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Avant le derby Real Madrid - Atlético de Madrid : Le Real d'Ancelotti, debout sur une montagne de paradoxes

Elias Baillif

Mis à jour 12/12/2021 à 20:56 GMT+1

LIGA - Le Real Madrid de Carlo Ancelotti est en tête de la Liga, malgré tous ses défauts. Singulière, cette équipe a la possibilité de distancer de dix points l'Atlético dimanche en cas de victoire dans le derby. Une marge qui ne serait pas superflue, tant le club merengue ne semble pas forcément à l'abri d'une baisse de régime dans les semaines à venir.

Carlo Ancelotti (Real Madrid)

Crédit: Getty Images

Dans la course à la Liga, le Real est en train de faire décrocher tout le monde. Il n'y a guère que Séville et son wagon de blessés qui suit tant bien que mal la cadence imposée par les Madrilènes. Grand favori à l'aube de la saison, l'Atlético pourrait compter treize points de retard (avec un match en moins, certes) sur son voisin en cas de défaite ce week-end dans le derby de la capitale. Surprenante cette domination des hommes d'Ancelotti ? Aussi surprenante que ce Real.

Le football, aux footballeurs

Il y a une façon très simple de reconnaître les équipes de Carlo Ancelotti : regarder le banc de touche et s'assurer que c'est effectivement l'Italien qui s'y trouve. Si ses équipes ne sont pas reconnaissables entre mille, c'est parce que Carletto consent volontiers à l'existence d'un flou artistique au cœur de celles-ci.
"Les trois [du milieu] jouent ensemble depuis longtemps. Les changements de position qu'ils font durant le match, la façon dont certains montent et d'autres redescendent, ils font ça comme ils veulent. Je ne vais pas m'ingérer là-dedans" reconnaissait-il la fin novembre. À la différence de certains collègues de renom, l'Italien n'est pas un maniaque du contrôle. Peu d'entraîneurs ont si bien compris l'adage selon lequel le football appartient avant tout aux joueurs. Même si parfois, la faute d'interventionnisme de l'Italien est handicapante.
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Griezmann, à l'image de cet Atlético : "Il est encore en transition avec l'équipe"

Où en serait le Real sans les exploits de Vinicius, la forme historique de Benzema, l'explosion de Militão et le niveau délirant de Thibaut Courtois ? Sûrement pas en tête de la Liga. À plusieurs reprises, l'équipe s'est imposée uniquement grâce à ses individualités, non sans laisser paraître ses lacunes collectives.
Ce Real est une équipe foncièrement inaboutie. Son plus gros défaut réside dans son incapacité à presser. Les lignes se distendent, se font sauter facilement, et fatalement, l'équipe recule passe après passe. Inter, Valence, Villarreal, Espanyol, Séville pour peu que l'équipe d'en face ait bien travaillé tactiquement, le Real se fera avoir sur les premiers mètres adverses. On a même senti certains entraîneurs de Liga prendre un malin plaisir à faire courir les Madrilènes dans le vide.

Bloc bas ? Bloc bas

Le Real recule donc. Et alors ? Depuis quelques matches, ce n'est plus tant un problème. La force de la charnière centrale permet à l'équipe d'être de plus en plus à l'aise en bloc bas. Quand il faut être dominant dans sa propre surface, Militão surnage. À quelques exceptions près, le central brésilien est impérial dans les duels et s'amuse toujours autant dans l'anticipation. Il a beau ne pas avoir d'enfants, il paterne les attaquants adverses avec un naturel déconcertant.
"Il est passé en Espagne d'être considéré comme un personnage des Simpson à s'être transformé en une copie de Wesley Snipes dans Blade" plaisantait le journaliste Sergio Gómez cette semaine dans AS. Aux côtés du nouveau défenseur à la mode, David Alaba s'est parfaitement intégré à la mécanique madrilène. Ne reste plus qu'à trouver une solution pour mieux profiter de ses qualités avec ballon.
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Eder Militao et David Alaba (Real Madrid)

