Euro 2024 - "Une Ferrari à 80 km/h sur l’autoroute", moins effrayants : les Bleus vus de l’étranger

Si l’Europe reconnaît la force collective et défensive de l’équipe de France, le style de jeu des Tricolores fait grincer des dents nos voisins européens, qui s’accordent sur le sentiment de gâchis que représentent les performances françaises depuis le début du championnat d’Europe. Une France moins impressionnante qu’en 2018, mais pas moins dangereuse.

Match après match, victoire après victoire, le sentiment qui règne autour de l'équipe de France semble le même : elle gagne des matchs et perd l’amour de ses supporters. Jeu léthargique, défensif, une envie défaillante… Chacun y va de sa critique, malgré les résultats plus que convaincants de Didier Deschamps à la tête de l’équipe de France. Un sentiment commun en France mais aussi par-delà les frontières.

"C’est triste de voir une équipe aussi talentueuse jouer un football aussi peu inspiré”, avoue Dennis Melzer, journaliste pour Eurosport Allemagne. Et il n’est pas le seul. “Comme tout le monde, je trouve ça fou qu’une équipe talentueuse comme la France joue un football aussi pauvre, estime notre confrère italien Stefano Dolci. Sans les buts contre-son-camp, les penalties et surtout les arrêts de Maignan contre le Portugal, nous parlerions aujourd’hui d'un flop !”. Mais la France est passée, comme souvent.

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“La France a toujours du mal à passer les tours mais leur compétitivité n’est pas en doute, estime Guillermo Marcos, journaliste pour Eurosport Espagne. Cependant, en Espagne, la France n'est plus aussi favorite qu'on le pensait avant l'Euro”. La faute notamment à sa faiblesse offensive. “Il est incroyable que la France n’ait marqué que trois buts, un sur penalty et deux contre-son-camp, poursuit le journaliste espagnol. On attendait davantage de Griezmann, Dembélé ou Mbappé, même si ce dernier est conditionné par le masque.” Une attaque décevante dont les performances laissent l’Europe sans voix. “Les stars offensives françaises ont été décevantes dans tous les domaines, tout semble beaucoup trop peu créatif et en manque d'idées”, estime Dennis Melzer.

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Video credit: Eurosport

Je ne suis pas surpris, car la France sous Deschamps a toujours été un peu plus orientée défensive”, rappelle Pete Sharland, de la rédaction d’Eurosport Angleterre Et c’est justement ce qui est le plus souvent reproché aux Bleus : privilégier le résultat à la manière.“Bien sûr, l’Angleterre n’a pas gagné grand-chose, donc si vous disiez aux fans anglais que leur équipe jouerait serait un football affreux, mais avec une victoire en Coupe du monde, une finale du Championnat du monde et une finale de l’Euro en poche par rapport à une seule finale (défaite) de l’Euro, ils l'accepteront sans se poser de question, poursuit-il. Évidemment que gagner est important, mais si Gareth Southgate est soumis à une pression énorme, c’est en grande partie en raison de la façon dont l'Angleterre joue actuellement.” Mais bien jouer ne donne pas forcément plus de garanties, loin de là.

Après les titres de 2008, 2010 et 2012, l'idée selon laquelle il fallait bien jouer pour gagner a prévalu en Espagne, explique Guillermo Marcos. Conservez la possession comme cela s'est produit avec la meilleure Espagne de ces années-là. Mais cela a conduit à l’échec des Coupes du monde 2014, 2018 et 2022, en plus de l’Euro 2016. Et même à l’Euro 2021, un seul match avait été gagné dans le parcours jusqu'aux demi-finales. Les Espagnols veulent toujours gagner en attaquant, mais avec plus de verticalité et moins de possession”. Une sorte de compromis entre le jeu traditionnel espagnol et la réalité actuelle.

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Naturellement, les supporters sont beaucoup plus euphoriques lorsque l’équipe nationale allemande joue un football offensif inspirant mais en fin de compte, le football est une question de résultats et de trophées”, estime notre confrère allemand, tandis que Stefano Dolci y voit surtout une résultante de l'aspect "sélection". “En équipe nationale, je pense que c’est vraiment difficile de voir un football beau et spectaculaire”. Mais à se montrer aussi frileuse offensivement, les Bleus semblent moins impressionnants aux yeux de l’Europe.

La France est moins forte qu’en 2018, juge notre confrère italien. Mbappé est l’ombre de lui-même depuis sa blessure au nez et les autres cadres (comme Griezmann) sont loin de leur meilleur niveau”. Même son de cloche de l’autre côté de la Manche. “Dans certains domaines, ils sont meilleurs et dans d'autres, ils sont pires qu’en 2018, analyse Pete Sharland, de la rédaction d’Eurosport Angleterre. Mais la France n’est pas aussi "effrayante" à affronter maintenant qu'elle l'était en 2018”. Car, si tout n’avait pas été parfait en Russie, les Bleus avaient su hausser leur niveau en phase finale.

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La France n'a pas impressionné lors de la phase de groupes de la Coupe du monde 2018, mais les choses s’étaient bien mieux passées à partir des huitièmes de finale, rappelle notre confrère allemand Dennis Melzer. D'aussi loin que je me souvienne, la France était synonyme de spectacle. Dans ce Championnat d'Europe, je ne vois pas comment la France pourrait redevenir une telle force”. Mais, du côté des Pyrénées, on refuse d’y voir une équipe moins forte. “La France montre moins de potentiel offensif, du moins jusqu'à présent, qu’en 2018 mais elle défend mieux, explique Guillermo Marcos. Ce n’est pas une pire équipe car elle rivalise à égalité et ne pas prendre de but la rend très dangereuse”. Et c’est finalement la grande force que toute l’Europe accorde aux hommes de Didier Deschamps.

La défense, point fort surprenant symbolisé par Upamecano

Il est surprenant à quel point la défense française est stable… avoue Dennis Melzer. Dayot Upamecano en particulier, qui commet régulièrement de graves erreurs au Bayern, joue un tournoi exceptionnel”. Un avis partagé par Guillermo Marcos. “Ne pas prendre de but est une tâche compliquée et elle l’était encore plus avec les doutes qui entouraient la retraite d’Hugo Lloris, le niveau de Dayot Upamecano ou encore la blessure de Lucas Hernandez, estime notre confrère espagnol. Mais ils ont tous performé à un haut niveau, ainsi que toute l’équipe au niveau tactique”. Et difficile de ne pas penser que le retour en sélection de N'Golo Kanté joue dans cette incroyable solidité.

William Saliba et Dayot Upamecano ont vu leurs positions s'inverser en équipe de France

Crédit: Getty Images

La présence de Kanté est très importante, c’est l'équilibre de cette équipe et une aide énorme pour la stabilité de l'équipe de France”, analyse Stefano Dolci. Alors oui, ces Bleus n’impressionnent personne, oui ils ennuient beaucoup de gens mais ils ne sont qu’à deux matchs de gagner leur 3e Euro après 1984 et 2000. Un sentiment contrasté résumé par notre confrère allemand Dennis Melzer : “C'est comme avoir une Ferrari mais rouler seulement à 80 km/h sur la voie de droite de l'autoroute”. Mais qu’importe le voyage, pourvu qu’il y ait l’ivresse des succès.

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