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PSG - OL (4-0), analyse tactique : Comment Laurent Blanc a répondu à Rémi Garde

Florent Toniutti

Mis à jour 02/12/2013 à 17:21 GMT+1

Le 5-4-1 utilisé par Rémi Garde au Parc des Princes a d'abord gêné la construction du PSG. Mais c'est finalement Laurent Blanc qui a remporté la bataille tactique. Analyse.

Vercoutre : "On a tenu 30 minutes, c'est peu"

Face à Lyon dimanche soir, le PSG a enchaîné son 36e match d’affilée sans défaite. Gênés pendant une grosse demi-heure par l’organisation surprise des Lyonnais, les Parisiens ont fait sauter le verrou avant la mi-temps à la faveur d’un changement tactique efficace. Ils ont ensuite contrôlé les débats sans grande difficulté.
Les surprises du coup d’envoi 
Plusieurs surprises étaient à noter au coup d’envoi. Côté parisien, Matuidi n’était pas de la partie, Laurent Blanc décidant d’aligner Pastore à sa place aux côtés de Verratti et Thiago Motta. Exceptionnellement, Cavani passait sur l’aile gauche pour ce match, sans doute pour compenser l’absence de Matuidi et son activité défensive habituelle de ce côté du terrain (Sirigu – Van der Wiel, Alex, Thiago Silva, Maxwell – Verratti, Thiago Motta, Pastore – Lucas Moura, Ibrahimovic, Cavani).
Côté lyonnais, Rémi Garde a dû composer avec le forfait de dernière minute de Gomis, d’abord annoncé titulaire à la pointe de l’attaque. Intox prévue ou choix forcé par les circonstances, le coach lyonnais a ressorti le 5-4-1 déjà vu lors du déplacement de l’OL au Parc des Princes la saison dernière. Umtiti remplaçait numériquement Gomis et s’installait en défense centrale aux côtés de Koné et Bisevac (Vercoutre – Miguel Lopes, Koné, Bisevac, Umtiti, Bedimo – Gonalons, Grenier, Fofana, Gourcuff – Lacazette).
Les Parisiens sans réponse : 
Ce choix tactique de Rémi Garde a pris tout son sens durant les premières minutes de jeu. Face à la relance parisienne, les Lyonnais opposaient un milieu très dense dans l’axe avec la présence de Lacazette, Gourcuff, Fofana, Grenier et Gonalons. Comme tous les adversaires du PSG, cette formule visait à couper la relation entre les milieux parisiens et Ibrahimovic, accélérateur de jeu n°1 des attaques parisiennes dans les 30 derniers mètres. Les deux premiers, plus avancés sur le terrain, se retrouvaient généralement dans les zones de jeu habituelles de Thiago Motta et Verratti. Axial droit dans le système lyonnais, Fofana était chargé de surveiller les mouvements de Pastore.
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FOOTBALL 2013 PSG - Lyon - Toniutti (début de match Lyon)

Crédit: Eurosport

Sur le papier, Grenier aurait dû en faire de même avec Verratti, mais le milieu lyonnais restait la plupart du temps en couverture, évitant ainsi à Gonalons de se retrouver seul devant la défense. Du coup, c’est généralement Gourcuff qui évoluait le plus proche du milieu parisien. Mais lui non plus ne mettait pas une très grande pression sur ce dernier lorsqu’il redescendait chercher les ballons dans sa moitié de terrain. Sans doute l’une des explications à l’exceptionnel nombre de ballons joués par l’Italien lors de cette rencontre (115 passes pour 109 réussies). En couverture, Gonalons évoluait sans véritable adversaire direct : cela lui permettait de compenser les déplacements de ses partenaires et/ou de couper les courses avec le ballon de Cavani, Lucas Moura, Pastore voire Ibrahimovic.
En complément de ce travail dans le coeur du jeu, les Lyonnais opposaient leurs propres latéraux aux montées de Maxwell (vs Miguel Lopes) et Van der Wiel (vs Bedimo). En couverture, Koné et Umtiti sortaient sur les décrochages de Cavani et Lucas Moura. En dernier rideau, Bisevac luttait avec Ibrahimovic lorsque ce dernier était mis à contribution sur les relances longues de ses partenaires (approches privilégiées par le PSG en début de partie, faute d’autres solutions au milieu de terrain). Là encore, Gonalons était présent pour venir à l’aide de ses défenseurs en cas de nécessité, notamment sur les seconds ballons.
Cet ensemble a posé beaucoup de problèmes au PSG durant la première demi-heure. Les Parisiens ont tout de même monopolisé le ballon grâce à la présence de leurs défenseurs centraux, toujours disponibles, et à l’espace offert à Maxwell côté gauche. Miguel Lopes n’était pas aussi agressif que Bedimo face à Van der Wiel, sans doute afin de limiter les situations de un-contre-un entre Cavani et Koné. Si Paris tenait le ballon la plupart du temps, l’OL pouvait toutefois le conserver sur quelques phases de jeu lorsqu’il le récupérait au milieu de terrain. Bedimo et Miguel Lopes étaient en effet des solutions immédiates pour sortir le ballon de l’axe (zone du pressing parisien) et le conserver ensuite dans le camp adverse.
En revanche, les Lyonnais se sont rapidement montrés incapables de construire dans les 30 derniers mètres, la faute à une absence de prises de risque de la part des milieux de terrain. Fofana ou Grenier n’ont que trop rarement tenté d’accompagner les montées de Gourcuff ou des latéraux avec le ballon. Résultat, à part sur coup de pied arrêté, l’OL ne pouvait compter que sur un exploit individuel de Gourcuff ou Lacazette pour mettre le feu dans la défense parisienne. L’attaquant lyonnais a failli réussir son coup (26e) mais la barre en a décidé autrement. Et le PSG s’est ensuite ajusté…
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FOOTBALL 2013 PSG - Blanc et Verratti

