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Les 20 moments qui ont fait la légende des France - Allemagne (du 10e au 1er)

Laurent Vergne

Mis à jour 07/07/2016 à 11:35 GMT+2

La France et l'Allemagne se retrouvent, jeudi, en demi-finale de l'Euro. Au fil des décennies, les deux nations ont livré quelques combats épiques. Nous vous proposons, à travers 20 instantanés, 20 images, 20 temps forts, de retrouver les moments qui en ont fait l'histoire. Deuxième partie du classement.

Patrick Battiston git à terre après la sortie kamikaze d'Harald Schumacher lors de la 1/2 finale entre la France et la R.F.A le 8 juillet 1982 à Séville

Crédit: Imago

10. Le déboulé et l'offrande d'Henry

Match: Allemagne-France: 0-3
Date: 2003
Lieu: Gelsenkirchen (Arena Auf Schalke)
Match amical
Le plus large succès jamais obtenu par un XI de France sur le sol allemand. Une véritable humiliation même pour les Allemands, balayés 3-0, dont un doublé de David Trezeguet. Symbole de la supériorité tricolore ce soir-là, le deuxième but, le premier de Trezegoal. Ce but, c'est surtout l'œuvre de Thierry Henry: une longue ouverture de Mikaël Silvestre. Puis la classe d'Henry. Contrôle poitrine, Christian Wörns complètement enrhumé, un déboulé de 30 mètres côté gauche, avant le caviar pour Trezeguet, qui n'a plus qu'à pousser le ballon au fond du but gardé par Oliver Kahn. L'attaque française avait trop de talent pour cette défense allemande.
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Thierry Henry fête son but face à l'Allemagne (0-3) en novembre 2003

Crédit: Imago

9. Bossis accroupi, c'est fini

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
Il ne méritait tellement pas ça, le grand Max. Pas après sa Coupe du monde, énorme, ni même après ce match. Ce penalty, de toute façon, il ne voulait pas aller le tirer. Mais les deux équipes refusant toujours de se départager après le passage des cinq premiers tireurs désignés, il fallait bien trouver un sixième. Max sera celui-là. Le Nantais avance ses grands compas, il frappe sur la droite de Schumacher, qui a anticipé du bon côté. Personne ne lui en voudra. Paradoxalement, le fiel populaire s'abattra sur Didier Six, bouc-émissaire facile car habitué à ce costume à l'époque, qui avait lui aussi raté un tir au but quelques instants plus tôt. Le désespoir du grand Max, lui, est devenu instantanément celui de la France du foot.
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La déception de Maxime Bossis après l'élimination de la France en demi-finale de la Coupe du monde 1982

Crédit: Panoramic

8. Le chef d'oeuvre parachevé par Douis

Match: France – R.F.A.: 6-3
Date: 28 juin 1958
Lieu: Goeteborg (Ullevi Stadion)
Match pour la troisième place de Coupe du monde
Le France-R.F.A. de Göteborg demeure un des plus grands matches jamais joués par l'équipe de France. Cela ne fait aucun doute. Si, dans la mémoire collective, le quadruplé de Just Fontaine est à juste titre le principal fait marquant de cette inoubliable journée, ce n'est pourtant pas à lui que l'on doit le plus beau but de ce récital tricolore, mais à Yvon Douis. Cinq minutes après la pause, alors que les Bleus mènent déjà 3-1, Douis conclut d'une frappe du droit une fantastique séquence marquée notamment par un une-deux entre Kopa et Fontaine. Du grand art. Ce but symbolise mieux que tout autre le style de cette flamboyante équipe de 1958. Pourtant, Yvon Douis n'était pas titulaire dans cette équipe de France. Le Lillois n'avait été aligné par le sélectionneur Albert Batteux qu'en raison de l'absence de Roger Piantoni, victime d'une crise d'appendicite.

