Eurosport
Euro 2024 - Se transformer pour mieux rêver : l’Angleterre prête à tout pour enfin décrocher le titre
Par
Publié 10/07/2024 à 00:37 GMT+2
Si elle n’a jamais été aussi critiquée sur sa manière de jouer que dans cet Euro 2024, l’Angleterre n’a sans doute jamais autant assumé sa volonté de gagner à tout prix. Trois ans après le traumatisme de Wembley, les hommes de Gareth Southgate ont compris que pour gagner, il fallait autre chose que des envies de jeu.
Faut-il insister avec Mbappé ? "S'il faut en sortir un, c'est plutôt Griezmann"
Video credit: Eurosport
Il fut un temps où l’Angleterre était la nation du football, la nation du beau jeu, mais une sélection qui ne gagnait rien. Il faudra encore patienter au moins une semaine pour savoir si elle garnira son armoire d’un second trophée après le Mondial 1966 mais l’Angleterre n’est plus une équipe que l’on se plait à suivre. Pire, elle ennuie et provoque l’incompréhension sur son niveau de jeu, vu le matériel mis à sa disposition. Voilà des mois désormais que le sélectionneur Gareth Southgate est mis sous pression en raison des performances des Three Lions. Et ce n’est pas dans cet Euro 2024 que l’Angleterre s’est remise à jouer.
1966, vestige plus que dernier trophée
"L’Angleterre défie la logique du football pour rester dans la compétition, confiait l’ex-international Jamie Carragher après le quart de finale victorieux face à la Suisse. Il est très inhabituel qu’une nation forte joue si régulièrement mal dans un tournoi majeur et atteigne les demi-finales. Si l’Angleterre va jusqu’au bout, elle ne sera pas parmi les équipes qui ont marqué l’Euro comme la France en 2000 ou l’Espagne en 2012 mais plutôt comparable aux victoires de la Grèce en 2004 et du Portugal en 2016, lorsqu’une série de performances décevantes a conduit à un succès improbable". "Ce n’est pas la première fois que Southgate a failli payer le prix de son refus obstiné de réagir par des remplacements et on peut se demander s’il va un jour apprendre", taillait The Sun. Les critiques sont sévères, comme toujours avec les Anglais, mais elles symbolisent aussi les folles attentes d’une nation qui n’a que trop peu gagné dans l’histoire.
/origin-imgresizer.eurosport.com/2024/05/27/3976381-80703328-2560-1440.jpg)
"Au milieu et en attaque, c'est le meilleur effectif" : comment l'Angleterre aborde l'Euro
Video credit: Eurosport
Depuis sa première participation à une compétition majeure, lors de la Coupe du monde 1950, la sélection anglaise a souvent aligné une grosse équipe, parfois été parmi les grands favoris de l’épreuve mais ne compte au final "que" une Coupe du monde, qui date de 1966 qui plus est. Cela fait peu et trop longtemps. Surtout, l’Angleterre a rarement réussi hors de chez elle puisque ses deux seules finales internationales ont été à domicile, en 1966 et surtout à l’Euro 2021 (malgré un match en Italie, en quart de finale), véritable traumatisme anglais. Avec cette première finale de son histoire à l’Euro perdue à Wembley, aux tirs au but. Alors forcément, un échec pareil vous change un homme et une équipe.
Finie l’Angleterre qui, sans être le Brésil, l’Espagne 2012 ou Manchester City, cherchait à jouer au foot et finissait par se faire punir, comme aux Coupes du monde 2018 et 2022. Les Three Lions ont bien grandi, Gareth Southgate aussi. Souvent décrié, parfois raillé pour son style de jeu minimaliste ces derniers mois, l’ancien défenseur d’Aston Villa et Middlesbrough n’a jamais caché son respect pour le sélectionneur français Didier Deschamps dont son équipe reprend de plus en plus de traits : ennuyante, parfois désespérante mais souvent victorieuse, solide et au rendez-vous. Depuis 2016, l’Angleterre a trouvé de la régularité dans les tournois majeurs puisqu’il s’agira de la troisième demi-finale de l’ère Southgate, après le Mondial 2018 et l’Euro 2021. Soit presque autant (4) que dans le reste de son histoire… Alors, le beau jeu, le sélectionneur anglais s’en fiche un peu, et ne s’en cache pas.
/origin-imgresizer.eurosport.com/2024/07/06/3998985-81155408-2560-1440.jpg)
"Griezmann est un sentimental, il y a un truc qui s'est cassé"
Video credit: Eurosport
"Il faut d'autres qualités pour gagner les tournois majeurs, expliquait Southgate après le quart de finale contre la Suisse. Mes joueurs ont montré des qualités incroyables de caractère, de résilience. Je regardais les matches hier soir et je leur en ai parlé : ce n'est pas juste une question de bien jouer au football. L'Espagne a montré d'autres vertus : ils ont pris sept cartons jaunes. Ils ont trouvé des moyens pour gagner. Les joueurs ont montré ce qu'ils avaient en eux, malgré tout ce qui se passe autour. Ils sont revenus deux fois au score, là ils gagnent aux tirs au but, avec un sang-froid impeccable". Un sang froid qui leur avait justement si souvent manqué à l’Euro, que ce soit en 2021 mais aussi en 2012 (sortie en quarts par l’Italie), en 2004 (sortie en quarts par le Portugal) ou en 1996 (sortie en demies par l’Allemagne). Mais cette Angleterre ne cesse d’apprendre de ses échecs. Et de s’adapter.
Bellingham le sauveur
Volontairement ou non, les Three Lions ressemblent – au même titre que l’équipe de France – au Real Madrid de la sélection. On retrouve chez les hommes de Gareth Southgate ce sentiment qu’il n’existe aucune situation qui ne puisse être renversée. Avec Jude Bellingham en sauveur comme dénominateur commun. Sans la star madrilène, l’Angleterre aurait-elle gagné un seul match dans ce tournoi ? Serait-elle si ce n’est encore en lice ? Probable que non.
C’est lui qui lance les siens dès le premier match face à la Serbie (0-1), c’est encore lui qui les sauve en huitièmes avec ce retourné génial à la dernière minute face à la Slovaquie (2-1, a.p). Il aura été plus transparent face à la Suisse, mais il a plus ou moins disparu aussi avec le Real en Ligue des champions avant d’être décisif en finale. Certes, à Wembley, comme par hasard. Mais l’Angleterre a trop changé pour se rattacher à son passé. Et face aux Pays-Bas, qu’elle n’a battu… qu’à domicile hors match amical, il est temps d’écrire l'avant dernier chapitre de sa plus belle page de son histoire à l’Euro.
Publicité
Publicité