Crédit: Panoramic

Paris : les couloirs 
Au cours de la première demi-heure, rares ont été les mouvements dangereux pour la disposition tactique lyonnaise. Côté gauche, Pastore a parfois posé des problèmes en prenant l’espace dans le dos de Koné (Cavani) et Miguel Lopes (Maxwell), utilisant les services de Thiago Silva ou de son latéral. Mais le bon repli de l’équipe et la présence en couverture de Gonalons ont permis aux Lyonnais de contenir ces assauts. A droite, Lucas Moura s’est lui retrouvé complètement éteint par Umtiti, tout comme Van der Wiel par Bedimo. A l’inverse de Pastore côté gauche, Verratti ne prenait pas la profondeur, préférant opérer en second "regista" aux côtés de Thiago Motta.
Le match a changé de physionomie lorsque le staff parisien a fait le choix de passer en 4-4-2. Finis les mouvements dans le coeur du jeu, Pastore s’est excentré côté gauche afin de permettre à Cavani de passer en pointe. L’Argentin est ainsi devenu le pendant de Lucas Moura, laissant la mène à Thiago Motta et Verratti qui n’avaient de toute façon pas besoin d’un troisième homme pour assurer la relance : Lacazette était le seul Lyonnais à leur hauteur et Thiago Silva pouvait en plus leur prêter main forte côté gauche.
Avec cette menace aux avant-postes, capable de prendre la profondeur, le PSG dissuadait Koné et Umtiti de sortir sur les décrochages de Pastore et Lucas Moura sur les côtés (nouveaux ailiers gauche et droit). Maxwell et Van der Wiel occupant toujours les ailes et les latéraux adverses, les deux excentrés parisiens se retrouvaient à exploiter les couloirs au niveau de la ligne médiane, forçant les milieux lyonnais à les prendre en compte. De cette manière, des angles de passe s’ouvraient vers le coeur du jeu, à destination d’Ibrahimovic par exemple, qui profitait de la présence de Cavani en pointe pour redescendre entre les lignes.
Les Parisiens utilisaient aussi la largeur dans l’entrejeu afin de dégager des positions idéales pour Pastore ou Lucas Moura. Ainsi, sur le penalty amenant le second but parisien, tout est parti d’un ballon envoyé de la droite vers la gauche par Verratti, qui a su résister au pressing de Grenier et trouver l’espace pour servir Pastore. En une diagonale, il a ainsi éliminé l’ensemble des milieux lyonnais. Seul au niveau de la ligne médiane, l’Argentin "n’avait plus qu’à" accélérer en attendant le moment idéal pour servir Cavani entre Koné et Bisevac.
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FOOTBALL 2013 PSG - Lyon - Toniutti (origine 2e but PSG)

Crédit: Eurosport

Grâce au changement de système, le PSG a aussi pu s’installer dans le camp lyonnais et limiter les possessions de balle adverses. A partir du moment où les latéraux lyonnais étaient obligés de redescendre dans leur moitié de terrain pour défendre, ils n’étaient plus des solutions "immédiates"  pour les milieux axiaux. Ces derniers se retrouvaient alors sous pression (Thiago Motta, Verratti puis Matuidi), et les Parisiens récupéraient plus facilement le ballon. 

Deuxième mi-temps : 
Après la pause, l’OL est revenu en 5-3-2 avec un Gourcuff positionné plus haut afin d’épauler Lacazette face aux deux milieux de terrain parisiens (Verratti et Matuidi). En deuxième rideau, Fofana et Grenier encadraient désormais Gonalons. Ce trio coulissait sur la largeur afin de bloquer les milieux excentrés du PSG (Pastore à gauche et Lucas Moura à droite, qui était parfois remplacé par Ibrahimovic – voir ci-dessous). La pression était plus grande sur les premières transmissions parisiennes mais malgré cela, Matuidi et Verratti sont restés maîtres du ballon, s’appuyant sur Thiago Silva et Alex en cas de besoin. Bref, les Parisiens ont continué à maîtriser la partie, faisant en plus preuve de réalisme pour creuser l’écart.
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