaient pourquoi j’étais là alors que je n’avais pas joué une minute en club à cause de mes velléités de départ à Lyon mais j’étais là pour faire mon job. Et je l’ai bien fait.
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Sidney Govou avec la France contre l'Italie en 2006.

Crédit: AFP

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