Croiser la route de la Roumanie, c'est rarement anodin pour les Bleus

Vendredi, l'équipe de France débute son Euro face à un adversaire qu'elle connait très bien. Et même plus que ça. Si les Bleus avaient perdu trace des Roumains durant près de deux décennies, les deux nations ne se quittent plus depuis 1994. Et leurs duels ont souvent pesé lourd dans l'histoire du football français. La Roumanie, c'est en quelque sorte l'équipe qui donne la température et donne une idée de la suite des opérations.

Sous l'ère Jacquet, la France a croisé la route de la Roumanie à trois reprises. Trois matches comme trois tournants dans l'histoire des Bleus. Le premier à Saint-Etienne, accompli mais vierge de but, avait sonné le glas de l’éphémère prise de pouvoir nantaise : Karembeu, Pedros, Loko et Ouedec étaient dans le onze de départ au côté du capitaine Canto. Leur tort ? Ne pas avoir trouvé la faille. Pour le reste, la copie avait été prometteuse et même emballante. Entré en jeu et honorant sa 2e sélection, Zinédine Zidane allait bientôt prendre le pouvoir.

Chaque génération appelée à régner naît quelque part. Les Bleus de 1998 sont nés à Bucarest le 11 octobre 1995. A cette époque, l'équipe de France est en ballottage défavorable dans la course à l'Euro 1996, plombée par un début de qualifications poussif (trois 0-0 de suite) et un nul concédé dans la douleur face à la Pologne au mois d'août (1-1). A Bucarest, face à la Roumanie, on promet l'enfer aux Bleus. Fabien Barthez, 1 seule cape au compteur, n'est absolument pas impressionné. Ses coéquipiers non plus. Les Tricolores, à l'image de Christian Karembeu, réussissent un match XXL et s'imposent 3-1. Le premier coup d'éclat de la génération ZZ.

Les Bleus et la Roumanie ont une drôle d'habitude : jouer souvent leur premier match à l'Euro face à face. Ce sera le cas ce soir. Ce fut le cas en 2008, on y reviendra, et en 1996, donc. A Newcastle, les Français ouvrent le Championnat d'Europe face à cette Roumanie qui était déjà dans son groupe de qualification. Le match ? Pas terrible. Le but ? Signé Dugarry sur un coup de tête aussi bizarre que la partie. La France s'impose 1-0, sans briller. Elle ne le fera jamais durant l'Euro mais avancera jusqu'en demi-finale. Efficace.

L'Euro en Suisse aura été court pour les Bleus. Court et frais alors que leur camp de base, lové dans le canton de Vaud, n'était pas le lieu le plus rayonnant et chaud de la Confédération Helvétique cet été-là. A Zurich, où ils sont appelés à défier la Roumanie pour leur entrée en lice, les hommes de Raymond Domenech trouvent enfin le soleil et une chaleur (23 degrés) qui, selon le sélectionneur des Bleus, a annihilé les maigres ambitions tricolores… A l'arrivée, un 0-0 indigeste et, déjà, le début de la fin. Le psychodrame Vieira, l'incapacité à développer du jeu : tout était déjà là. Sauf la demande de mariage du sélectionneur.

Reconduit après l'échec de l'Euro 2008, Raymond Domenech est sur un fil et à deux doigts de perdre l'équilibre alors que les Bleus sont menés 2-0 après un gros quart d'heure de jeu à Constanta face à la Roumanie. Les qualifications pour le Mondial 2010 viennent de débuter et l’on sait déjà que le sélectionneur national ne résistera pas à un revers qui se dessine. Et puis, le miracle : Franck Ribéry et Yoann Gourcuff d’une merveille de frappe, associés pour le meilleur cette fois, remettent les Bleus à flot. La France repart des bords de la mer Noire avec un nul salvateur (2-2). Si tant est que le terme soit approprié. Il suffit de se remémorer la suite, de l'Irlande à Knysna, pour se persuader qu'un revers bleu aurait peut-être rendu service à la cause tricolore.