7. La volée parfaite de Trésor

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
Une reprise de volée d'une parfaite pureté. Un geste d'avant-centre, sorti du pied droit du défenseur central des Bleus, avec la complicité d'une défense allemande qui a totalement oublié Marius Trésor au point de penalty. Quand le Girondin fusille Schumacher à la 95e minute de cette folle soirée de Séville, la France prend l'avantage 2-1 face aux Allemands. C'est à cet instant que se matérialise l'idée que les Bleus vont peut-être aller en finale. Jusqu'ici, cela semblait irréel. Parce que cette équipe n'avait aucune référence au niveau international. Parce que son premier tour avait été particulièrement laborieux. Au moment où Amoros sauve sur sa ligne une balle d'élimination face à la Tchécoslovaquie, la finale du "Mundial" parait loin... Même avant ce match face à la R.F.A, les Français font office de petits poucets. La R.F.A a été championne du monde huit ans plus tôt, elle est championne d'Europe en titre. Voir les Bleus s'accrocher, c'est une divine surprise. Au fil des minutes, chacun commence à y croire. Mais c'est vraiment avec ce but de Trésor, au début de la prolongation, que l'idée d'une qualification pour la finale de la Coupe du monde, surréaliste trois semaines plus tôt, devient concrète.
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Marius Trésor célèbre son but face à la R.F.A e 1/2 finale de la Coupe du monde 1982

Crédit: Imago

6. L'adieu du Kaiser

Match: France – R.F.A.: 1-0
Date: 1977
Lieu: Paris (Parc des Princes)
Match amical
103 sélections. Franz Beckenbauer a passé douze années en équipe d'Allemagne. Pour un titre de champion du monde, une autre finale, un titre de champion d'Europe, une autre finale et une foule de matches de légende. Mais sa toute dernière cape, c'est au Parc des Princes que le Kaiser l'a connue, le 23 février 1977. Après avoir quitté le Bayern et l'Allemagne pour les Etats-Unis et le Cosmos de New York, Beckenbauer tirera un trait sur sa carrière internationale, à seulement 31 ans. "J'aurais pu aisément continuer deux ou trois ans au plus haut niveau", estime-t-il. Capitaine, une dernière fois, il échange ici son dernier fanion avec Christian Lopez, porteur du brasseur des Bleus. "Cette défaite m'a fait beaucoup de peine car nous tenions à gagner à Paris et nous étions invaincus depuis longtemps. D'autre part, rester sur une défaite, ça fait toujours mal", confiera quelques mois plus tard le légendaire libéro allemand.
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France - Allemagne 1977 Franz Beckenbauer

Crédit: Imago

5. Stielike en larmes dans les bras de Littbarski

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
Pour bien comprendre la force émotionnelle du dernier acte de ce France-Allemagne, il faut prendre en compte deux éléments: d'abord la dramaturgie du match, absolument hors normes. Mais, au-delà de ce scénario, il s'agissait aussi de la toute première séance de tirs au but dans une rencontre de Coupe du monde. Qui plus est pour une place en finale. La tension, ajoutée à la pression, place les acteurs au bord de la crise de nerfs. Le premier à craquer est Uli Stielike. Le milieu de terrain du Real Madrid voit son penalty repoussé par Jean-Luc Ettori. Il s'agenouille, tête dans les mains, et fond en larmes aussitôt. Schumacher, à peine plus charmant avec ses coéquipiers qu'avec ses adversaires, se charge en personne de le sortir de sa surface. Il y a un côté "pousse-toi de là, tu me gênes", dans le geste du gardien allemand. Stielike, inconsolable, trouve refuge dans les bras de Littbarski. A la télé, le réalisateur s'attarde sur eux, oubliant de revenir sur Didier Six, qui s'apprête à tirer à son tour. Du coup, c'est à travers la réaction de joie de Littbarksi qu'on comprend que l'attaquant français a échoué, lui aussi. Et c'est au tour de Six de tomber à genoux dans la surface. Cette séquence d'une minute à peine résume parfaitement le torrent de sentiments contradictoires qui a enseveli ce match.
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Uli Stielike tombe en larmes dans les bras de Pierre Littbarski pendant la séance de tirs au butface à la France. Au même moment, Didier Six manque sa tentative...

