Knysna, on n’en sort pas

Jamais rendu public, le rapport de la mission d'information de la Fédération française a quelque peu fuité sur le site internet du Point.fr, mercredi soir. Cette fuite confirme que la mission recommandait de transférer 23 joueurs devant la commission de discipline, mais, comme nous vous l’avions alors expliqué, cette mission d'information avait dû travailler dans l'urgence et n'avait pas eu le temps d’explorer toutes les pistes menant aux meneurs. "Il n'y a eu aucune intimidation ou contrainte", écrit le rapport. C’est le conseil fédéral qui a pris lui-même l’initiative de les déférer.

La principale nouveauté de cette publication est que Raymond Domenech a été mis en cause par trois joueurs qui l'ont désigné comme le "traître" ayant "balancé" Nicolas Anelka au quotidien L'Equipe. Comme nous vous l’avions indiqué à l’époque, la mission a établi la véracité de la première phrase "va te faire enc..., toi et ton équipe !". Concernant la deuxième allégation ("fils de…" ), la mission ne se mouille pas. Elle dit que personne n’a entendu ce qu’Anelka a marmonné. Mais il a bien été expliqué au conseil fédéral qu’un joueur cadre du groupe avait indiqué à Jean-Pierre Escalettes qu’Anelka avait dit "pire que ça".

L’Equipe a trouvé dans ce dossier un allié inattendu avec le Docteur Jean-Pierre Paclet. Dans le livre controversé paru la semaine dernière (L’Implosion), le médecin de l’équipe de Domenech entre 2004 et 2008 donne un récit extrêmement précis et documenté des jours qui ont précipité l’auto-destruction des Bleus.  Il écrit qu’Anelka a bien prononcé la deuxième insulte, mais que celle-ci n’était pas enchaînée à la première. Jean-Pierre Paclet indique que les mots de la une de L’Equipe ont été "sortis de leur contexte". Plus étonnant, dans le même ordre d'idées il raconte que les autres joueurs n’ont absolument pas été surpris d’entendre ces mots de la bouche d’Anelka. Certains ont assuré au président de la FFF que, poussés à bout par le sélectionneur, ils auraient parfaitement pu prononcer les mêmes phrases dans le même contexte. "C’est tombé sur lui."

Enfin, deux petites anecdotes données par lepoint.fr apportent un éclairage sur les à-côtés de la grève et ses suites. Accusés de ne pas avoir sur eux leur équipement de sport en descendant du bus le 20 juin, les joueurs ont indiqué qu’il n’y avait rien de prémédité. Ils ont indiqué qu'un employé d'Adidas était chargé de leur apporter leur équipement directement dans les vestiaires de longue date. Enfin, le lendemain, lorsque Roselyne Bachelot s'est adressée aux joueurs, la Ministre des Sports a refusé que Jean-Pierre Escalettes soit à ses côtés. Madame la Ministre se serait justifié d'un : "c'est un ordre de Sarkozy !"