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Euro 2024 - Pourquoi Robin Le Normand n'a pas percé avec Brest ? Valentin Henry se confie à Eurosport
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Publié 12/07/2024 à 00:06 GMT+2
Huit ans après son départ libre du Stade Brestois, Robin Le Normand, qui a depuis connu une ascension fulgurante en Liga, s'apprête à disputer la finale de l'Euro 2024 avec l'Espagne. Pourquoi le défenseur n'a-t-il pas réussi à s'imposer en France avec son club formateur ? Pour Eurosport, Valentin Henry, qui l'a côtoyé à Brest, est revenu sur les jeunes années de Robin Le Normand.
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Video credit: Eurosport
Valentin Henry, êtes-vous surpris par la trajectoire de Robin Le Normand que vous avez côtoyé au Stade Brestois (ndlr : de 2013 à 2016) ?
Valentin Henry : C'est difficile de dire le contraire (rires). Personne n'aurait pu prévoir qu'il allait devenir titulaire indiscutable avec l'équipe nationale espagnole. On était ensemble en N2 et c'était un joueur qui sortait déjà du lot. Mais huit ans après son départ de Brest, le retrouver là où il se trouve actuellement, c'est exceptionnel et atypique. Après, c'est totalement mérité.
Robin Le Normand a joué un match de Ligue 2 avec Brest en 2015-16. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?
V.H. : Au regard de ses qualités footballistiques qui étaient déjà incroyables à l'époque, j'avais été très étonné que Brest ne lui donne pas sa chance et qu'il le laisse partir car il avait un gros potentiel. Au-delà de tout ça, c'était une très belle personne en dehors du terrain. Il avait toutes les qualités requises pour faire une carrière. Il était posé et intelligent. Pour moi, c'était un joueur sur lequel il fallait s'appuyer et un gros travailleur. Je savais qu'il avait un avenir dans le football. Je pense que Brest a dû se mordre les doigts un petit moment.
Justement, pourquoi le Stade Brestois ne l'a pas conservé à l'époque ?
V.H. : Je crois qu'il y avait une histoire de hiérarchie avec les défenseurs centraux. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé. Je pense que cette décision avait été prise plus haut dans la direction. Lui avait été un peu surpris. Il est sorti de Brest par la petite porte et ce n'était pas mérité car c'était un joueur qui avait mouillé le maillot. En plus, il avait montré de belles choses avec les pros.
Quels étaient ses points forts sur le terrain ?
V.H. : Il était très fort dans l'impact athlétique. On a joué plusieurs saisons ensemble en N2 et il avait une assise physique qui était complètement différente de ses adversaires. Il avait une bonne qualité de relance, qui est tout autre encore aujourd'hui. C'est incroyable d'ailleurs la progression qu'il a eu dans ce domaine-là. C'était un joueur réfléchi et intelligent. En fait, il survolait les débats. Il n'y avait pas photo. Je pense qu'il aurait survolé rapidement la Ligue 2, c'est juste qu'on ne lui a pas laissé le temps.
Dans quels domaines devait-il progresser ?
V.H. : Il n'en avait pas (rires). J'aurais peut-être dit les relances mais c'est vraiment parce qu'il faut trouver un truc car il était déjà au-dessus dans ce domaine-là.
Est-ce qu'il avait déjà le type de jeu pour s'imposer en Espagne ?
V.H. : Personnellement, je ne l'aurais pas forcément imaginé en Liga. Je l'aurais plus vu dans un championnat avec un fort impact physique, par exemple en Ligue 1 ou en Premier League, car c'était l'une de ses principales qualités. Là, il a quasiment inversé la tendance car on voit beaucoup ses qualités de relanceur aujourd'hui. C'est impressionnant. A notre époque, il était tellement au-dessus physiquement qu'il n'avait pas besoin d'insister sur d'autres qualités pour sortir du lot. C'était un monstre derrière. Il avait une posture charismatique sur le terrain, il était bien placé. Tout ce qui avait attrait au jeu défensif, il était déjà très, très bon.
Comment était-il en dehors du terrain ?
V.H. : C'était un amour. Il avait une aura de capitaine. Il était toujours travailleur et de bonne humeur. C'est le type de joueur que les coachs rêvent d'avoir dans leur équipe. Il était généreux et se transcendait mentalement quand il fallait faire des tests physiques. Il était à fond constamment. Il avait déjà un mental forgé pour le haut niveau.
Avec toutes les qualités que vous évoquez, c'est difficile de comprendre pourquoi Brest n'a pas voulu le conserver...
V.H. : Moi aussi j'étais étonné. Quand tu as un joueur comme ça dans ton centre de formation, tu as envie de t'appuyer dessus. Est-ce que le club a considéré qu'il avait encore des lacunes ou est-ce qu'il ne rentrait pas dans les cases d'un système ou d'une philosophie de jeu ? Cette décision avait été prise à la fin de la saison 2015-16 (ndlr : Robin Le Normand était parti libre). Aujourd'hui, personne ne pourra dire que c'est de la chance. Ce qu'il vit, c'est complètement mérité car il a toujours beaucoup travaillé et saisi les opportunités qui se présentaient à lui. Ce joueur-là doit être un exemple pour ceux qui ont des trajectoires particulières. Il n'a rien lâché et derrière il a été récompensé.
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