Les Bleus au mieux

Faut-il se sentir seul et contre tous, plongé dans l'adversité, pour remporter une grande compétition ? Si tel est le cas, l'équipe de France est bien mal partie. Jusqu'ici, les Bleus semblent nager, sinon dans le bonheur, au moins dans la sérénité la plus totale. Même les incertitudes liées au cas Patrick Vieira et un éventuel forfait du capitaine pour la phase finale ne parait pas contrarier une équipe de France qui se sent vraiment bien dans ses baskets. Seul point noir : le temps et la pluie qui ne quitte pas le ciel de Vevey depuis leur arrivée mercredi soir. Rien de bien grave. On est loin de l'ambiance incommodante qui avait accompagné les Bleus sur la route de l'Allemagne en 2006. Quant à l'avant Mondial 1998, c'est carrément une autre vie.

Même s'ils commencent à trouver le temps long et ont globalement hâte de rentrer dans le vif du sujet, les 24 Bleus (avec Mathieu Flamini) se sentent bien. Les joueurs convoqués aux premières conférences de presse viennent avec le sourire répondre à des questions qui n'ont, il est vrai, rien de terrible ni d'inconvenant. Tout va bien madame la Marquise. Même la devise de ces Bleus 2008 est devenue positive. Après le "On vit ensemble, on meurt ensemble" en 2008, ces Tricolores veulent aujourd'hui toujours "vivre ensemble" mais souhaitent "vibrer ensemble" plutôt que "mourir". "Depuis Tignes, des ondes positives parcourent le groupe, confirme Claude Makelele. Il y a une joie de vivre ensemble. Espérons que ça dure jusqu'à la fin de la compétition."

Il faut dire que les choses ont évolué en deux ans. Après une campagne de qualification laborieuse pour la Coupe du monde 2006, les Français ont réussi le parcours que l'on sait en Allemagne et su surfer sur cette vague lors des éliminatoires de l'Euro. "Depuis 2006, l'équipe a véritablement un vécu et arrive ici avec plus de certitudes. On se connait beaucoup plus. Les contacts sont facilités", assure Sidney Govou. Cette sérénité interne rejaillit sur l'extérieur. Pour preuve, un sondage commandé par TF1 a révélé que 31% des Français voyaient les Tricolores gagner la finale viennoise du 29 juin.

S'il fallait une autre preuve de la bonne ambiance régnant dans le groupe bleu, elle est venue des trois gardiens de but. Grégory Coupet, Steve Mandanda et Sébastien Frey sont unis et tournés vers le même objectif. Si cela peut paraitre normal vu de l'extérieur, cela n'a pas toujours été le quotidien de l'équipe de France. En 1998, Fabien Barthez et Bernard Lama n'étaient pas vraiment sur la même longueur d'onde, le second, supplanté par Barthez juste avant la compétition, avait même refusé de disputer le troisième match de poule face au Danemark. Inutile de revenir sur la rivalité Coupet-Barthez de 2006...

Aujourd'hui, le numéro un peut compter sur ses numéros deux "bis". Les ego sont mis de côté. "Avant de partir, on s'est regardé droit dans les yeux, dévoile Frey. Notre objectif est d'aller au bout. On va tout faire pour y arriver." Si le gardien de la Fiorentina se "tient prêt au cas où", il sait qu'il est d'abord là pour aider Grégory Coupet et s'en accommode : "Greg est le gardien titulaire et, derrière, je dois être là pour le soutenir, lui donner un coup de main, pour qu'il soit bien, tranquille et serein. On a un très bon rapport entre nous." Le portier de la Fiorentina a même un petit mot doux pour le nouveau : "Steve (Mandanda) nous a rejoints, il a un super état d'esprit, on est très solidaires. On rigole, on se chambre, c'est important pour les gardiens. Se tirer la bourre ne changerait rien." Jusqu'ici tout va bien. On aimerait que ça dure jusqu'au 29 juin... sur les coups de 23 heures.