Crédit: Imago

4. L'immense frustration de Platoche

Match: France – R.F.A.: 0-2
Date: 25 juin 1986
Lieu: Guadalajara (Estadio Jalisco)
Demi-finale de Coupe du monde
Le Mundial mexicain, Michel Platini en garde un souvenir mitigé. Presque amer. Physiquement, la pubalgie qu'il se traine tout au long de la compétition l'empêche de s'exprimer. Pourtant, il a quand même marqué face à l'Italie, tenante du titre, en huitièmes. Puis contre le Brésil, en quarts, le jour de son 31e anniversaire. Alors, même quand les Bleus sont menés rapidement au score par la R.F.A en demi-finale, on se dit que Platoche va nous sortir de là. Puis les minutes passent. Les occasions aussi, toutes ratées. Platini marque, enfin, mais le but est refusé. Dans le temps additionnel, Schumacher se couche sur le ballon devant sa ligne. Il le couve jalousement. Platini arrive. Trop tard. On le voit alors prêt à frapper dans la tête du gardien allemand. Évidemment, il se retient. Mais il y a dans cette amorce de geste toute la frustration accumulée dans ces deux demi-finales perdues. Platini ne gagnera jamais la Coupe du monde.

3. Justo porté en triomphe

Match: France – R.F.A.: 6-3
Date: 28 juin 1958
Lieu: Goeteborg (Ullevi Stadion)
Match pour la troisième place de Coupe du monde
C'est une scène peu orthodoxe pour un match pour la troisième place, qui donne généralement lieu à des scènes de joie modérées. Mais sans doute les Bleus mesuraient-ils dès le coup de sifflet final l'impact de ce double exploit. Collectif, d'abord, avec cette victoire 6-3 face à la R.F.A., championne du monde en titre. Individuel, ensuite. Car Just Fontaine a signé au cours de ce match débridé un authentique exploit en inscrivant quatre buts. Avant le match, Justo a déjà frappé neuf fois en Suède. Il a besoin de deux buts pour égaler le record de Kocsis. Il assure pourtant ne pas en faire une obsession. D'ailleurs, quand les Bleus obtiennent un penalty alors que le score est de 1-1, Fontaine, qui a ouvert le score, laisse Raymond Kopa le tirer alors qu'il tient là l'occasion d'égaler le record. Qu'importe, son heure vient après la pause. L'attaquant rémois ajoute trois buts et surpasse Kocsis avec 13 réalisations. C'est l'euphorie dans le camp tricolore. Fontaine, symbole de cette réussite collective, est porté en triomphe. Avec 13 buts, il établit un record que personne, depuis, n'a pu ne serait-ce qu'effleurer en plus d'un demi-siècle.
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Just Fontaine soulevé en triomphe après son quadruplé face à la R.F.A en 1958

Crédit: Imago

2. La joie de Giresse

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
La force du sport, et même sans doute sa première raison d'être, c'est la puissance avec laquelle il est capable de produire des émotions et de les transmettre. Dans le cas d'Alain Giresse, cette émotion, c'est une joie si forte qu'elle dévaste tout sur son passage, à commencer par l'intéressé. Quand le Bordelais marque ce troisième but français au cœur de la prolongation, il parait lui-même emporté par sa propre émotion. Ces yeux fermés, ces bras grands ouverts aux mouvements désordonnés, presque désarticulés, cette course folle vers le banc de touche et vers le bout du monde, donnent à cette scène son caractère inédit. Une joie extatique, incontrôlable. Presque une joie d'enfant. C'est le Cri de Munch à l'envers. L'œuvre de l'artiste norvégien symbolisait l'angoisse de l'homme moderne. La joie de Giresse incarne, elle, à merveille, la force brute, paroxystique, de l'émotion sportive.
D'un strict point de vue footballistique, cette émotion-là sera enterrée quelques minutes plus tard par l'élimination de l'équipe de France. Mais la sécheresse brute d'un résultat ne peut rien face à la force d'une telle émotion. Celle-ci est éternelle. Elle permet de comprendre pourquoi l'expression "on ne se souvient que des vainqueurs" n'a absolument aucun sens. Seule la victoire est belle, à la rigueur, oui. Seul le résultat compte, peut-être. Le palmarès ne conserve dans ces pages que des vainqueurs, certes. Mais le souvenir, lui, n'a que faire du vainqueur ou du perdant. Il garde précieusement au chaud ce qui marque, ce qui frappe, ce qui touche, ce qui ébranle. En matière de sport, si "on" est le regard extérieur à l'action, il gardera ainsi en lui le souvenir procuré par toutes sortes d'émotions. Voilà pourquoi celle de Giresse est si forte. Voilà pourquoi cette nuit de Séville, véritable volcan d'émotions en permanente fusion, reste un souvenir ineffaçable, et inégalable, pour tous ceux qui l'ont vécue.
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1982 Alain Giresse

