Eurosport
Espagne - Angleterre - L'antisèche : Merci
Par
Publié 15/07/2024 à 00:01 GMT+2
Au terme d'une finale qu'elle a encore largement dominée face à l'Angleterre (2-1), l'Espagne a remporté l'Euro et fait triompher une certaine idée du football. Dans un tournoi morose souvent barbant, la Roja fut un phare. Comme ce dimanche où Dani Olmo et Nico Williams ont enchanté la soirée berlinoise. L'Angleterre avait du cœur. Mais le talent et le souffle ont triomphé. Tant mieux.
Est-ce le début d'une dynastie pour l'Espagne ?
Video credit: Eurosport
Le jeu : indiscutable
Ce fut le rapport de force auquel tout le monde s'attendait. Et même jusqu'à la caricature avec 69% de possession en première période pour l'Espagne. Alors oui, il a fallu attendre la 49e minute pour voir une frappe cadrée de la Roja mais la seconde période a viré à la démonstration. De l'envie, de l'allant, des appels en profondeur, des dribbles, des feintes de corps, des dédoublements : du football et encore du football. 
L'Angleterre n'avait que son cœur a opposé. Il a suffi en 8e, en quart et en demi-finale mais les grosses limites de cette sélection, la lenteur de Kane ou encore le fantôme de Foden ont fini par la rattraper. Cette victoire est indiscutable tant les Espagnols n'ont jamais cessé d'appuyer là où ça fait mal et même l'égalisation heureuse de Palmer n'a pas fait varier le cours inéluctable de cette finale. Ce sacre est indiscutable.  
Les joueurs : le fantôme de Kane, le génie d'Olmo
Difficile pour l'Angleterre d'espérer quoique ce soit avec un secteur offensif aussi anesthésié. Kane est sorti à l'heure de jeu après avoir tout raté. Bellingham a attendu les 20 dernières minutes pour peser sur la rencontre. Saka, qui a complètement oublié Williams sur l'ouverture du score, et Foden n'ont jamais fait de différence. 
Quel contraste avec les mobylettes espagnoles pleines d'audace avec leur jeu en une touche et toujours dans le sens du jeu. Nico Williams n'a pas tout réussi mais il s'est obstiné pour ouvrir la marque. Yamal a beaucoup gâché mais c'est lui qui ouvre sur son pote de l'aile droite sur la même action. Et que dire d'Olmo, génial créateur, merveilleux stratège et courageux défenseur sur sa ligne à la dernière seconde du match. 
/origin-imgresizer.eurosport.com/2024/07/15/4003221-81240128-2560-1440.jpg)
"La génération Kane doit devenir la génération Bellingham"
Video credit: Eurosport
Le tournant de l'Euro : la blessure de Pedri
Quand il est sorti, la mine basse, face à l'Allemagne, on a cru que l'Euro espagnol fonçait dans le mur. Mais sa blessure a propulsé Dani Olmo dans le onze. Déjà meilleur Espagnol en quart et en demi-finale, le meneur espagnol a apporté encore plus de personnalité et d'idée au milieu de la Roja. L'un des tournants du tournoi. Qui l'eut cru ?
L'image : le genou de Stones
A quoi se joue une finale d'Euro ? Trois ou quatre centimètres. Un genou de John Stones en l'occurrence, une rotule pour être plus exact. C'est elle qui a couvert Mikel Oyarzabal sur le dernier but. Cruel.
La stat : 4/8
L'Espagne a gagné 50% des derniers tournois internationaux. Trois Euro (2008, 2012, 2024) et une Coupe du monde (2010). L'aventure allemande marque le grand retour de la Roja après des années à se chercher un second souffle. Ça valait le coup d'attendre.
La décla : Gareth Southgate
La question : le plus beau des champions ?
Cet Euro riquiqui, engoncé dans des matches sans souffle, avec des stars sans jus et des sélections sans idée, a finalement couronné la plus belle équipe du plateau et c'est une bénédiction. Ce sacre donne une autre lecture et un autre héritage au tournoi. Longtemps, nous nous sommes demandé ce qu'il fallait retenir de ce mois allemand. La réponse est venue de cette joyeuse bande qui a renoué avec son ADN. Une Espagne sans star, sans Ramos, sans Xavi, sans Iniesta, sans Villa et sans Casillas, sans Gavi non plus et même sans Pedri à partir des quarts. Avec seulement sept joueurs issus des rangs du Real et du Barça dont la plupart n'ont pas joué un rôle central dans ce triomphe.
Mais c'est une équipe pleine de ressources qui ne dépend de personne sinon des inspirations géniales de toutes les individualités qui l'animent. Il faudra se souvenir qu'ils ont corrigé la Croatie, demi-finaliste au Qatar (3-0), rossé le tenant du titre italien (1-0), renversé le pays hôte (l'Allemagne, 2-1), donné la leçon aux deux grands favoris vice-champions du monde et d'Europe (France, 2-1, Angleterre, 2-1). Sept matches, sept victoires, 15 buts : aucune équipe n'avait autant marqué à l'Euro. C'est un parcours exemplaire qui récompense un vainqueur inoubliable d’un tournoi qui aurait pourtant mérité, sans lui, les oubliettes. Ce champion est le plus indiscutable depuis au moins dix ans, Coupe du monde et Euro confondus.
/origin-imgresizer.eurosport.com/2024/07/14/4003207-81239848-2560-1440.jpg)
Aymeric Laporte remporte l'Euro avec l'Espagne
Crédit: Getty Images
Tout est beau jusqu'à ce dénouement à couper le souffle, cette action à trois à la 86e minute conclue par Oyarzabal. Il ne faudra pas réduire cette œuvre aux tourments causés par Williams et Yamal mais cette aventure a aussi révélé sur la plus grande scène deux talents géniaux aux sourires d'ange. Dimanche, c'est une certaine idée du football qui a triomphé de tout ce qu'on a subi depuis un mois. De toutes ces sélections, du Portugal à l'Angleterre en passant, évidemment par la France, qui avaient choisi de ne pas perdre plutôt que d'essayer de gagner, qui préférait les trous de souris aux voies rapides. Le foot n'est pas tout à fait mort, pas encore. Merci l'Espagne.
Publicité
Publicité