Le Brésil doute

Dunga commence à se poser la question : les Jeux ne sont peut être tout simplement pas fait pour eux. C'est le seul titre qui manque à leur prestigieux palmarès. A Pékin, ils avaient donc décidé de se donner les moyens pour mettre un terme à cette anomalie. Dunga sur le banc, Ronaldinho, Pato, le petit prodige du Milan AC, Anderson, la révélation mancunienne de la saison, ou encore les prometteurs Breno (Bayern Muncih) ou Lucas (Liverpool), sont venus en Chine pour assouvir la soif d'or du Brésil. Et finalement, les Auriverde repartent bredouilles et devront encore attendre au moins quatre ans pour rectifier le tir.

Histoire d'enfoncer encore un peu plus le clou, c'est l'Argentine, l'éternel ennemi, qui est venu mettre un terme aux espoirs de Ronnie et compagnie. Dans un match plus qu'inquiétant pour la Seleçao (3-0). Car si l'Albiceleste a régalé ses supporters tout au long du tournoi avec les accélérations de Lionel Messi, les coups de patte de Riquelme et la précision d'Aguero, la nouvelle génération brésilienne n'a pas été à la hauteur de sa réputation. Et surtout au niveau du jeu : "L'Argentine a fait le spectacle, et le Brésil en est réduit à sucer son pouce", a analysé le quotidien sportif Lance! dans son édition en ligne.

"Les Brésiliens n'ont pas réussi une seule fois à ressortir correctement le ballon, Ronaldinho a été constamment isolé et l'Argentine a été supérieure dans chaque partie du terrain. Ça fait longtemps que je n'avais pas vu un Brésil aussi petit et défensif ", ajoute Diego Maradona. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde même pour dire que le Jogo Bonito a laissé sa place à un jeu défensif plus stéréotypé : le Jogo Feio, "le jeu peu flamboyant" comme le définisse tous les observateurs brésiliens.

Le style voulu par Dunga mais qui agace les amoureux de la Seleçao. Et comme les résultats ne suivent pas : les médias brésiliens demandent déjà la tête de l'ancien glorieux capitaine de la Seleçao 1994 et 1998, qui était venu aux Jeux pour assurer le mieux possible la transition avec les A. Sans grande surprise car le mal semble plus profond que le simple problème d'un seul match. Malgré sa victoire en Copa America 2007 pour sa première compétition sur le banc auriverde, Dunga n'arrive pas à imposer sa patte dans l'esprit du grand public. Déjà en difficulté après des résultats médiocres en qualifications pour le Mondial 2010, il risque de partir de Pékin encore plus fragilisé.

Mais c'est aussi toute la stratégie de la fédération brésilienne qui est remise en question après ce nouvel échec. Au fond du trou à l'issue d'un Mondial 2006 raté, le Brésil a décidé de prendre un virage à 180° en plaçant Dunga à la tête de la Seleçao. Joueur nourri au lait du Calcio à Pise, la Fiorentina et Pescara, celui qui est surnommé l'Allemand par ses compatriotes avait retenu par les instances du football brésilien pour apporter un peu de rigueur à un groupe qui en manquait cruellement. Pour le moment, la sauce ne prend pas. Et les Jeux sont venus confirmer la tendance. En clair, Dunga est sur la sellette. Les deux matches qualificatifs pour le Mondial 2010 contre le Chili et la Bolivie arrivant vite, rien ne devrait bouger dans les prochaines semaines. Mais une défaite à Santiago pourrait très vite changer la donne...