LIGA - Deuxième derrière le Real Madrid après 11 journées, Gérone surprend son monde en Espagne

En Liga, les saisons se suivent et se ressemblent : très tôt dans la saison, trois équipes bien connues se détachent en tête du classement, et se livrent une bataille à laquelle assistent à bonne distance les autres formations engagées dans l'exercice. Et si Gérone n'existait pas, ce début de saison 2023-2024 correspondrait parfaitement à l'adage.

Sauf que voilà, à l'entrée du mois de novembre, le Girona FC est co-leader de la Liga avec le Real Madrid avec 28 points, devant l'Atlético de Madrid et le FC Barcelone. Impressionnant, d'autant plus que jamais un club espagnol n'avait atteint ce niveau de points en 11 matches, hormis les trois géants. Étourdissant, même, étant donné que les Catalans ont rejoint l'élite seulement la saison dernière, après trois saisons en Liga Adelante.

Félix Martin, journaliste pour la rédaction espagnole d'Eurosport, ne s'embarrasse pas : "Personne ne les attendait à ce niveau-là." Dixièmes du championnat la saison passée, les Blanquivermells ("Blanc et rouge") ont démarré l'exercice tambour battant, avec un onze pourtant largement revisité. Mais c'est bien le recrutement conséquent et intelligemment mené des Catalans qui a permis leur départ en trombe.

"Gérone a réussi à rassembler une équipe avec une relation intéressante entre de jeunes joueurs impétueux, comme Savinho ou Pablo Torre, et des joueurs plus expérimentés comme Daley Blind ou David Lopez", détaille Félix Martin. Les trois premiers cités sont arrivés cet été, pour très exactement zéro euro : les deux jeunes sont prêtés, Blind était libre.

Sous l'égide de Michel - qui n'a rien à voir avec l'ancien entraîneur de l'OM -, les Catalans pratiquent un jeu de possession très ambitieux, attrayant (56,8% de moyenne par match jusqu'ici, 4e total de la Liga), qui les place après 11 matches en tête du classement des attaques de Liga avec 25 buts marqués. "Tactiquement, l'équipe se caractérise par une bonne utilisation du ballon, avec beaucoup d'espaces pour les joueurs de côté. C'est l'équipe du championnat qui effectue le plus de centres par match", pose Martin ; une aubaine pour Artem Dovbyk, l'avant-centre ukrainien arrivé lui aussi cet été contre moins de huit millions d'euros, qui fait son trou à la pointe de l'attaque (cinq buts marqués).

Il ne faut pas creuser bien longtemps pour comprendre que Gérone a tout de même quelques ressources supplémentaires par rapport aux autres clubs de Liga. D'abord, son président n'est ni plus ni moins que Pere Guardiola, frère d'un certain Pep. Le Girona FC appartient au City Group, cette galaxie de clubs liés au géant anglais, Manchester City. Cette envie de "se montrer protagoniste de la rencontre", comme la nomme Félix Martin selon une formule du coach Michel, mais également les nombreuses bonnes pioches à peu de frais du Girona FC bénéficient ainsi de l'influence du frère citizen - ou du suzerain, c'est selon.

Savinho, révélation de la Liga, est arrivé en prêt de Troyes, autre club du City Group ; Yangel Herrera arrive de Manchester City ; Pablo Torre est prêté par le Barça, avec lequel on peut imaginer que les relations sont au beau fixe au regard de l'identité du président. La filiation ne fait pas tout, encore fallait-il que la mayonnaise prenne : elle explique en partie néanmoins, l'étonnante forme et la philosophie du nouveau venu en haut des tablettes de la Liga.

Gérone a aussi su profiter d'un calendrier clément, et va devoir désormais négocier plusieurs rencontres délicates (FC Barcelone, Valence, Athletic Bilbao, Rayo Vallecano) lors des prochaines journées. Qu'à cela ne tienne ; le Girona FC a déjà conquis l'Espagne.