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Hambourg, le "dinosaure" allemand est en train de payer la note

Polo Breitner

Publié 11/02/2014 à 17:05 GMT+1

Rien ne va plus à Hambourg, plongé dans une crise structurelle et sportive qui pourrait l'entraîner à l'étage inférieur pour la première fois de son histoire.

Polo van der vaart Hamburg

Crédit: Eurosport

Seule institution du football allemand a toujours avoir fréquenté l’élite depuis la création de la Bundesliga en 1963, le HSV se retrouve en position de relégable depuis deux journées après six défaites d’affilées. Hambourg coule petit à petit. A chaque fois un peu plus saison après saison.
Une nouvelle étape dans la sinistrose a-t-elle été franchie au sortir de la gifle reçue à domicile ce samedi face au Hertha Berlin (0-3) ? Si l’on ne peut excuser la violence des "fans" après la rencontre, la prise à partie de certains joueurs comme Van der Vaart notamment, obligeant les forces de l’ordre à charger, tout cela démontre une exaspération croissante et un terrible constat d’échec : les Rothosen sont dans une crise structurelle qui dure depuis bien trop longtemps pour être anecdotique. Reste à trouver les responsables de ce fiasco.

"Si on continue comme ça, on descend"

C’est la grande mode du moment ! Dans toutes les bouches des journalistes, un unique surnom tourne en boucle : le "Dino". Les caméras, elles, s’attardent plutôt sur la vieille horloge du temps de l’Imtech Arena. Celle du décompte, qui prouve que le HSV est toujours vivant, ou plutôt survit dans un état végétatif. Il y a un peu plus de deux ans maintenant, en novembre 2012, l’ancienne mécanique de précision était tombée en panne ! Un drame au pays du houblon… ou bien un signe annonciateur, pour certains, de ce qui allait se passer. "Le Hamburger SV récolte les erreurs du passé", écrit le journaliste Sebastian Wolff dans le bi-hebdomadaire Kicker. Un sentiment partagé par beaucoup de monde. Oui, le "Dinosaure" est en grand danger, il risque de disparaître, comme un mauvais remake de Jurassic Park dans le monde du ballon rond. Imaginez l'impensable : l’emblématique Verein, club mythique, symbole de la réussite portuaire et industrielle de la riche zone hanséatique est désormais menacé de relégation. Une peur qui étreint de plus en plus fort à mesure  que l’on scrute les performances sportives lors des matches de Bundesliga.
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Hambourg Tah

Crédit: Eurosport

La phrase du directeur sportif, Oliver Kreuzer, est une bonne définition de son rôle depuis son arrivée. Il jongle avec les contraintes. A l’époque, il avait encore le sourire, c’était lors du dernier mercato estival. L’équipe, alors coachée par Thorsten Fink, avait fini à la huitième place de l’exercice précédent. Pas de qualification continentale mais le sentiment que le cap était rétabli. Carl-Edgar Jarchow, le président du conseil de direction avait d’ailleurs fixé la ligne directrice : "La sixième place est l’objectif", avant d’ajouter : "sans chercher des excuses, des 'oui mais' ou autres dénégations…" Le HSV sortait de nouveau les dents même si le meilleur joueur de la saison passée, Heung-Min Son, s’était envolé vers Leverkusen contre 10 millions d’euros.

"Hoffmann, le bâtisseur de crises"

Car le club du nord de l’Allemagne ne peut même plus conserver ses talents. La pression financière s’est accentuée après trois années de pertes consécutives. Un comble pour un club qui vient encore de réaliser l’un des vingt plus gros chiffres d’affaires du football européen selon le cabinet Deloitte. Et sans les revenus générés par une participation à une coupe d’Europe ! Une situation inacceptable au pays de la bonne gestion. La restructuration bat son plein mais on n’en voit jamais la fin. Après s’être séparé des vieux grognards (Rost, Ze Roberto, Van Nistelrooy, Petric, Mathijsen,…), force est de constater qu’il faut maintenant payer une facture, le prix des politiques passées, qui n’est pas celle de Kreuzer. Le très sérieux mensuel Spiegel titrait en 2010 : "Bernd Hoffmann, le bâtisseur de crises", en jugeant le bilan catastrophique du prédécesseur à Jarchow : aucune continuité sportive, des comptes dans le rouge et un endettement qui s’envole. Aujourd’hui, la "douloureuse" est salée, et, à nouveau, le maelström qui tourbillonne depuis des années du côté de la ville la plus riche d’Allemagne, risque d’emporter du monde. Un exemple ? Depuis juillet 2008, un seul entraîneur a tenu plus d’un an, et c’était Thorsten Fink. Bert van Marwijk, l’expérimenté coach, finaliste de la dernière Coupe du monde avec les Pays-Bas en 2010, est déjà sur un siège éjectable après quatre mois seulement. Dans un tel climat délétère, Armin Veh, champion d’Allemagne avec Stuttgart en 2007, avait demandé et obtenu dans son contrat une option pour pouvoir partir avant la fin de son mandat. Il l’a levée après huit mois sur le banc des Rothosen en mars 2011 ! Pour justifier sa démission, il mentionne : "J’ai du mal à comprendre beaucoup de choses. Je n’ai jamais vécu une telle situation. On ne peut pas travailler comme cela. Au HSV, cela n’a plus rien à voir avec le football".

"Nos concurrents ont plus d’expérience que nous dans la lutte pour le maintien"

Van Marwijk prévient mais c’est pourtant une fois de plus dans les couloirs que la tension est palpable. L’Assemblée générale annuelle du 18 janvier 2014 a permis aux membres de l’association de donner quitus au projet HSVPLUS, soutenu notamment par le milliardaire hambourgeois Klaus-Michael Kühne, avec près de 80% des votants. En clair, le board actuel est en danger et devra bientôt rendre les clés. On attendra encore toutes les ratifications juridiques et les votations pour crier victoire ! En résumé, la huitième plus grosse fortune d’Allemagne va investir dans le club mais surtout la structure associative devrait changer pour rejoindre le modèle du Bayern Munich, soit la création d’une société commerciale pour le département des joueurs professionnels, toujours détenue majoritairement par l’association, bien entendu, et ouverture du capital. Pour beaucoup, cette réforme structurelle arrive "bien trop tard".
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Bert van Marwijk gibt sich trotz Niederlage kämpferisch

Crédit: SID

Car le comité de direction, après les événements et les débordements de ce week-end, a montré son incompétence après une réunion, dimanche, de plus de six heures. Aucune décision n’a été prise car aucune majorité ne s’est clairement manifestée. "On ne pouvait pas faire pire" dans la situation actuelle titrait un média allemand. A l’heure où je vous écris (mardi), Felix Magath a été contacté. Les mails envoyés sont nombreux. Mais qui tire les ficelles dans un club où les intérêts divergent et l'animosité prédomine entre les courtisans ? Van Marwijk sera-t-il sur le banc mercredi soir pour recevoir l’indestructible FC Bayern pour le compte du quart de finale de Coupe d’Allemagne ? Personne ne le sait. Pendant ce temps, l’heure tourne sur la vieille horloge. Certains médias, confortablement installés, se délectent même à l'idée d'une apothéose morbide d’un possible barrage de fin d’exercice contre l’autre club de la ville, Sankt Pauli, actuellement bien placé en 2Liga. J’ai, d’un seul coup, une grosse pensée pour la police !
Entre psychose et sueurs froides, le HSV se passe la corde autour du cou…une trilogie hambourgeoise qui n’aurait pas déplu à Hitchcock !
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