Football, Liga : Avec Hansi Flick, le FC Barcelone renonce-t-il à son identité ?

Parfois, le vécu ne fait pas tout. En remerciant Xavi après quasiment trois ans de collaboration avec son ancienne star du milieu de terrain, les dirigeants du Barça ont dû s'y résigner à leur dépends. Les espoirs étaient pourtant grands, et légitimes, lorsque celui qui avait incarné sur le terrain ce tiki-taka devenu l'identité quasi-constituante du club catalan a été nommé, avec en sous-titre l'idée de redevenir ce phare du jeu de possession que fût le FC Barcelone.

C'est d'ailleurs même devenu peut-être la plus importante des prérogatives pour un coach des Culés. Le Barça doit gagner, certes, mais il doit gagner en le faisant bien, dans la lignée de la tradition rêvée par les supporters. Et cela a même été l'une des toutes premières pensées de son successeur, Hansi Flick : "C'est un grand honneur, et aussi un rêve pour moi de signer un contrat ici, s'est-il enthousiasmé après avoir signé son contrat. La philosophie que ce club a est similaire à la mienne, beaucoup de possession et du football offensif."

L'ancien entraîneur du Bayern Munich, et de la sélection allemande, a signé avec le FC Barcelone jusqu'en juin 2026 ce mercredi. Et de son côté, le communiqué du club catalan annonçant son arrivée était plus mesuré quant à son alignement sur les principes de jeu locaux : "L'entraîneur est connu pour son pressing haut et son style de jeu audacieux, qui lui a offert de grands succès en club et en sélection" peut-on lire sur leur site internet. Pas vraiment le tiki-taka et la possession à tout prix donc.

Et effectivement, les équipes coachées par Hansi Flick ne correspondent pas vraiment au cliché de l'inlassable passe à dix, de la réduction du risque via la confiscation du ballon. L'entraîneur allemand est plutôt un apôtre de la verticalité éclair. En 2019-2020, son Bayern tentait en moyenne 92,6 passes longues, contre 68,5 pour le Barça de Xavi cette saison. Un football très impressionnant, et souvent assez agréable à regarder et spectaculaire (Munich avait quasiment atteint les 100 buts en Bundesliga en 2019-2020), mais qui ne correspond pas au jeu à la barcelonaise.

A l'époque, la transformation physique de certains joueurs, comme Leon Goretzka, avait aussi attiré l'attention. Et pour cause : l'Allemand est l'un des entraîneurs qui fait le plus courir son équipe en Europe. Pour soutenir le pressing haut et les projections rapides qu'il demande à ses joueurs, Flick a besoin de onze monstres de cardio. Ici aussi, sa vision ne semble pas concorder avec le football romantique, parfois un peu fantasmé, entourant l'imaginaire du FC Barcelone.

Mais s'il y a bien une chose sur lesquelles les deux parties sont d'accord, ce sont les trophées : "J'ai gagné des titres avec le Bayern Munich et ma faim de titre est vraiment grande. J'aimerais continuer sur ce chemin avec Barcelone" a tout de suite affirmé Hansi Flick. A Munich, il était devenu le second entraîneur de l'histoire à réussir un sextuplé après… Pep Guardiola en 2009-2010 avec Barcelone.

Bundesliga, coupe d'Allemagne, Supercoupe d'Allemagne Ligue des champions, Supercoupe d'Europe, et Coupe du Monde des clubs : entre 2019 et 2020, Hansi Flick n'avait rien laissé à ses concurrents. Des résultats qui laissent Gaizka Mendieta rêveur : "Espérons qu'il sera capable de remporter des titres avec le Barça comme la saison dernière, a confié l'ancien joueur du FC Barcelone à Kicker. Parce que parfois, on a l'impression que le Barça n'a pas remporté de titre depuis une éternité."

Sous le vernis communicationnel, c'est certainement ici que se trouve la véritable raison de la venue de Hansi Flick. Plus maître sur la scène nationale, à nouveau éliminé en quart de finale de coupe d'Europe, le Barça semble accepter de faire une croix sur son idéalisme pour espérer redevenir une terreur européenne. En recrutant le coach qui leur avait infligé un cinglant 8-2 en demi-finale de Ligue des champions et son 4-2-3-1 à toute vitesse, Joan Laporta et les dirigeants blaugrana font un pari : combler la soif des soifs des supporters par les résultats, jusqu'à en faire oublier le reste.