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Blanc victime de Domenech

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 09/08/2010 à 09:03 GMT+2

Si le conseil fédéral a pointé cinq joueurs, contrairement à l'avis de Laurent Blanc et à la recommandation initiale de la mission d'information, c'est pour lui faire comprendre que la FFF allait (enfin) exercer son autorité sur l'équipe de France. Plongée dans les coulisses du conseil fédéral.

2010 Equipe de France Laurent Blanc

Crédit: AFP

L'époque où Laurent Blanc était surnommé "le Président" est révolue. Il est "le Sélectionneur", point à la ligne. "Son avis n'a pas pesé, je n'ai pas écouté"... Le sourire de Bernard Saules, membre du conseil fédéral, est franc, entier, méditerrannéen, au moment où il lui est demandé si la préférence très affirmée du nouveau patron des Bleus pour la fermeture de la parenthèse Knysna a été prise en compte dans les débats. "Désolé, messieurs les journalistes, je ne vous lis pas tous les jours. Je ne connaissais pas la position de Laurent Blanc, je connais la mienne, et ça me suffit."
Jacques Riolacci, membre de la mission d'information, va plus loin. Il n'a aucun mal à déterminer que "l'intrusion de Blanc dans le débat" a plutôt joué contre ses thèses. "A peine avions nous entrepris de déblayer le terrain qu'il nous a fixé une date butoir, s'est étonné l'ancien patron de la commission de discipline de la Ligue. C'était déjà très pénalisant. Et là où la commission a ressenti comme une forme de malaise, c'est quand Laurent Blanc a dessiné les contours de ce qui devait se passer. Il nous a semblé qu'un voile commençait à s'alanguir sur toute l'affaire avec, comme conclusion : faisons table rase du passé et osons pardonner." Le conseil n'a pas pardonné : Anelka, Ribéry, Abidal, Toulalan et Evra répondront de leurs actes devant la commission de discipline. Assez vite, nous dit-on.
Henry et Gallas sont passés près
Vers 10 heures vendredi, quand la réunion fédérale commence, personne ne semble devoir craindre pour son matricule. La mission d'information défend l'idée d'une responsabilité collective et d'un renvoi général des 23 joueurs face à la commission. De fait, la position du sélectionneur est déjà piétinée. Le contexte est un peu parano. Seul Fernand Duchaussoy a reçu ce court rapport (trois pages et demies). Les vingt autres membres prennent connaissance du contenu par oral. Très vite, le poids des arguments de Bernard Saules et Lilian Thuram fait mouche : impossible, à leurs yeux, de rester inertes face à la responsabilité individuelle des meneurs, palpable malgré la ligne de défense collective des Bleus. "Ce système "groupir" leur permettait d'alléger l'addition, témoigne un membre du conseil. Nous avons été quelques-uns à dire que c'était bien tenté mais insuffisant."
Sept noms circulent au départ. Anelka pour ses insultes, dont la mission d'information a établi la gravité. Evra en tant que capitaine. Ribéry comme vice-captaine. Toulalan pour avoir été moteur dans la rédaction du communiqué. Abidal car il n'a renvoyé aucun coup de fil à la mission d'information. Henry et Gallas au nom de leur passé d'ex-captaine et de leur non-assistance à équipe en danger. Juridiquement, la faute de la passivité semble bancale et le conseil resserre l'étau autour de cinq personnes. Au final, deux votants s'expriment en faveur du transfert des vingt-trois dossiers. Tous les autres sont d'accord pour renvoyer seulement les cinq fautifs. Aucun n'est sur la ligne Laurent Blanc.
"Le chèque en blanc, c'est fini"
"Blanc ne peut pas dire, comme ça, à la télé : 'J'ai suspendu les joueurs pour un match, et maintenant c'est fini parce qu'il y a un autre match', nous dit Bernard Saules. Au conseil, certains ont soulevé ce problème et ont dit : 'Attendez, mais rien n'a changé ?' Domenech gérait son équipe en autarcie. C'est encore ça qu'on veut ?" Les leçons des deux années précédentes ont mis du temps à être digérées, mais il faut croire qu'elles le sont. "Le chèque en blanc, c'est fini." La mission d'information avait d'ailleurs alerté sur ce flou artistique entourant l'encadrement hiérarchique des Bleus, le même qui avait saisi d'effroi l'autorité de tutelle ces derniers mois. Un membre du conseil fédéral : "Nous avons adressé un message à Laurent Blanc : 'il y a un patron au-dessus de toi''. On lui a dit : 'tu n'est pas le taulier'. Nous ne voulons pas recommencer les erreurs qu'on a commises et il y a un message subliminal : 'Tu es sélectionneur, très bien. Tu as choisi ton staff, OK. Tu as un projet, OK. Mais là, ce n'est pas toi le patron'. Et c'est logique. Il faut un pouvoir fédéral fort." Un pouvoir fédéral, comprend-on aussi, qui croit possible une victoire contre la Biélorussie avec une équipe A'. Et la Bosnie ? Blanc peut toujours chercher à envoyer des messages à la commission de discipline...
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