Euro 2016 : Suspensions, système, Pogba : à quoi faut-il s’attendre face à l’Islande ?

C’est un mal de crâne immense qui attend Didier Deschamps cette semaine. Le 8e de finale face à l’Irlande (2-1) a encore envoyé valser une nouvelle certitude, peut-être la plus ancrée de toutes : son sacro-saint 4-3-3. Les suspensions de N’Golo Kanté et Adil Rami pour le quart de finale vont pousser le sélectionneur à faire des choix. Alors, à quoi faut-il s’attendre face à l’Islande ?

Adil Rami a disputé l’intégralité des matches de l’équipe de France depuis le début de la préparation. C’est un choix de Didier Deschamps pour que le Sévillan, qui n’avait plus enfilé le maillot bleu depuis trois ans, engrange de la confiance et des automatismes avec Laurent Koscielny. Sa suspension oblige le sélectionneur à titulariser Eliaquim Mangala ou Samuel Umtiti, deux hommes qui n’ont plus joué depuis plus d’un mois. Le Citizen et le Lyonnais sont des gauchers et Koscielny va devoir basculer à droite, un poste où il est moins à l’aise. A moins que Bacary Sagna glisse dans l’axe. Mais Christophe Jallet, son suppléant à droite, n’a pas joué une minute lui non plus depuis mi-mai.

Samuel Umtiti. Le Lyonnais tient la corde. C’est lui qui est allé s’échauffer en seconde période face à l’Irlande. Un signe qui trompe rarement. En début de préparation, Mangala semblait en pole pour épauler Koscielny après le forfait de Raphaël Varane. La promotion de Rami l’a affecté et il a étalé une certaine fébrilité lors d’entraînements. Umtiti semble désormais le devancer et il devrait fêter sa première sélection internationale lors d’un quart de finale de l’Euro. Aura-t-il les épaules assez larges pour surmonter ce contexte brûlant ?

Clairvoyant, inusable, N’Golo Kanté s’est imposé comme l’assurance tout risque des Bleus au poste de sentinelle depuis match de préparation face à l'Ecosse. Il a tenté de gommer les déséquilibres tout en assurant une première relance propre. Si sa première période fut ratée face à l’Irlande, comme celle de tous ses équipiers, il reste la référence du poste parmi les 23. Sa suspension pour le quart de finale laisse un vide.

L’évidence se nomme Yohan Cabaye. Précieux face à la Suisse en sentinelle, il connaît les rouages d’un poste qu’il a occupé durant 3 ans en Bleu et notamment lors de la dernière Coupe du monde. Mais Didier Deschamps pourrait décider de changer de système en alignant deux récupérateurs. Si le sélectionneur privilégie le 4-2-3-1, Cabaye serait laissé sur la touche, Paul Pogba et Blaise Matuidi auraient alors la charge de la récupération.

Le 4-3-3 a montré ses limites face à une équipe regroupée comme l’Irlande. L’Islande ne sera pas beaucoup plus audacieuse. Ce système bride Antoine Griezmann et le contraint à un gros travail défensif. Et il n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il est libre dans l’axe, en soutien d’Olivier Giroud. Le passage en 4-2-3-1 (ou 4-4-2 selon les confidences d’après-match de Giroud) a libéré le Madrilène et l’équipe de France après la pause dimanche.

Face à une équipe comme l’Islande, le 4-2-3-1 pourrait être envisagé par Didier Deschamps. Le risque de déséquilibre est moins grand contre une équipe regroupée en défense. L’apport de Griezmann est tel dans l’axe qu’il apparaît bien difficile de le positionner de nouveau à droite. D’autant que Giroud est beaucoup moins esseulé et d’autant plus précieux dans ses remises.

Depuis le début de la compétition, Paul Pogba a été trimballé aux trois postes du milieu de terrain : à droite du triangle puis à sa gauche et, enfin, plus bas devant la défense. A la Juventus, il joue à gauche et sa première période face à la Suisse a rappelé qu’il y avait ses repères. Mais cela oblige le gaucher Blaise Matuidi à s’exiler à droite. Sa première période face à l’Irlande à ce poste fut un immense calvaire et Deschamps ne renouvellera pas l’expérience.

Le 4-2-3-1 face à l’Irlande a fait reculer Pogba devant se défense. Avec le jeu face à lui, il s’est montré très précieux et efficace à la récupération. Mauidi, lui, a pu casser les lignes en se projetant davantage. Pogba doit simplement épurer son jeu car il ne peut pas se permettre de fantaisie si bas sur le terrain. C’est un risque que Deschamps doit calculer. Le sélectionneur n’a pas tellement le choix. Après quatre matches, les certitudes sont maigres et il s’en est souvent sorti par des coups de poker.