Football, France-Chili : Alexis Sanchez, retour doux-amer au Vélodrome

C'est finalement vêtu de rouge qu'il a retrouvé la Commanderie. Six mois après son départ ému de l'Olympique de Marseille, Alexis Sanchez a profité du déplacement de sa sélection dans la cité phocéenne pour s'offrir une madeleine de Proust dans ses anciennes installations. Sourire aux lèvres, regard concentré sur un synthétique qu'il connaît bien, le désormais joueur de l'Inter Milan s'est mis en jambe comme à la maison.

Ce mardi soir, c'est lui qui mène sa sélection face à l'équipe de France, dans un Vélodrome qu'il connait encore mieux : "Ils sont les vice-champions du monde et cela me fait plaisir d'affronter un grand rival, car nous allons voir ce que nous y sommes préparés", s'est-il réjoui avant la rencontre. Le Chilien pourrait aussi y trouver un exutoire. Lui qui n'a pas trouvé la même réussite en Lombardie que dans les Bouches-du-Rhône.

"La vérité est que je n’ai joué que quelques matches, donc se remettre en forme comme ça est difficile", a-t-il concédé au média local ChileVision après la victoire de sa sélection face à l'Albanie. Huit titularisations toutes compétitons confondues à la fin mars, ce n'est pas vraiment ce qu'espérait Alexis Sanchez pour son retour à l'Inter. Pire, il a même dû attendre le 4 mars, et la réception du Genoa de son ex-futur remplaçant à l'OM Vitinha pour ouvrir son compteur de but en championnat.

Ce qui n'empêche pas Benjamin Pavard, son coéquipier en Italie, de se méfier de lui : "Le Chili est une équipe que je ne connais pas vraiment. Mais nous savons qu'ils ont des joueurs comme Alexis Sanchez et rien que pour cela ce sera une équipe difficile à affronter." Pourtant, en sélection aussi l'ancien Barcelonais s'essouffle. Depuis un an, l'attaquant est plongé dans une disette que le Karim Benzema de 2012 ne renierait pas : 8 matches et 577 minutes sans but.

Un faux problème pour son sélectionneur Ricardo Gareca : "Je dirais qu'Alexis est une figure de proue, a-t-il affirmé en conférence de presse. J'aimerais continuer à compter sur lui où qu'il soit." Alexis Sanchez n'a jamais eu besoin de marquer but sur but pour faire gagner son équipe, mais tout de même, quelque chose semble fissuré, voire brisé.

Face à l'Atlético Madrid, lors du rendez-vous le plus important de la saison de son équipe en huitièmes de finale de Ligue des champions, il a été le premier Interiste à manquer son tir au but. Ce qui lui a valu les moqueries d'Antoine Griezmann. "C’est une couille molle le Chilien, c’est une couille molle !", s'était esclaffé le Français déclenchant l'ire des supporters chiliens.

Ce mardi soir, Alexis Sanchez ne pourra pas prendre sa revanche sur un Antoine Griezmann blessé et absent. Mais il pourra renouer avec un public divisé entre la nostalgie de son passage réussi et la rancœur de son départ abrupt. A Marseille, le Chilien avait fait chavirer une ville avant de s'envoler après un grossier quiproquo sur sa prolonation. Un choix bien plus payant sur le relevé de compte que sur le terrain, et que subit aussi une sélection chilienne loin de ses grandes années.

Mais finalement, l'espoir perpétuel que suscite la fameuse grinta d'Alexis Sanchez n'est jamais mieux résumé que par le sélectionneur chilien Ricardo Gareca, malgré la disette : "Je pense qu'il est encore capable de faire une performance importante." Comme un symbole du mariage idéal qu'il avait noué à Marseille, c'est au club de la cité phocéenne que Gareca a pensé en premier au moment d'appuyer sa théorie : "Il l'a montré à l'Olympique de Marseille."