DEBAT - Si Varane n’est pas rétabli au coup d’envoi de l’Euro, Deschamps doit-il s’en passer ?

Aujourd'hui, personne ne connaît le délai de guérison de Raphaël Varane mais tout le monde s'accorde pour affirmer qu'il ne sera pas apte pour le match d'ouverture face à la Roumanie, le 10 juin. Son absence sera de trois semaines, au minimum. L'Equipe en annonce quatre dans son édition du jour. Cela signifierait que les Bleus démarrent la compétition à 22 avec un poids mort, apte, dans le meilleur des cas, pour le dernier match de poule.

L'équipe de France a déjà été confrontée à de tels cas et ça ne s'est jamais bien terminé. En 2002, Zidane souffre d'une élongation à la cuisse après un amical contre la Corée du Sud, cinq jours avant le début de la compétition. Il ne peut jouer que le dernier match mais sa blessure vampirise toute l'attention des médias. Sa blessure n'explique pas l'intégralité du fiasco mais elle n'a pas participé à la sérénité du groupe. Six ans plus tard, rebelote avec la cuisse de Patrick Vieira qui ne jouera pas un match à l'Euro. Il n'est jamais bon de faire confiance à un leader blessé.

Laisser une chance à Varane, c'est aussi fragiliser son remplaçant. Comment réagira Eliaquim Mangala si l'ombre encombrante du Madrilène plane sur lui lors des deux premiers matches ? Laisser une chance à Varane, c'est envoyer le signe que la charnière qui débutera l'Euro n'est que provisoire. Une solution de secours en attendant mieux. Pour la sérénité de Mangala, avouez que c'est loin d'être idéal.

Il ne faut pas non plus balayer d'un revers de main le risque de rechute. Souvenez-vous de Mamadou Sakho au Brésil qui ne s'est jamais vraiment remis des problèmes d'ischio-jambiers et qui a réduit les possibilités de coaching de Deschamps après sa rechute en quart de finale de la dernière Coupe du monde. Imaginons un scénario catastrophe face à la Roumanie : une expulsion et/ou une blessure en charnière centrale, les options s'amenuiseraient dangereusement pour DD.

Raphaël Varane doit être dans les 23 de Didier Deschamps. Dans trois semaines, l'Euro débutera. Dans trois semaines, le Madrilène ne sera bien sûr pas encore prêt à aller au combat. Il manquera le match contre la Roumanie, sûrement celui de l'Albanie. Et allez, il sera aussi peut-être sur la touche contre la Suisse. Et alors ? La France n'a pas pour objectif de passer ce premier tour. Ses ambitions sont, et doivent être, plus grandes dans son Euro.

Même sans Raphaël Varane, l'équipe de France a de toute manière les armes pour franchir cette phase de poules. Encore heureux. Le tirage au sort a été si clément avec les Bleus… Même le huitième de finale ne s'annonce pas infranchissable. Car il ne faut pas l'oublier, l'Euro a changé de formule. Ce n'est plus une compétition aussi dense que par le passé. Ainsi, le défenseur du Real Madrid aura le temps de se soigner. Et de revenir quand les choses sérieuses débuteront.

Or, dans les grands rendez-vous, Didier Deschamps aura bien besoin des qualités du leader de sa défense. Dans son groupe, le sélectionneur des Bleus, déjà privé de Mamadou Sakho, ne possède pas d'autres éléments avec le même profil que Varane, avec autant d'atouts dans leur jeu. Les alternatives pour épauler Laurent Koscielny en défense centrale n'apportent clairement pas les mêmes garanties. Ce n'est pas faire injure à Eliaquim Mangala, Jérémy Mathieu ou Adil Rami - puisqu’il semble qu’il ait les faveurs de DD - de le dire. C'est juste être réaliste.

Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si Didier Deschamps ne s'est jamais passé de Raphaël Varane ces dernières années (le défenseur a disputé les 24 derniers matches des Bleus). Pour aller le plus loin possible à l'Euro, le sélectionneur sait qu'il doit pouvoir compter sur le pilier défensif de son onze. Un joueur qui est aussi important dans la vie du groupe. Même s'il a besoin de trois semaines pour soigner sa blessure à la cuisse, Varane doit clairement être dans les 23 tricolores. Le pari vaut le coup d'être tenté. Définitivement.