France-Roumanie - Pas décisif mais déjà capital

Enfin. Après deux ans de matches amicaux, de polémiques, de forfaits, de contretemps, de victoires emballantes, de revers déprimants, les Bleus vont savoir. Parce qu’il n’y a finalement que cela qui compte. La compétition. Les Bleus n’y ont plus goûté depuis un quart de finale perdu face à l’Allemagne du côté de Rio de Janeiro (1-0) en juillet 2014. Le décor a changé. Retour à la maison, au Stade de France. Les ambitions aussi. Euro à domicile oblige, un parcours réussi ne supportera pas une sortie de route avant les demi-finales.

Alors autant bien le démarrer. Dans leur histoire récente et ancienne, les Bleus ont souvent fait de leur premier match une photographie assez juste de ce qui les attendait par la suite. Il n’est, par définition, jamais décisif mais, par la direction qu’il donne, reste souvent capital. Bien sûr, il existe quelques exceptions (1982, 2006) mais leurs trois victoires pour démarrer les tournois de 1984 (Danemark, 1-0), 1998 (Afrique du Sud, 3-0) et 2000 (Danemark, 3-0) tracent la voie à suivre pour ceux qui espèrent s’inscrire dans leurs pas en 2016. Une entrée en lice donne le ton, dessine une première tendance. A l’inverse, l’équipe de France a souvent du mal à se relever d’une entrée ratée. Souvenez-vous du Sénégal de Papa Bouba Diop en 2002 (défaite 1-0), des nuls au bout de l’ennui face à la Roumanie, déjà, en 2008 (0-0) et l’Uruguay en 2010 (0-0).

Et puis, il y a vingt ans jour pour jour, à Saint James’ Park, les Bleus venaient à bout de la Roumanie (1-0) pour leur premier match de l'Euro anglais et filaient, dans la foulée, jusqu’en demi-finale. C’est par un curieux bégaiement de l’histoire qu’ils retrouveront ces mêmes Roumains. Les héritiers d’Hagi et Popescu ont sans doute un peu moins de talent. Mais leur discipline collective promet une entrée coriace aux Bleus. Meilleure défense des qualifications, la Roumanie se présentera avec un bloc hermétique qui sera difficile à bouger. Mais Didier Deschamps a les armes pour le fissurer.

Les Bleus, auteur de 12 buts lors de leur quatre derniers matches, disposent de l’une des plus belles armadas offensives du plateau. Ce vendredi, ce sont Dimitri Payet, Olivier Giroud et Antoine Griezmann qui auront la charge de forcer le verrou. En cas d’échec, Kingsley Coman et Anthony Martial sont prêts à surgir. Au milieu, N’Golo Kanté gardera sa place de sentinelle et Adil Rami conserve l’axe défensif aux côtés de Laurent Koscielny. C’est cette charnière centrale qui continue d’alimenter les principaux doutes autour des Bleus.

Le premier tour à leur portée doit leur permettre de consolider leur acquis. Une victoire ce vendredi, en plus d’ouvrir en grand la voie des 8es, donnerait du mou à Deschamps et libérerait ses hommes d’une chape de plomb. Car leur bilan flatteur (9 victoires lors de leurs dix derniers matches), leur cote de sympathie au zénith, leur jeu emballant ne résisteraient pas à un crash face aux Roumains. Alors autant capitaliser sur la dynamique ambiante pour éteindre les derniers foyers de résistance et se mettre toute la France dans la poche.

Chaque fois que la France a écrit son nom au palmarès d'une grande compétition, elle a pu compter sur un homme providentiel. De Michel Platini à Zinédine Zidane. Si les deux meilleurs joueurs de l’histoire des Bleus ont un héritier en 2016, il s’agit sans doute de Paul Pogba. L’histoire du milieu de la Juve avec l’équipe de France laisse encore un goût d’inachevé. Comment lui en vouloir ? Après tout, il n’a que 23 ans. Mais cet Euro à domicile doit lui permettre de mettre sa patte sur cette équipe. C’est lui qui a le pouvoir de faire entrer ces Bleus dans une nouvelle dimension. Sa mission commence ce vendredi au Stade de France.

5. Les Bleus sont restés muets lors de cinq de leurs huit derniers matches à l’Euro. Leur nouvelle armada offensive va-t-elle mettre fin à cette disette ?

2. Sur les 10 matches disputés lors des éliminatoires de l’Euro, la Roumanie n’a encaissé que deux buts et présenté la défense la plus imperméable de la compétition. Mais les hommes de Iordanescu en ont pris cinq lors de leurs trois derniers matches de préparation.

44. Les Bleus restent sur cinq victoires et cinq nuls face aux Roumains depuis 1974. Il faut remonter à 1972 pour retrouver trace d’un revers français (2-0), soit 44 ans.

La France n’est à l’abri de rien et il est bien difficile de cerner son potentiel après tout ce qui lui est tombé sur la tête depuis dix mois. Malgré tout, sa campagne de matches amicaux et ses dernières sorties ont semé d’immenses promesses. De Payet à Giroud, de Coman à Martial, ces Bleus tournés vers l’offensive ont les armes pour percer la muraille roumaine. La bande à Didier Deschamps s’est relevée de nombreux contretemps, elle semble avoir le caractère nécessaire pour faire tourner ce premier rendez-vous capital dans son sens.