Le retour avorté de Messi, une catastrophe providentielle pour le Barça

Comme s'il était parti une deuxième fois. L'absence de retour de Lionel Messi au Barça, après une parenthèse désenchantée de deux ans au PSG, résonne comme un nouveau départ de l'idole du peuple catalan. La romantique hypothèse de leur réunification a été balayée mercredi par Messi, en personne, lorsqu'il a annoncé qu'il allait amener ses talents à South Beach, rejoignant l'Inter Miami et la MLS.

Sa volonté de revenir à Barcelone s'est heurtée à un processus qui risquait de durer tout l'été, a-t-il assuré auprès de Mundo Deportivo et Sport. "Je ne voulais pas laisser mon avenir entre les mains d'autres. Je voulais prendre ma propre décision en pensant à moi, à ma famille", a argumenté le septuple Ballon d'Or, faisant référence à son départ conflictuel. Pas vraiment le discours d'un homme ardemment courtisé et confiant sur l'issue des négociations.

Pourtant, Joan Laporta, président du club blaugrana, jurait encore en mai qu'il réaliserait "tout ce qui est possible" pour que Messi revienne. Mais Laporta pouvait-il raisonnablement dire autre chose aux socios énamourés ? Politiquement, ne pas se positionner sur ce dossier aurait été une hérésie, la fin du contrat de "la Pulga" approchant, son épanouissement à Paris semblant de moins en moins crédible : il fallait lui tendre la main. A minima de manière factice.

En ce sens, celui qui a repris le pouvoir en 2021 n'a pas commis d'impair. Alors que se lancer pour de bon dans les montages financiers nécessaires à la signature de Leo Messi aurait pu en constituer un. Outre la dimension pécuniaire, affaiblir l'effectif pour lui faire de la place eut été risqué, tant à 36 ans – il les aura à la fin du mois –, le meneur argentin ne peut plus polariser aussi brillamment le jeu d'une équipe qu'il ne l'a fait pendant plus d'une dizaine d'années.

Reste l'avis de Xavi, dont les appels du pied à son ancien coéquipier étaient peut-être plus sincères. D'après Sport, l'entraîneur de 43 ans avait déjà réfléchi au schéma tactique dans lequel le Messi de 2023 aurait pu se régaler au FC Barcelone. Ce qui impliquait une remise en question importante, après un exercice 2022-2023 décevant sur la scène européenne mais aussi marqué par la reconquête du trône en Espagne, pour la première saison de Robert Lewandowski.

L'avantage est donc qu'aucune grande manœuvre n'a été enclenchée, à une période où tout reste à faire en termes de mercato. Ce Barça encore loin de sa gloire d'antan, mais sur une pente ascendante, n'a pas réduit à néant ce que l'un de ses historiques maîtres à jouer a commencé à construire, depuis le banc cette fois. Sacrifier les jalons ainsi posés sur l'autel d'une réconciliation de façade – certes avec une légende absolue – aurait sans doute été une erreur monumentale.