Jude Bellingham : Pourquoi le Real voit du Zidane en lui

Jude Bellingham savait ce qui l'attendait. Être la recrue la plus chère du mercato du Real Madrid est déjà un sacré poids à porter. Devenir le deuxième plus gros transfert de l'histoire de la Maison Blanche (derrière Eden Hazard pour 115 millions d'euros) donne encore une autre dimension au phénomène. Et hériter du numéro 5 si brillamment porté par Zinedine Zidane par le passé finit de planter le décor. Le jeune milieu anglais de 20 ans, arrivé cet été du Borussia Dortmund pour 103 millions d'euros, aura tout intérêt à s'accommoder des responsabilités comme des comparaisons.

Il n'a rien fait pour éviter cela, bien au contraire. Ses performances abouties dès les matches amicaux de l'été suscitaient déjà l'enthousiasme à son égard. Il n'a été que renforcé par sa première sortie officielle le week-end dernier face à l'Athletic Bilbao (0-2). Inspiré dans ses choix de jeu, brillant pour les réaliser, élégant dans la gestuelle, la nouvelle star des Three Lions a poussé le mimétisme avec "Zizou" jusqu'à son but. Il ressemblait trop furieusement à l'un de ceux inscrits par le Français sous le maillot merengue pour ne pas enflammer les médias et les réseaux sociaux.

Et même plus loin, dans ses commentaires d'après-match, teintés de modestie. "J'ai eu de la chance, mais ça a marché", a déclaré l'Anglais au moment d'évoquer son but. De quoi renforcer encore les similitudes avec Zidane, décrites dans un article de Marca. "Il arbore fièrement le "5" de Zidane sur son dos avec le même culot, la même confiance et la même qualité que la star française, a écrit le quotidien madrilène. Les comparaisons sont odieuses, mais nombreux sont ceux qui considèrent déjà "Zizou" comme un miroir pour Jude. Et pas seulement à cause du numéro. Son jeu, son leadership, sa façon de se déplacer sur le terrain... ses buts. Et même dans sa "chance", il semble être lié à Zinedine."

Le foot génère facilement ce type de comparaisons précoces et l'Espagne n'est pas la dernière à surfer dessus. "Traditionnellement, les grandes recrues du Real provoquent l'exagération et c'est commun de les comparer aux légendes du passé, résume Jorge Ordas, journaliste pour la rédaction espagnole d'Eurosport. Zidane est sans doute le plus grand à avoir porté le numéro 5 du Real et c'est là que la similitude commence, mais Bellingham aura besoin de beaucoup de matches, beaucoup de saisons et beaucoup de titres pour laisser une marque comparable à celle du Français."

Bellingham n'est qu'au début d'un long chemin qu'il doit lui-même tracer. L'entame n'en est pas moins pleine de promesses. Débarquer au Real à 20 ans et répondre aux attentes les plus élevées est un défi immense qui a de quoi rendre nerveux. Bellingham montre déjà une certaine faculté à gérer ses émotions par rapport à sa situation. "Malgré sa jeunesse, il ne semble pas ressentir l'énorme poids d'un maillot comme celui du Real, souligne Jorge Ordas. Et il montre beaucoup de personnalité depuis le début."

C'était préférable. Car le contexte a rendu son rôle dans le jeu collectif du Real encore plus crucial. Si Carlo Ancelotti a fait évoluer son système vers un 4-4-2 en losange, c'est davantage par contrainte que par volonté de donner les clés du camion au jeune Anglais. "Le Real est obligé de changer, quelle que soit l'importance de Bellingham dans le système, explique Jorge Ordas. La perte de Benzema et l'absence d'un avant-centre de référence va forcer Vinicius et Rodrygo à jouer plus proche de la surface, et les milieux comme Bellingham à avoir plus de responsabilités dans la création. C'est là qu'il sera important."

La créativité, c'est justement le domaine dans lequel était attendu Zidane à son époque. Mais ce n'est pas la seule caractéristique que Bellingham doit partager avec le Français. Au-delà d'un travail indispensable pour le collectif madrilène dans le pressing et la récupération, Bellingham aura aussi, peut-être même surtout, un rôle crucial à jouer dans la finition. Le départ de Benzema laisse le Real sans véritable buteur. Par son profil, mais aussi son positionnement dans le système d'Ancelotti, Bellingham sera l'un des hommes attendus pour le combler.

Sauf si un attaquant de classe mondiale devait débarquer au Real avant la fin du mercato. Le feuilleton Kylian Mbappé est évidemment scruté en Espagne mais, en l'état, l'attaquant français semble plutôt parti pour rester au PSG cette saison. Beaucoup de choses vont reposer sur Bellingham dans cette configuration. Ancelotti le sait. Et il ne s'en inquiète pas. "C'est un joueur hors du commun, disait l'entraîneur madrilène après la victoire à Bilbao. Il a une grande personnalité. C'est comme s'il était avec nous depuis longtemps, c'est un joueur d'un très haut niveau". Et Bellingham a tout le temps devant lui pour tenter de marquer le Real de son empreinte. Quelles que soient les comparaisons, il est surtout venu pour ça.