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Football - Congrès de l'UEFA - Lise Klaveness, trop dérangeante présidente de la fédération norvégienne

Philippe Auclair

Publié 06/04/2023 à 00:18 GMT+2

Alors que le 47e Congrès de l'UEFA s'ouvrait mercredi à Lisbonne, onze candidats postulaient pour les sept sièges disponibles de membres du Comité exécutif de l'instance européenne. Parmi eux, la présidente de la fédération norvégienne Lise Klaveness, rebelle du football mondial qui n'a pris que l'avant-dernière place du scrutin. Philippe Auclair l'a rencontrée, déjà tournée vers la suite.

Lise Klaveness

Crédit: Getty Images

8h30. Le bus des délégués de l'UEFA se gare devant l'entrée du Lisbon Congress Center. La 'Famille' est arrivée pour le 47ème Congrès de l'instance. Une 'Famille' dont on se demande alors si elle va accepter au sein de son Comité Exécutif la rebelle du football mondial, pour beaucoup l'un de ses grands espoirs, la présidente de la fédération norvégienne Lise Klaveness.
La seule question qui se pose est de savoir si l'ancienne internationale norvégienne, la femme que le monde avait découverte quand elle avait osé demander à la Fifa "d'aider les travailleurs migrants et faire plus pour protéger les supporters LGBTQ+ à la Coupe du Monde" lors du Congrès de Doha, va réussir son improbable pari et être élue membre du ComEx de la confédération européenne.
Pour le reste, on est déjà fixé. La Suisse a hérité de l'Euro féminin de 2025. Aleksander Čeferin sera réélu à la Gianni Infantino - sans opposition, sans qu'un vote ne soit tenu, par acclamations, puisque c'est ainsi que fonctionnent les corps constitués du football au 21ème siècle.
Voilà des mois qu'elle fait campagne. Elle avait, dit-on, rencontré 40 des 54 autres présidents de fédérations européennes en l'espace de vingt-quatre heures lors du Congrés de la Fifa de Kigali, le mois dernier. Depuis, elle a parlé à tous les autres, excepté ceux de la Russie et du Belarus, pour les raisons qu'on devine - quand bien même, incroyablement, ni l'un ni l'autre pays, exclus de toutes les compétitions de l'UEFA, n'aient toujours pas été suspendus et sont bien là à Lisbonne.
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Lise Klaveness

Crédit: Imago

18 voix sur 55 : près du double l'avaient assurée de leur soutien

11h10. On passe enfin au seul véritable vote de ce Congrès. Chose peu courante dans les institutions du football, il y a davantage de candidats que de postes à pourvoir : onze, dont le Français Philippe Diallo, présent par la grâce des malheurs de Noël Le Graët, pour sept fauteuils à occuper jusqu'en 2027. L'opération prend du temps. Les bulletins doivent être remplis à la main. Appellés cinq par cinq, les 55 présidents des associations-membre de l'UEFA, dont celui de la Russie, assis non loin de celui de l'Ukraine, cochent - secrètement - les noms qui ont leur préférence; après quoi six assesseurs prennent tout leur temps pour faire leurs additions, tandis qu'un air de fado assure l'ambiance désirée dans une salle suffisamment vaste pour y garer deux jumbo jets.
Une heure plus tard, les résultats sont communiqués au parterre. Avec 18 voix sur 55 possibles, Lise Klaveness pointe à la dixième et avant-dernière place du scrutin. Pas loin du double de dirigeants l'avaient assurée de leur soutien avant le Congrès, suffisamment pour que son équipe y croie. On sait désormais ce que valaient ces assurances.
Un comble : Klaveness a recueilli 13 voix de moins que l'Ukrainien Andriy Pavelko, qui avait pourtant été arrêté au siège de sa fédération en novembre dernier, soupçonné d'avoir détourné plusieurs centaines de milliers d'euros d'aide internationale. Ensuite libéré sous caution, Pavelko est toujours inculpé et a même été suspendu par un tribunal civil de Kyiv. On ne sait trop comment, il a néanmoins conservé la confiance de sa fédération - et, donc, de trente de ses bons camarades de l'UEFA.
La fédération norvégienne avait senti le vent tourner. Un communiqué attribué à sa présidente est aussitôt publié sur son site. "Je sais que nous avons fait tout ce que nous pouvions faire, personne n'a travaillé plus dur que nous. Nous passons maintenant à la prochaine étape, l'élection du Comité Exécutif de l'UEFA de 2025". Le combat va donc continuer.
Nous visons l'horizon 2025
Quand Eurosport retrouve Klaveness à son hôtel deux heures plus tard, ce n'est pas la déception qui pointe dans sa voix. Ce n'est pas non plus la bravade. "C'était le premier pas", dit-elle. "Jamais n'avais-je dit ou pensé que je serai élue cette fois. Je savais que ce serait très difficile. Je suis déçue, bien sûr. J'étais prête à assumer mes responsabilités. Mais ç'avait toujours été notre stratégie : ce ne serait pas un one-shot. Nous visons l'horizon 2025".
"Les structures du football sont déséquilibrées. La sous-représentation des femmes n'est pas un problème spécifique à l'UEFA. L'UEFA fait partie du problème, oui, mais ce problème se pose dans quasiment toutes les fédérations. Nous avons des structures, des cultures, des attitudes en place dans les clubs, les associations, les diffuseurs, les sponsors qui ralentissent le changement, alors que nos sociétés, elles, vont plus vite et plus loin dans le domaine de la représentation équitable des hommes et des femmes."
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Lise Klaveness

Crédit: Getty Images

L'un des avantages, si c'est le mot, de l'échec de Klaveness est qu'elle pourra conserver sa complète liberté de parole, alors que son nom est sans doute aujourd'hui mieux connu dans le monde du football que celui des candidats qui, eux, ont eu gain de cause dans cette élection, et que sa parole porte plus loin. La perspective n'est pas pour lui déplaire.
"J'aime les activistes, dit-elle. Mais je suis une personne de systèmes. Je suis une avocate, j'ai une expérience de leader. Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours voulu représenter les gens qui ne pouvaient pas parler pour eux-mêmes - mais au sein de systèmes. Oui, il y a des désavantages quand on est en haut de la hiérarchie, mais c'est là qu'on est le plus influent. Mais vous avez peut-être raison - car ce ne sont pas les positions qui m'intéressent; c'est l'influence que je peux avoir. Alors peut-être que le timing sera meilleur dans deux ans."
En attendant, une femme siégera bien au sein du Comité Exécutif : la Galloise Laura McAllister, qui a hérité - par acclamations, elle aussi, vu qu'elle était la seule candidate - de la 'place réservée' prévue par les statuts de l'instance. Pour le reste, on attend toujours que l'UEFA, qui fêtera son 70ème anniversaire l'an prochain, élise enfin une femme à son ComEx.
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