Euro 2024 - Espagne - Anglererre (2-1) - Victoire du jeu, Kane paranormal et Bleus à la fête : les tops et flops

L'Espagne n'avait plus gagné de titre depuis 12 ans. Mais dimanche à Berlin, elle a repris le cours de son histoire, et marqué la grande. Après 1964, 2008 et 2012, la Roja a décroché son quatrième Euro pour s'installer seule tout en haut du palmarès de la compétition, devant l'Allemagne (3). Cela valait le coup d'attendre.

De son premier à son dernier match dans cet Euro, l'Espagne savait où elle allait. Et elle nous a régalé. Ce sacre de la Roja vient récompenser une équipe proactive durant toute la compétition, qui a régalé par le jeu, se délestant de la possession stérile qui lui faisait défaut sous Luis Enrique.

Et quel meilleur exemple que ce but de la victoire de Mikel Oyarzabal, venu conclure un formidable jeu en triangle ? A l'arrivée, la sélection de Luis de la Fuente aura inscrit 15 buts. Le meilleur total de l'histoire de la compétition, devant les Bleus de Platini en 1984. Tout en gagnant l'intégralité de ses matches...

Le premier avait écœuré l'équipe de France en demie d'une frappe magistrale, et a délivré dimanche sa quatrième passe décisive de la compétition pour... le second. Ce dernier avait cumulé un but et une passe décisive contre la Géorgie en huitièmes, et a ouvert le score dans cette finale qu'il a marquée de son empreinte. Avec Lamine Yamal et Nico Williams, l'Espagne peut voir très loin. L'amateur de football en général, d'ailleurs : avec ces deux-là, on devrait se régaler durant des années. Quels talents...

On aurait aimé voir l'équipe de France en finale de cet Euro. Mais cela n'empêchera pas certains Français d'avoir un très, très grand sourire ce dimanche. On pense à la charnière "espagnole" Robin Le Normand - Aymeric Laporte. L'un et l'autre ont un temps rêvé d'équipe de France avant de se résoudre à choisir l'Espagne. Un choix finalement payant.

Comment ne pas évoquer, aussi, la performance au sifflet de François Letexier. On a très peu vu l'arbitre tricolore de la rencontre, et c'est souvent très bon signe. L'homme en jaune a géré les débats avec calme et fermeté, en n'ayant aucun fait de jeu majeur à gérer. Un bon signal pour l’arbitrage de l’Hexagone.

L'armoire à trophées des Three Lions va continuer de prendre la poussière pendant encore au moins deux ans. Pour sa deuxième finale de rang, l'Angleterre va encore devoir sécher ses larmes. Une Italie restrictive en 2021, une Espagne dominatrice en 2024 : peu importe l’adversaire et son style, à chaque fois, c'est le même résultat. La sélection de Gareth Southgate, et de ceux qui l'ont précédé, ne parvient pas à se détacher de cette étiquette de loser. Cela fait désormais 58 ans que cela dure. Une vraie anomalie pour un tel pays de football.

Cela commence à relever du paranormal. A 30 ans, l'attaquant et capitaine des Three Lions Harry Kane n'a toujours pas remporté le moindre trophée. Un cas absolument unique parmi les joueurs de son envergure. Comme ses coéquipiers, l'ex-joueur de Tottenham vient de perdre une deuxième finale de l'Euro de rang. En club, il a également perdu quatre finales, dont une de Ligue des champions avec les Spurs. Même son transfert chez l'ogre du football allemand, le Bayern Munich, a abouti sur une improbable première saison blanche. Une vraie malédiction. Même si dimanche, Kane n'a pas fait grand-chose pour la briser.

On joue la 90e minute de jeu, avant un temps additionnel de quatre petites minutes. Sur corner, l'Angleterre a peut-être une dernière chance d'égaliser. Declan Rice s'élève très haut, étrangement libre, mais bute sur Unai Simon de la tête. Marc Guéhi a suivi et tente sa chance à son tour, mais Dani Olmo repousse ce nouveau coup de casque devant sa ligne. Ce double-sauvetage avait sa place dans les "tops". Mais ce manque d'esprit tueur est trop symbolique des récentes déceptions anglaises.