Liga | Xavi reste sur le banc du FC Barcelone : le sens de l'histoire

C'était il y a seulement trois mois. Le 27 janvier, Xavi annonçait son départ du Barça cet été, à un an de la fin de son contrat, en réaction à une lourde défaite à domicile contre Villarreal (3-5). Depuis, il n'a cessé de confirmer cette décision avec fermeté, malgré les victoires qui se sont enchaînées et une série d'invincibilité de 13 matches seulement brisée par l'élimination en Ligue des champions contre le PSG.

Et c'est précisément quand tout s'est envolé, la C1 comme la Liga dimanche dernier, que l'entraîneur du Barça a changé d'avis. Jeudi, l'ex-milieu de terrain du club et son président Joan Laporta l'ont officialisé dans une conférence de presse de plus d'une heure : l'aventure commune va finalement continuer. Était-ce donc un simple coup de pression ? Une tentative d'électrochoc ? Une réelle envie ? Mais surtout : qu'est-ce qui a fait basculer la réflexion de Xavi ?

"En janvier, je pensais qu'il valait mieux partir, mais maintenant je pense que la bonne décision est de rester (...) Je pense que le projet n'est pas terminé et peut être gagnant, a justifié le technicien devant les journalistes. C'est un ensemble de raisons qui me fait continuer, notamment la confiance du président, de Deco (directeur sportif, ndlr) et des joueurs. Ce n'est pas une question d'argent ou d'ego. J'ai senti la confiance de tout le monde". Y compris des supporters, dont il a également loué le soutien.

Personne ne tombera dans le panneau d'une grande histoire d'amour entre Deco et Xavi, dont les désaccords ont régulièrement été relayés par la presse espagnole. Mais on croit volontiers l'entraîneur de 44 ans quand il explique avoir la confiance de son vestiaire. "Aujourd'hui, on a vécu l'un des entraînements les plus intenses de la saison", a-t-il d'ailleurs confié.

On imagine aisément que Xavi a, en particulier, l'approbation et le soutien des Lamine Yamal (16 ans), Pau Cubarsi (17 ans) et autres Fermin Lopez (20 ans) qu'il a lancés dans le grand bain depuis sa prise de fonction en novembre 2021. Des Gavi (19 ans) et Pedri (21 ans) qu'il a continué de façonner. Sa parfaite connaissance de la maison et de "l'esprit culé" est idéale pour faire grandir une génération - et même plusieurs - de jeunes cracks qui sont la plus grande force du club et son projet.

Plus que jamais, le Barça vit sur la Masia. Parce qu'il est rare de voir autant de talents éclore à un tel niveau en aussi peu de temps. Et surtout parce que le club catalan est toujours limité sur le marché des transferts, même s'il voit le bout du tunnel. "La Liga nous a félicités pour les efforts que nous déployons pour réduire la masse salariale", a assuré Laporta, alors que son club n'a actuellement pas le droit de dépenser plus de 50% de ses recettes. "En cette fin de saison, nous travaillons pour essayer d'atteindre la règle du 1:1". Celle qui permet d’enregistrer autant de dépenses que de recettes.

Reste qu'à l'heure actuelle, le Barça est "encore dans un processus de reprise économique". Les fondations restent fragiles, la situation globale incertaine. Inutile d'y rajouter le poids d'un nouveau changement de coach, avec les indemnités ou primes qui peuvent y être associées. D'ailleurs, hormis Hansi Flick et un Rafael Marquez loin de faire l'unanimité, combien de pistes de repli avait véritablement le Barça ? Aucune, vous assurera Laporta.

Ceux qui ne l’auront pas compris durant la conférence de presse l’auront fait exprès : les Blaugrana veulent s'inscrire dans une logique de "stabilité", "essentielle pour réussir". En poste depuis bientôt deux saisons et demie, Xavi va égaler la longévité d'Ernesto Valverde. Il devrait dépasser les trois ans de mandat de Luis Enrique, pourquoi pas atteindre les quatre ans de Pep Guardiola, voire les cinq de Frank Rijkaard. Ce qui nous ramène à des époques bénies de l'histoire blaugrana.

Pour le moment, le Barça version Xavi a dû se contenter d'une Liga et d'une Supercoupe d'Espagne en 2023. Avant une saison blanche cette année. Mais "J'ai la sensation que l'équipe s'est beaucoup améliorée", a avancé le technicien comme argument supplémentaire. Une progression non validée dans les résultats, pourtant bien réelle. Suffisante, en tout cas, pour que tout ce petit monde se laisse une chance de retrouver, ensemble, les sommets. Cela ressemble fortement au choix de la raison. En tout cas à celui de "l'intérêt du club", omniprésent dans le discours de Xavi.