Crédit: Eurosport

Plus le Real est en capacité de baisser son bloc sans souffrir, plus il a d'espaces pour exploser en contre-attaque. Et comme lors de la première année du míster transalpin en Castille, son onze de départ compte suffisamment d'arguments pour fabriquer des transitions offensives de qualité. Dans les grands espaces, Vinicius est difficilement arrêtable. Dans l'Europe des grands championnats, le Brésilien mène la danse au sein de toutes les catégories ayant à voir avec le nombre de courses effectuées et le nombre de mètres gagnés avec le ballon dans les pieds.
À quelques mètres de l'aile gauche, Karim Benzema démontre une année de plus qu'il n'a pas d'égal pour connecter les différentes lignes entre elles en contre-attaque. Le Français apparaît toujours là où l'action le demande. Une petite passe bien sentie pour faciliter la transition et Benzema se joint aux courses des ses coéquipiers remontant le terrain à toute vitesse. Pour la première fois depuis longtemps, le Real peut amorcer des contre-attaques avec la conviction qu'elles iront au bout. Ces dernières années, ce genre de séquences finissaient plus par désorganiser l'équipe qu'autre chose.
À l'heure d'attaquer des blocs bas, sans être pleinement rayonnants ni pleinement fiables, les pensionnaires du Bernabéu ont également retrouvé une certaine fluidité dans leur jeu. Par son goût du dribble, Vinicius est un système offensif à lui tout seul. Et en amont, Kroos et Modric rendent de plus en plus plausible l'hypothèse selon laquelle ils ont des gènes en commun avec Benjamin Button.

Savoir raison garder

Une première place de Liga, une première place de groupe en LDC, un football divertissant, plein de buts – ce qui a comme conséquence de faire exploser la consommation de chewing-gums de Carletto – l'homme fort du banc madrilène est pour l'instant en train de réussir son retour. Sous sa gouverne, le club s'est plongé dans une quiétude bienvenue. Comme en 2013."Ancelotti a ramené la paix sociale à un Real dans la boue à cause de l'absence de titres, de la lettre polémique de départ de Zidane ou du pétrin de la Superligue" notait le journaliste Mario Cortegana récemment dans Goal.
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Karim Benzema et Vinícius (Real Madrid)

Crédit: Getty Images

Alors dit comme ça, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais à y regarder de plus près, ce Real n'est pas exactement un Alpha. Pas plus tard qu'il y a dix 10 jours, c'était à se demander si la léthargie n'avait pas gagné cette équipe. Un mauvais match contre Séville, un autre contre l'Athletic et les promesses de septembre paraissaient déjà bien lointaines. À cet instant-là, Ancelotti avait été gentiment pointé du doigt pour ses démissions en cours de match. L'équipe avait tendance à se perdre dans l'indéfinition. À quoi voulait-elle jouer ? Pourquoi abandonnait-elle le contrôle des matches ? Pourquoi reculait-elle autant ?
"Le leader, toujours plus leader, est un livre ouvert : il tient grâce à Courtois, Kroos et Modric le poussent vers l'avant et Benzema et Vinicius font parler leur marteau. Sur le chemin, il joue bien, mal, moyennement, il s'illumine et s'éteint durant plusieurs phases d'un même match" lisait-on dans El País après une victoire chanceuse contre l'Athletic. L'équilibre sur lequel repose ce collectif est fragile ; ce Real est debout sur une montagne de paradoxes.
Los Blancos ont pour mauvaise habitude de mal finir les matches mais n'ont jamais perdu de points en fin de rencontre. Leur pressing est défaillant mais les centraux savent rattraper le coup dans les grands espaces. Casemiro vit un début de saison terrible mais tout autour de lui ses coéquipiers réparent ses gaffes. Les latéraux sont encore loin de leur meilleur niveau mais la créativité de Vinicius et Benzema compense à elle seule les matches timorés des occupants reculés des couloirs.
Et si pour l'instant la Maison Blanche vit des jours heureux, un petit passage à vide n'est pas à exclure à l'avenir. On le répète, ces Vikingos ne forment pas l'équipe du siècle. Il y aura forcément des matches où les individualités seront moins en forme, des matches où la réussite face aux cages viendra à manquer ainsi que des matches tout simplement mauvais. Dès lors, une victoire dans le derby donnerait au Real de quoi sacrément voir venir en cas de dépressurisation footballistique. Il a là l'occasion non pas de taper du poing sur la table – ça il l'a fait la semaine passée contre la Real Sociedad – mais de reventar la mesa. D'éclater la table comme on dit en Espagne.
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Carlo Ancelotti (Real Madrid)

Crédit: Getty Images

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