Crédit: AFP

1. L'attentat de Schumacher sur Battiston

Match: France – R.F.A.: 3-3 (4-5 aux tirs au but)
Date: 8 juillet 1982
Lieu: Séville (Sanchez-Pizjuan)
Demi-finale de Coupe du monde
La scène la plus violente jamais vue sur une pelouse de Coupe du monde. Des tacles assassins, des attentats, oui. Mais cette séquence dépasse tout ce qu'on a pu voir avant ou après. Elle dépasse l'imaginable. Nous sommes à la 65e minute de cette demi-finale du "Mundial" 1982. Qu'est-il passé par la tête du gardien de but allemand à la 65e minute du match ? Lui seul le sait. Et encore. Quand Patrick Battiston se présente seul devant son but après une merveille d'ouverture de Platini, Schumacher sort de sa surface comme une furie et, sans jamais jeter un œil au ballon (qui passe juste à côté de son poteau), vient percuter le joueur français avec une violence inouïe, en pleine tête. Battiston git sur le sol. L'image de son bras gauche, suspendu en l'air avant de retomber doucement sur le sol, comme dans un dernier souffle, est terrible et poignante. Evacué sur une civière par deux membres de la Guardia Civil, avec Platini (qui, un instant, le croit mort) lui tenant la main et lui apportant des paroles de réconfort qu'il n'entend pas, "Battiste" s'en tirera avec un sévère traumatisme crânien. Évidemment, l'absence de sanctions rend plus absurde encore cette action. Schumacher n'est pas expulsé. Il ne reçoit même pas de carton jaune. A vrai dire, il n'y a même pas de coup-franc. Monsieur Corver, l'arbitre, a donc considéré que l'acte du gardien allemand n'était pas répréhensible. Pas même une simple faute.
Des années après, pour sa défense, l'homme en noir néerlandais expliquera ne pas avoir bien vu l'action. Il dira aussi que son juge de touche lui a signalé que, selon lui, l'action n'était pas intentionnelle. Soit. L'attitude de Schumacher a posteriori rendra plus insupportable encore son geste. Qu'il s'agisse des secondes, des jours ou des années qui ont suivi. Juste après cet attentat, on le voit mâchonner tranquillement son chewing-gum. Le lendemain, il dira, avec un effroyable cynisme, qu'il est prêt à payer le dentiste à Battiston si cela pouvait lui faire plaisir. 25 ans plus tard, Schumacher regrettera son attitude "incorrecte" après coup. Et le geste lui-même? "Je suis devenu la figure du mal, mais si j'étais encore gardien aujourd'hui, je quitterais mon but de la même façon", assure-t-il. Le plus frappant dans cette scène, c'est que Schumacher ne cherche pas à protéger son but. Faire faute pour empêcher l'adversaire de marquer, dans une certaine mesure, l'idée peut se comprendre, à défaut de se défendre. Mais en l'occurrence, elle semble totalement étrangère à Schumacher, sorti uniquement, dans un fol élan d'agression, dans le but de faire mal. Dans son autobiographie, parue quelques années plus tard, le portier allemand livrera une piste sur les raisons de son coup de folie: les joueurs allemands tournaient à l'éphédrine, afin de stimuler leur agressivité. Ce bon vieux "Toni" avait dû forcer sur les doses ce 8 juillet 1982…
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Sortie d'Harald Schumacher sur Patrick Battiston en 1982

Crédit: Imago

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